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C'est l'un des sujets qui animent l'industrie de la télévision en ce moment; on en a fait l'objet d'un panel au congrès annuel de l'Association québécoise de la production médiatique (AQPM), animé mercredi par Yolande James.

L'ancienne ministre libérale a été nommée en juin dernier directrice générale de la diversité et de l'inclusion à Radio-Canada.

Après deux ans d'interruption, le congrès particulièrement couru cette année a lieu les 27 et 28 avril au Hilton Lac-Leamy à Gatineau, avec comme grand thème «Repenser l'avenir».

Freinée dans son élan par la pandémie, l'industrie de la télévision cherche désespérément des moyens de retenir le public de plus en plus volatile, envoûté par le chant des sirènes des services de vidéo en ligne.

Intéresser toutes les couches de la population dans toute sa diversité en la reflétant fidèlement à l'écran est l'un des moyens d'y parvenir.

«Le public n'est pas dupe»

Savoir s'y prendre est un art.

Il n'y a rien de moins subtil que de voir soudainement surgir un tas de personnages secondaires issus de la diversité dans une série de manière artificielle. Comme si un producteur ou un diffuseur venait de se réveiller à la dernière minute avec l'intention de remplir un mandat. De cocher des cases.

«Le public n'est pas dupe», affirme la directrice du développement et productrice Sarah Chatelain, participante du panel. Dans bien des cas, «l'inclusion est arrivée à l'étape Y du projet alors qu'on aurait dû y penser dès le début, à la création», insiste-t-elle.

Le réflexe n'est pas encore naturel. Entre autres parce que l'industrie est encore monochrome.

«Quand on se regarde entre nous aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'on est un modèle en terme de diversité», poursuit Sarah Chatelain, en ciblant sa propre industrie.

Car la diversité n'est pas nécessaire que devant la lentille, elle l'est aussi derrière. «Quand on dit qu'on veut être le reflet de la société, c'est dans ce qu'on voit à l'écran mais aussi dans tout ce qu'on fait, de la réceptionniste à la présidente», m'a expliqué Yolande James après le panel, parlant précisément du diffuseur public.

De son côté, Sarah Chatelain réclame notamment plus de moyens pour dénicher les perles rares, multiplier les stages sur les plateaux. Leur faire de la place, quoi.

D'origine haïtienne, Anderson Jean, qui avait somme toute peu d'expérience dans le domaine, a eu l'opportunité de faire partie de l'équipe d'auteurs de la série jeunesse Le pacte, produite chez KOTV et actuellement diffusée à Télé-Québec.

Et non, on ne l'a pas engagé uniquement pour refléter la diversité dans le scénario mais parce qu'il est un auteur compétent, point.

Anderson Jean, qui est le fils du comédien Fayolle Jean et le frère de Fayolle Jean Jr., aussi acteur, se dit convaincu que le public est prêt depuis longtemps à voir une télé encore plus inclusive, comme il n'a aucun malaise à voir des vedettes noires comme Denzel Washington au cinéma depuis des lunes.

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L'inclusion ne doit surtout pas être considérée comme un boulet, mais comme un atout. «Il faut comprendre que ça prend un investissement, mais qu'il y aura un retour sur cet investissement. Au bout de l'affaire, ça va donner un produit excellent qui va rayonner. Il faut voir le potentiel de ce qu'on peut faire», croit Yolande James, qui voit dans la pénurie de main d'œuvre une opportunité d'inclusion pour de potentiels techniciens, auteurs, réalisateurs issus de la diversité.

Marysol Charbonneau, directrice des contenus jeunesse et famille de Télé-Québec, qui était partie prenante de la nouvelle mouture plus inclusive de Passe-Partout, constate que la télé jeunesse a plus de facilité à s'adapter.

«Les enfants nous tirent vers ça. On ne peut pas aller contre la démographie et la réalité, sinon, on restera seul sur notre île déserte.»

Pensons-y: c'est quand même incroyable qu'il n'y ait pas plus de rôles-titres attribuées à des personnes issues de la diversité. Il y a bien eu Jasmine, la policière noire en 1996 (!), plus récemment MED, personnage né d'une mère arabe et d'un père québécois joué par Mehdi Bousaidan, Cover Girl, sur l'univers des dragqueens. Mais encore?

Se donner droit à l'erreur

Tous les membres du panel disent se donner droit à l'erreur quand ils abordent la question de l'inclusion: mieux valent l'authenticité et les maladresses que rien du tout.

«Même plein de bonnes intentions, on peut se mettre à reproduire certains clichés et passer à côté de la cible. Ce n'est pas tout d'inclure des personnages, il faut aller à leur rencontre en amont», explique l'autrice et productrice Marie-Hélène Lebeau-Taschereau.

Dans son nouveau rôle à Radio-Canada, Yolande James est consciente qu'elle doit jongler avec des enjeux délicats.

«C'est sensible parce que les gens ont peur de perdre quelque chose. Je préfère parler d'inclusion que de diversité. Quand les gens entendent diversité, ils ont parfois l'impression qu'ils ne font pas partie du clan. Mais le mot inclusion implique que tout le monde a une place à la table. On ne tasse pas qui que ce soit.»

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