Un montant de 100 M$ est également investi par l’entreprise dans ce projet, s’élevant à 140 M$. Une bonification de 6 M$, de la part du ministère des Finances du Québec, pourrait être ajoutée au soutien financier.
Les travaux vont s’échelonner jusqu’en 2024. La firme d’ingénierie Fives a été mandatée pour la construction des installations, dont un atelier de broyage et un circuit de réception, d'entreposage et de manutention des matières premières.
La cimenterie, établie depuis 70 ans à Saint-Basile, dans la région de Portneuf, produit «les ciments ayant la plus faible intensité carbone en Amérique du Nord», souligne fièrement Luc Papillon, président-directeur général de Ciment Québec, lors de la conférence dans le Centre Ernest-J. Papillon, nommé ainsi en l’honneur de son arrière-grand-père.
Le député de Portneuf, Vincent Caron, et le maire de Saint-Basile, Guillaume Vézina, ont déclaré être «rassurés», par le développement continu de la cimenterie.
«On est très content du côté environnemental, mais je ne ferai pas de cachette, à Saint-Basile, nous sommes encore plus contents du côté économique et social. Les gens parfois ne comprennent pas qu’une compagnie comme Ciment Québec, nous n’en avons pas 50, nous en avons une seule chez nous», a fait valoir le maire, dont la mère a déjà travaillé pour l’entreprise.
Le groupe cimentier compte plus de 700 employés actifs.
Du ciment vert
Si la position environnementale de Ciment Québec est enviable, les objectifs de réduction de GES annoncés au Canada et dans plusieurs pays du monde forcent aussi les entreprises de cette industrie à suivre la marche pour ne pas être laissées derrière.
«Nos concurrents savent qu’ils doivent aussi améliorer leur performance. Et nos concurrents, ce sont des géants internationaux, rappelle Luc Papillon, qui ont d’ailleurs tous annoncé qu’ils visaient l’atteinte de la carboneutralité cimentière d’ici 2050.»
La modernisation d’une partie de leurs infrastructures et l’ajout de broyeurs plus performants permettront d’améliorer les procédés utilisés dans la production du ciment, ce qui aura comme effet de neutraliser 10% de ses émissions de gaz à effet de serre actuel, soit plus de 65 000 tonnes d’équivalent de carbone par année.
Ciment Québec réduira conjointement sa consommation d’électricité de 20% par tonne de ciment. Ou la transition de 19 500 véhicules «qui passeraient de l’essence à l’électricité de manière pérenne», exemplifie Jonatan Julien, ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, sur place lors de la conférence.
En 2019, la consommation d’énergie dans le secteur industriel était à l’origine de près de 14 millions de tonnes d'équivalent de CO2, soit 16% du total québécois, ajoute le ministre.
La marche à suivre
Grâce au procédé Synergie, et sa filière de combustibles de substitution, le PDG de Ciment Québec espère pouvoir rester en tête de peloton dans ce secteur où la demande est élevée.
Le procédé consiste à remplacer le clinker, principal agent réactif du ciment pour générer l’effet de liaison, par de la pierre calcaire. Produite dans les fours des cimenteries, l’opération pour créer ce constituant émet une grande quantité de GES.
Toutefois, pour créer un ciment calcaire de bonne qualité, il faut broyer très finement la pierre avec des équipements adaptés.
La construction d’un nouvel atelier de broyage de ciment, incluant deux nouveaux broyeurs, permettra donc à Ciment Québec de réduire son intensité carbone.
Ces nouveaux équipements font déjà leurs preuves en Asie et au Mexique. Au Canada, Ciment Québec sera la première cimenterie à les utiliser.
De plus, la pierre calcaire sera récoltée à partir de la carrière de la cimenterie. Aucun voyage additionnel ne sera nécessaire pour obtenir cette matière première.
Si Luc Papillon assure aimer les grands défis, le prochain sera de commercialiser cette nouvelle recette de ciment. La substitution du clinker par de la pierre calcaire étant «quelque chose de nouveau» dans l’industrie.
«Il commence à y avoir certains chantiers qui requièrent des ciments plus verts, notamment ceux des maisons des aînés au Québec, note Luc Papillon. La clientèle n’est pas nécessairement encore imprégnée de l’importance d’utiliser des matières et des produits de construction plus verts.»
Cette aide financière est octroyée dans le cadre du volet «Implantation de grands projets industriels» du programme provincial ÉcoPerformance. «Le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles alloue une aide financière de 22,5 M$, par l'entremise du Fonds d'électrification et de changements climatiques, alors qu'Environnement et Changement climatique Canada investit 17,5 M$, à même le Fonds du leadership pour une économie à faibles émissions de carbone», chiffre le communiqué de presse.