Allergies au pollen: saison plus longue, symptômes plus sévères

Les changements climatiques font en sorte que la saison des allergies s’allonge au Québec et que la sévérité des symptômes augmente. Vous n’êtes pas allergique au pollen? Attention: cela pourrait changer.


Selon les dernières données québécoises datant de 2014-2015, environ un Québécois sur cinq est affecté par des allergies saisonnières au pollen, qu’on appelle aussi rhume des foins. Il n’existe pas encore de portrait plus récent, mais les spécialistes pensent que cette proportion a déjà augmenté.

«Ce n’est pas encore quantifié, mais on s’attend à ce que davantage de personnes soient affectées par des allergies saisonnières au pollen. On s’attend aussi à ce que les symptômes soient plus sévères», affirme Marie-Jo Ouimet, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Attendez-vous donc à ce que vos symptômes allergiques (éternuements, rougeur des yeux, congestion nasale, aggravation de l’asthme, etc.) soient plus nombreux, plus intenses ou se manifestent sur une plus longue période.

Les changements climatiques en cause

Les changements climatiques sont les principaux responsables des bouleversements en cours. La hausse des températures fait d’abord en sorte que le printemps débute généralement plus tôt et que l’automne commence plus tard. Cela a pour effet d’allonger la saison des allergies au pollen, qui se divise habituellement en trois périodes: mars à juin (pollen des arbres et des arbustes), mai à octobre (pollen des graminées comme le gazon ou le foin) et juillet à octobre (pollen de l’herbe à poux).

En Amérique du Nord, la saison du pollen d’herbe à poux s’est par exemple allongée de 27 jours entre 1995 et 2009, selon une étude réalisée en 2013.

Un rapport publié en février dernier par Santé Canada nous apprend également que «la hausse des concentrations atmosphériques de CO2 peut agir sur les processus de reproduction des plantes, ce qui augmentera la production de pollen», et donc la concentration de pollen dans l’air. Le même document indique que la hausse des températures et des émissions de CO2 peut augmenter l’«allergénicité», c’est-à-dire la capacité du pollen à déclencher une réaction allergique.

Les changements climatiques entraînent aussi la migration de certaines espèces allergènes dans des régions où on ne les trouvait pas auparavant. «Les habitants des régions dans lesquelles le pollen de ces espèces-là n’était pas présent vont se retrouver soudainement exposés à de nouveaux allergènes», explique Magalie Canuel, conseillère scientifique à l’INSPQ.

Autrement dit, vous pourriez commencer à ressentir des symptômes pour la première fois de votre vie si le pollen auquel vous êtes allergique fait son apparition dans votre région, ou s’y retrouve soudainement en concentration plus importante.

C’est par exemple ce qui s’est produit avec l’herbe à poux, qui se faisait rare en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent en 2001. Aujourd’hui, de plus en plus de symptômes d’allergie à l’herbe à poux y sont rapportés, d’après Mme Canuel.

Un autre facteur susceptible d’augmenter les concentrations de pollen dans l’air n’a cependant rien à voir avec le réchauffement de la planète: les municipalités préfèrent planter des arbres mâles, qui produisent du pollen, pour éviter d’avoir à ramasser les fruits ou les graines que produisent les arbres femelles.

Mme Ouimet précise qu’il ne faut pas arrêter de planter des arbres, bien au contraire. Elle conseille plutôt aux villes de mieux choisir les arbres qu’elles plantent.

Avertissement de pollen

Un projet de recherche mené depuis 2020 par une équipe du professeur Alain Paquette de l’UQAM pourrait éventuellement faciliter la vie des Québécois qui souffrent d’allergies au pollen. Les chercheurs ont installé 25 capteurs de pollen à Montréal l’an dernier et en disperseront une cinquantaine de plus cet été à Québec, Sherbrooke et Chicoutimi.

«Notre but est de savoir quels types de pollen se trouvent à quels endroits et dans quelles concentrations, à l’échelle des quartiers», résume l’étudiante au doctorat en biologie Sarah Tardif.

Elle souhaite que ces travaux permettent de mettre au point dans cinq ou six ans une application qui aiderait les citoyens à planifier leurs activités en sachant précisément où les concentrations de pollen sont les plus fortes. Un tel outil de «prévisions pollen» existe déjà sur le site de MétéoMédia, mais il s’appuie sur un seul capteur pour toute la région de Montréal.

Les responsables du projet cherchent par ailleurs des volontaires qui habitent, travaillent ou étudient sur l’île de Montréal pour remplir un questionnaire au moins deux fois par semaine au sujet de leurs symptômes d’allergie. Vous pouvez manifester votre intérêt en visitant la page web du projet.

Quelques conseils pour réduire votre exposition au pollen

• Changez de vêtements et lavez-vous dès votre arrivée à la maison

• Portez des lunettes de soleil à l’extérieur

• Évitez de faire sécher vos vêtements à l’extérieur

• Portez un masque (les masques chirurgicaux font l’affaire)

• Gardez les fenêtres de votre résidence fermées, si possible

Sources: Gouvernement du Québec, Magalie Canuel (INSPQ)

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