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«Là où le fleuve se rétrécit». Si la ville de Québec porte ce nom, c’est en raison du mot algonquin Kébec qui a cette signification. Et si elle se trouve à cet emplacement, c’est bien à cause de l’exiguïté du fleuve. Le Saint-Laurent est depuis toujours au cœur de la raison d’être des villes de Québec et de Lévis qui se font face.

Places de commerce dès les débuts de la présence humaine dans la vallée du Saint-Laurent, les deux cités ont bénéficié du lieu de passage étroit à travers le fleuve. En canot d’écorce l’été, en canot à glace l’hiver, les voyages interrives ont fait la prospérité de la région. Sans oublier le pont de glace qui se formait durant quelques mois certains hivers. (Le dernier pont de glace prit forme en 1898, l’intensification de la navigation d’hiver rendant le phénomène impossible par la suite.)

Quand Lévis croissait plus vite

Les choses changent au XIX^e siècle. Dès 1818, un premier traversier à vapeur relie les deux rives. Mais, c’est surtout l’avènement du chemin de fer qui va propulser les deux villes dans une nouvelle ère commerciale et de prospérité.

Si la première ligne de chemin de fer au Canada qui joignait La Prairie à Saint-Jean-sur-Richelieu date de 1831, le train arrive en 1854 à l’anse Tibbits à Lévis. Le Grand Tronc relie alors Lévis avec Montréal, Toronto et le nord des États-Unis. Un traversier-rail mû par la vapeur connecte dès ce moment-là les deux rives du fleuve.

«Tu surgis, et Québec ta rivale a pâli!», l’auteur et poète lévisien Louis Fréchette parlait ainsi de l’arrivée du train dans sa ville en 1864. En effet, entre 1861 et 1881, la ville de Lévis connaissait une croissance de 82% alors que celle de Québec ne progressait que de 6% durant la même période

Un secteur très commercial

La deuxième moitié du XIX^e siècle fut l’âge d’or du secteur de la Traverse à Lévis. L’effervescence commerciale et industrielle ne cessait jamais. L’immigration amenait également un grand nombre de personnes dans la zone. Environ 30000 individus arrivaient par bateau chaque année à Lévis pour prendre le train et gagner d’autres régions d’Amérique du Nord.

Les lignes de chemin de fer qui passaient par Lévis favorisaient aussi le transfert du commerce du bois et des chantiers maritimes de Québec vers la rive sud. On la voit alors comme une des villes «de première importance» au pays et, selon L’Écho de Lévis, du 15 avril 1871 : «Ce ne sont pas là des rêves d’utopiste, ni des espérances chimériques: ce sont des prétentions légitimes que Lévis a droit de faire valoir, c’est la position naturelle qu’il doit occuper dans la Confédération, et qu’on peut prévoir qu’il occupera, sans être prophète, ni même profondément inspiré».

Le besoin d’un nouveau lien

Mais, ces déclarations sont un peu le chant du cygne de la région. Dès 1879, l’arrivée du train de Montréal directement à Québec par la rive nord du Saint-Laurent est un premier coup dans la domination lévisienne. Le développement du port de Québec à la fin des années 1880 avec entre autres l’aménagement du Bassin Louise entre 1877 et 1882 sera un deuxième élément fort dans le déclin de Lévis.

Le facteur déterminant dans ces relations d’amour/haine entre les deux villes sera assurément la construction du pont de Québec. Même si le projet a pris plus de dix ans, malgré les deux terribles accidents, ce pont d’abord ferroviaire, permit à Québec de retrouver son essor et de profiter pleinement des bienfaits d’une desserte de qualité.

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