Dans l’important chantier lancé par le gouvernement pour soutenir les organisations, le Programme pour la transformation numérique des entreprises collectives joue un rôle crucial. Il le fait en offrant de la formation, de l’information, de l’accompagnement et de l’aide financière à certains réseaux pour le déploiement de projets structurants.
«Ce sont les spécificités des entreprises d’économie sociale qui ont motivé notre demande de créer un programme distinct pour elles, note la directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), Marie-Josée Paquette. Leur environnement entrepreneurial, par exemple, diffère de celui du privé. La gouvernance y est démocratique et la notion d’usage des biens et des services aux membres ou à la communauté la définit.»
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La satisfaction des besoins d’une clientèle d’usagers et la vie associative qui caractérisent les entreprises collectives ont aussi motivé le CQCM et le Chantier de l’économie sociale à réclamer auprès du gouvernement un programme plus adapté à ces organisations. L’une des valeurs ajoutées réside dans la possibilité de pouvoir mettre à profit le savoir-faire de l’écosystème en accompagnement de ces entreprises afin de leur offrir un meilleur service.
«Plusieurs entreprises d’économie sociale, à l’instar d’autres PME, s’appliquent à effectuer un virage numérique pour répondre plus efficacement aux besoins de leur communauté et de leur clientèle. L’existence de ressources dédiées à ces entreprises assure justement que les moyens déployés en vue d’améliorer leur mission et leur rendement soient soutenus et renforcés», atteste la directrice générale du Chantier de l’économie sociale, Béatrice Alain.
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Un soutien en trois volets
Le premier volet du nouveau Programme pour la transformation numérique des entreprises collectives touche l’information et la formation. Des webinaires ont notamment été produits pour renseigner les coopératives et les OBNL: qu’est-ce que la transformation numérique, quand s’en préoccuper, pour quelles activités, si on doit les intégrer à la pièce ou dans une planification. Ce volet est sous la coordination du Chantier de l’économie sociale en collaboration avec des partenaires prioritaires en services auprès des entreprises collectives au Québec, dont particulièrement la Coopérative de développement régional du Québec et le Consortium de ressources et d’expertises coopératives.
«Le deuxième volet, soit l’accompagnement à la planification stratégique en transformation numérique, permet aux entreprises de faire un autoexamen en ligne et elles sont également accompagnées pour leur stratégique dans le virage numérique, poursuit Mme Paquette. Des outils adaptés sont disponibles et jusqu’à présent, 143 entreprises en économie sociale ont contacté les partenaires pour discuter de leur projet de transformation numérique et valider leur admissibilité, preuve de l’intérêt pour le programme.»
L’appui financier octroyé à des réseaux d’entreprises pour des projets structurants constitue le troisième volet du programme. À ce jour, c’est celui qui s’est avéré le plus populaire avec plus d’une dizaine de projets en transformation numérique supportés. L’aide versée s’étend de 30000$ à 250000$. Les initiatives choisies pouvaient porter sur la cybersécurité, la mise en place d’un progiciel de gestion intégré ou la transformation du modèle d’affaires.
Bonification de l’enveloppe
«On est en train de travailler avec le gouvernement du Québec pour vérifier s’il y aurait une possibilité de bonifier le programme, termine la directrice générale du CQCM. Dans le volet 3, on a engagé tous les fonds alloués et on aurait pu accepter d’autres projets structurants intéressants. Il y a de réels besoins sur le terrain. Notre objectif ultime serait donc de renflouer les coffres de la mesure, car elle engendre de l’efficacité d’impact et crée un véritable effet de levier!»
UN APPUI QUI SERT DE TREMPLIN
Depuis le lancement du Programme, une multitude d’entreprises ont bénéficié de l’un ou l’autre de ses trois volets et les exemples de réussite sont nombreux. Le souhait du CQCM : que l’appui apporté serve de tremplin aux coopératives et aux OBNL afin qu’ils progressent et qu’ils puissent accéder plus facilement à d’autres formes d’aide.
Le cas des Librairies indépendantes du Québec
En démarche de planification stratégique avant la pandémie, Les Librairies indépendantes du Québec ont dû réorienter le processus après le début de la crise sanitaire. La coop, qui offrait notamment des services de transactions Web pour effectuer des achats numériques, encaissait alors une demande en forte croissance. Avec une hausse du chiffre d’affaires de ses membres qui dépassait les 1000% au plus fort de la crise, il devenait crucial de s’adapter à la nouvelle réalité.
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«Il fallait faire en sorte que leurs sites transactionnels soient capables d’absorber cette forte demande, communique Martin Noël, conseiller principal à la Coopérative de développement régional du Québec, Équipe numérique. Par ailleurs, comme le modèle de développement technologique de la coopérative avait été jusqu’à ce moment-là d’utiliser des fournisseurs externes pour développer et maintenir la plateforme, le but était d’en récupérer le contrôle.»
Toujours dans le cadre du nouveau programme de transformation numérique, Les Libraires indépendantes du Québec sont aujourd’hui engagées dans un exercice visant à connecter le site web transactionnel avec les systèmes logistiques de la coop et de ses membres. Le directeur général, Jean-Benoît Dumais, rapporte que «l’accompagnement offert a permis de structurer la coop afin de réaliser sa mission commerciale en lui donnant accès à une technologie de pointe».
… et celui de Culture Saguenay – Lac-Saint-Jean
Épaulé par le Consortium de ressources et d’expertises coopératives, l’organisme Culture Saguenay – Lac-Saint-Jean s’est pour sa part prêté à un exercice lié au diagnostic de ses pratiques de travail et des outils informatiques utilisés, exercice qui comprenait un plan de transformation numérique. À l’issu de celui-ci, des recommandations ont été émises au sujet de la gestion numérique responsable et à propos des meilleures pratiques en cybersécurité.
«Nous sommes partis de leurs besoins et avons établi en quoi le programme pouvait venir y répondre par l’entremise d’un diagnostic numérique de l’organisme et la réalisation d’une planification
stratégique de leur transformation numérique, commente la directrice de la gestion des projets du Consortium de ressources et d’expertises coopératives, Gabrielle Bourgault-Brunelle. L’objectif principal de Culture Saguenay – Lac-Saint-Jean était d’être accompagné dans l’organisation de leur transformation numérique en amont de sa mise en œuvre afin de mettre en place différents protocoles et pratiques avec un fort potentiel de réussite.»
«Nous avions besoin d’un regard extérieur pour analyser et nous proposer des stratégies en vue d’améliorer notre niveau de cybersécurité et ancrer des habitudes numériques plus respectueuses de l’environnement, accrédite Caroline Marcel, agente de développement numérique pour l’OBNL. Cette démarche très enrichissante, encore en cours, nous permet de prioriser les actions à prendre pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.»
Le Programme pour la transformation numérique des entreprises collectives a été rendu possible grâce au soutien du ministère de l’Économie et de l’Innovation, par l’entremise de l’Offensive de transformation numérique (OTN) du gouvernement du Québec.
Entrevues et rédaction: Johanne Martin