La mémoire architecturale de Marcel Jean

Marcel Jean à la Galerie des arts visuels

Lorsqu’il parle de peinture, Marcel Jean est intarissable. Chaque œuvre est une combinaison de hasards, de gestes décisifs et de chocs chromatiques qui témoignent d’une expérience particulière du monde. «On est toujours au bord de l’événement, dans le devenir des choses», dit-il joliment.


Celui qui a guidé plusieurs générations d’étudiants expose à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval dans le cadre de la programmation spéciale entourant le 50e anniversaire de l’École d’art, dont il est l’un des fondateurs.

Une rétrospective? Que nenni. L’infatigable artiste présente presque exclusivement des toiles, des impressions sur papier et des sculptures réalisées dans la dernière année.

Marcel Jean, suite <em>Habité</em>, 2022, acrylique sur toile et, au sol, <em>La rose</em>, 2021, ciment, pierre

En parcourant l’exposition, on a l’impression que les tableaux aux lignes qui pointent et aux couleurs douces, d’une luminosité saisissante, nous tirent vers le haut. Alors que les sculptures, faites de pierres et de ciment, nous ancrent au sol. Les deux espèces conversent.

«Les sculptures pour moi, c’est toujours en mouvement. Dans l’atelier, c’est un peu différent de la peinture. Ça peut s’arrêter pendant un bout de temps, puis, un moment donné, il y a des choses qui apparaissent.»

Pour Marcel Jean, sculpture et peinture vont de paire.

Le soir venu, la seule sculpture qui ne porte pas un nom de couleur, est aussi la seule à se dresser en solitaire, presque au centre de la pièce. «Elle est orientée vers le nord, vers l’extérieur», s’amuse Marcel Jean, que les détails enchantent.

Surtout s’ils génèrent des réactions inattendues. Comme dans l’une des œuvres de sa suite Habité, où un défaut dans le haut de la toile a été à l’origine de toute la structure. «J’aime cette idée de partir d’un élément très concret, puis que s’enclenche une série de gestes, un processus», note-t-il.

Dans cette série, les éléments graphiques évoquent en quelques lignes des constructions, des toits. «Une sorte de mémoire architecturale», formule Marcel Jean, qui a débuté sa carrière d’enseignant à l’École d’architecture.

Marcel Jean, suite <em>Les Muses</em>, 2011-2012, acrylique sur toile

Occupant un mur entier, la suite Les Muses, datant d’une dizaine d’années, met de l’avant des figures chères au cœur de l’artiste de Sillery : les Trois Grâces, déesses de la beauté, du charme et de la créativité.

Seulement, on les devine. Elles ne sont que hanches, couleurs fortes et lignes larges. De ces traits qui se tracent d’un seul geste, vertigineux, qui ne pardonne pas. 

Marcel Jean, suite <em>Les autres</em>, 2021, impression sur papier et, à l’arrière-plan, suite <em>Habité</em>, 2022, acrylique sur toile

L’exposition un jour la nuit.… est présentée au 295, boulevard Charest Est, jusqu’au 22 mai. Info : www.art.ulaval.ca/galerie

Vue de l’exposition un jour la nuit... de Marcel Jean à la Galerie des arts visuels