«On sera certainement au front pour dire au gouvernement notamment sur les changements climatiques, on doit aller plus vite», a exprimé vendredi le maire de Québec.
L'enjeu a une fois de plus occupé une bonne partie des discussions, lors de la dernière journée des Assises de l'Union des municipalités du Québec. Un grand forum sur la question du climat se tenait d'ailleurs vendredi. Des experts et des élus municipaux y prenaient part.
«Urgence»
Inondations, canicules, état des infrastructures, les villes se disent aux «premières loges» pour témoigner des impacts des changements climatiques. Et en subir les contrecoups.
Elles veulent s'unir pour faire face à cette réalité, mais les attentes sont surtout grandes envers le gouvernement du Québec. Pour plusieurs maires et mairesses, «il y a urgence» d'agir.
Urgence avant tout de «saisir l'urgence», presse le maire de Québec. Non pas dans le discours du gouvernement, mais dans sa capacité «de poser des gestes concrets, vigoureux, de donner des moyens aux municipalités», a plaidé Bruno Marchand, devant les médias.
La réponse aux changements climatiques se fera en changeant «nos façons de vivre», cite-t-il de scientifiques. Pour ce faire, les villes ont le mandat de «s'adapter».
Lutte coûteuse
Cette adaptation coûte cher, si l'on se fie aux résultats préliminaires d'une étude sur les impacts, jusqu'en 2080, des changements climatiques sur les finances municipales, laquelle révèle qu'ils constitueront une «pression significative» financière. Le «choc» des événements climatiques se traduit par une augmentation moyenne de 30% des dépenses en sécurité pour les villes, résume Charles-Antoine Gosselin, économiste en changements climatiques.
Avec les changements climatiques et l'occupation de plus en plus répandue du territoire, 75% de la population québécoise vivra bientôt dans une municipalité susceptible d'être exposée à une zone de risque, comme les inondations ou les mouvements de sols. «Une simple exposition à une zone de risque va modifier structurellement les finances des municipalités», anticipe l'expert.
«Il y a des coûts à ça. On a besoin d'une alliance avec le gouvernement du Québec, ça va être nécessaire», réclame donc le maire Marchand, comme beaucoup de ses semblables.
Jusqu'ici, ce front commun que mènent des villes en ce sens, demandant au gouvernement plus d'argent pour les aider à se financer en dehors de l'impôt foncier, n'a pas suffi à faire bouger le premier ministre. Ce dernier a fermé la porte à leur demande d'une plus grande autonomie financière pour s'affranchir de leur dépendance à la taxe foncière qui les force à s'étaler hors du périmètre urbain.
De passage vendredi pour une allocution devant un parterre d'élus municipaux attentifs, la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation, Andrée Laforest, n'avait guère plus à annoncer que son chef, la veille. Sa Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire demeure attendue de pied ferme.
«De nombreux citoyens [...] trouvent que les élus ne prennent pas la hauteur de l'importance de l'urgence. Prendre l'importance de l'urgence, c'est dire comme gouvernement du Québec ce qu'on va faire, à quelle hauteur on va agir et comment on va le faire avec les municipalités», observe le maire Marchand.
Autrement, la destinée est connue, dit-il. «La solution actuelle nous amène dans le mur.»