Macron réélu président d’une France où l’extrême droite est en progression

Le président français Emmanuel Macron a été nettement réélu dimanche pour un second mandat de cinq ans.

Le président français Emmanuel Macron a été nettement réélu dimanche pour un second mandat de cinq ans, et a promis d’être le «président de tous» dans un pays où l’extrême droite de Marine Le Pen est au plus haut et compte livrer une féroce bataille pour les législatives de juin.


Le chef de l’État sortant obtient une victoire assez large avec environ 58 % des voix selon les estimations, contre 42 % pour sa rivale, qui s’est félicitée d’un «score historique» pour l’extrême droite. L’abstention, très élevée, est d’environ 28 %.

Les Français ont donc choisi de reconduire un président centriste libéral et très pro-européen, face à une candidate radicale extrêmement critique de l’UE et plaçant la «priorité nationale» au coeur de son projet.

«Cher @EmmanuelMacron, toutes mes félicitations pour votre réélection (...). Je me réjouis de pouvoir continuer notre excellente coopération. Ensemble, nous ferons avancer la France et l’Europe», a réagi sur Twitter la dirigeante de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Les partisans de Macron célèbrent sa victoire sur le Champ-de-Mars à Paris

«En cette période tourmentée, nous avons besoin d’une Europe solide et d’une France totalement engagée pour une UE plus souveraine et plus stratégique», a réagi le président du Conseil européen Charles Michel.

Emmanuel Macron, 44 ans, est le premier président français à être réélu pour un second mandat en 20 ans, depuis Jacques Chirac en 2002 face au père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen.

Arrivé au son de la 9e symphonie de Beethoven, l’hymne européen, devant ses partisans rassemblés près de la tour Eiffel pour fêter son succès, il a promis d’oeuvrer pour «une France plus indépendante» et une «Europe plus forte».



Marine Le Pen adresse un discours à ses partisans à la suite des résultats

Saluant notamment les électeurs qui ont voté pour lui non par adhésion mais contre l’extrême droite, il s’est dit «obligé» par leur vote, et a promis «une méthode refondée» pour gouverner. S’adressant aux électeurs d’extrême droite, il s’est engagé à trouver «une réponse» à leur «colère et désaccords».

Déjà opposé à Marine Le Pen en 2017, Emmanuel Macron l’avait battue beaucoup plus largement, avec 66,1 % des suffrages contre 33,90 %.

Le «front républicain», cette union des forces politiques contre l’extrême droite qui tente depuis des décennies d’endiguer sa progression, s’est un peu plus fissuré cette année, mettant en lumière un pays largement fracturé.

3e tour aux législatives 

Le président français Emmanuel Macron a été nettement réélu dimanche pour un second mandat de cinq ans.

À 53 ans, Marine Le Pen porte l’extrême droite à un niveau record en France, laissant augurer des temps difficiles pour le président réélu, dont le premier défi sera d’obtenir une majorité aux législatives de juin.

«Les idées que nous représentons arrivent à des sommets», a déclaré la dirigeante du Rassemblement national. Elle a annoncé sa volonté de poursuivre le combat politique. «Nous lançons ce soir la grande bataille électorale des législatives», a-t-elle dit sous un tonnerre d’applaudissements de ses partisans.

Le chef de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position au premier tour, a lui aussi voulu promettre l’enfer électoral aux législatives des 12 et 19 juin à Emmanuel Macron, président «mal élu». «Le troisième tour commence ce soir», a-t-il déclaré.

Usé par cinq ans de gouvernement émaillé de multiples crises, il n’est pas certain que le parti d’Emmanuel Macron bénéficie d’un élan porteur pour ces élections à venir.

Le président réélu aura pour tâche de rassembler des Français divisés et répondre à une colère récurrente depuis le mouvement social des «gilets jaunes» de 2018/2019. Il devra aussi répondre aux angoisses suscitées par les successions de crises, de la pandémie de COVID-19 à la guerre en Ukraine.

Souvent qualifié de «président des riches», M. Macron a multiplié pendant la campagne les gestes envers l’électorat de gauche, semblant prêt à des concessions sur certains points, notamment son projet controversé de réforme des retraites qu’il n’a pas réussi à mettre en oeuvre au cours de son premier mandat.

Ces promesses n’ont pas suffi à faire baisser le taux d’abstention lors de ce deuxième tour. Ni à susciter un large vote d’adhésion. À l’instar de Nicolas Moreau, 44 ans, conseiller municipal à Bersée dans le nord, qui expliquait avoir effectué «un vote par obligation». Ou de Véronique, habitante de Bersée, pour qui «entre les deux choix, on essaye de choisir le moins mauvais».

Battue pour la troisième fois de sa carrière à une élection présidentielle, Marine Le Pen n’a de son côté pas réussi à briser le «plafond de verre» que représente en France l’éventualité d’une victoire de l’extrême droite. Avec son score élevé, elle place néanmoins ses idées encore plus à l’avant-scène politique.

Mme Le Pen récolte ainsi les fruits d’une stratégie de «dédiabolisation» patiemment menée depuis une décennie. Elle a lissé et adouci son discours, banalisé son image, se montrant proche des préoccupations des Français, même si, sur le fond, son programme reste aussi radical, notamment sur l’immigration et les institutions.