Oui, un hôtel de 12 M$ coiffera l’ancien bureau du coroner Delâge 

Lors de notre plus récent passage dans le coin, jeudi, nous avons constaté que le toit et le premier étage du bureau du coroner n’existent plus. Et qu’on commençait aussi à s’attaquer au bâtiment voisin.

CES BÂTIMENTS NÉGLIGÉS / Beaucoup se souviendront du coroner et commissaire aux incendies de la Ville de Québec, Cyrille Delâge, décédé au printemps 2016. À 80 ans, il travaillait toujours dans son bureau de la rue du Pont, dans le quartier Saint-Roch. Mais, après son départ, la propriété a été délaissée, les portes et les fenêtres ont été barricadées avec du contreplaqué.


Située dans la Basse-Ville, la petite maison avait été achetée en 1891 par un premier Delâge : Cyrille Fraser Delâge, notaire et député libéral de Québec. La propriété est demeurée dans la famille, léguée de génération en génération. Le célèbre coroner-notaire que nous avons connu était le petit-fils de l’autre.

Juste à côté de l’étude des Delâge, au coin du boulevard Charest, se trouve une autre bâtisse vide. Musique Richard Gendreau y a déjà vendu des instruments. Des restaurants avaient pris le relais durant quelques années, mais avaient soit fermé, soit déménagé. Puis plus rien, des locaux déserts sans vie.

Il y a toutefois du nouveau pour ces bâtiments négligés : une tour poussera bientôt sur les ruines.

Cyrille Delâge en 2014 devant son bureau de la rue du Pont, à Québec.

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DÉMOLITION

Il y a un peu plus d’une semaine, nous avons vu des ouvriers entamer la phase finale de la démolition des deux propriétés. 

Lors de notre plus récent passage dans le coin, jeudi, nous avons constaté que le toit et le premier étage du bureau du coroner n’existent plus. Et qu’on commençait aussi à s’attaquer au bâtiment voisin.

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LE CHANTIER RELANCÉ

Nous vous avions exposé un projet pour ces terrains. Projet qui avait été mis sur la glace pour cause de pandémie de COVID-19, pour cause de dégringolade du tourisme.

Vous souvenez-vous du Boxotel ? Et de Marie-Jeanne Rivard, la propriétaire du concept ?



Le Boxotel Québec

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CHANTIER PROLONGÉ

«On a un échéancier de 18 mois […]. Donc, on prévoit une ouverture pour la fin de l’été ou début de l’automne 2023. Normalement, ça aurait été 12 mois. Mais on s’est donné un 18 mois.»

Pourquoi ? L’accès restreint aux matériaux, entre autres. Les difficultés d’approvisionnement dans la construction se poursuivent, note Mme Rivard.

Aussi, le budget a été révisé. Avant la pandémie, elle pensait s’en tirer pour 11 millions $. «Il a fallu ajuster. C’est un projet de 12 millions $.»

Ça aurait été pire si sa tour n’était pas toute de béton, ajoute-t-elle. Le prix des structures d’acier a fait plusieurs bonds en deux ans.

L’entrepreneure espère néanmoins que le gouvernement pourra la soutenir financièrement, via Investissement Québec, afin de faire face à l’appesantissement des factures.

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LES VISITEURS REVIENNENT

Marie-Jeanne Rivard a été frappée de plein fouet par la COVID-19. Son hôtel de Montréal a perdu des clients. Et son chantier de Québec s’est arrêté net : «On était censé commencer en mars 2020.»

Vague

Mais les clients et les investissements sont aujourd’hui moins frileux, observe-t-elle. La réouverture des spas, restaurants et autres lieux de rassemblement a un effet : «On a vu vraiment une grosse vague touristique et corporative revenir.»

Mme Rivard doit engager de nouveaux employés pour faire face. Elle escompte un été équivalent à environ 75 % du taux d’occupation de 2019, avant la pandémie.

«À Québec, avec une ouverture à l’automne 2023, ça va avoir le temps de se replacer.»

Les prix ont cependant grimpé dans les établissements hôteliers pour compenser les pertes, les surcoûts. Dans son Boxotel de la métropole par exemple, «un 4 étoiles, moyen-haut de gamme», le tarif moyen est passé de 199 $ en 2019 à environ 245 $.


Avant la démolition 

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AIMER SAINT-ROCH

Marie-Jeanne Rivard croit au potentiel du quartier Saint-Roch.

La piste cyclable de la rue du Pont, vers Limoilou et la rivière Saint-Charles, commence devant l’hôtel, cite-t-elle d’emblée comme avantage. C’est que son concept se veut écologique, tourné vers les transports actifs. Elle nous a également parlé du Vieux-Port et de la Haute-Ville à distance de marche.

«On est vraiment central. On est très proche de la gare aussi. On est dans le quartier des affaires.»

Elle souligne que plusieurs bâtiments ont été rénovés ou construits au cours des dernières années. Ainsi, plus de voyageurs et résidents animeront bientôt le secteur.

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PLUS DE LECTURE !

Découvrez toute notre série d’articles «Ces bâtiments négligés» par ici

Dont le plus récent : L’usine désaffectée d’Anacolor à Cap-Rouge laissée à l’abandon par la Ville

Depuis les étages supérieurs du stationnement Place Cartier situé juste derrière, nous avons aperçu une porte brisée.

Aussi, quelques explorateurs urbains semblent avoir visité l’intérieur. Du moins, depuis les étages supérieurs du stationnement Place Cartier situé juste derrière, nous avons aperçu une porte brisée.

«Inoccupés et probablement squattés vu les vitres cassées, les panneaux de plywood et les graffitis, je trouve surprenant le destin de ces murs qui ont entendu tant d’histoires d’incendie, d’enquêtes et autres anecdotes croustillantes étalées sur autant de décennies», écrit Christian Audy. «Tenez-moi informé si vous trouvez des choses concernant son sort…»

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CONNAISSEZ-VOUS MARIE-JEANNE RIVARD ?

Mars 2020, l’entrepreneure en construction Marie-Jeanne Rivard était prête. Toutes les approbations en poche, le financement bouclé, la construction de son rêve allait commencer… quand le Québec a été mis sur pause, quand le secteur hôtelier a frappé le mur COVID-19.

Peut-être la connaissez-vous. Surtout si vous aimez les émissions de rénovations ! Celle qui se destinait d’abord à la psychiatrie a bifurqué radicalement de parcours au début des années 2010. Puis on lui a offert l’animation de Flip de fille à Moi et cie en 2015. On la retrouve encore à l’écran : la juge dans Viens voir mes rénos, à CASA, c’est elle.

Marie-Jeanne Rivard, propriétaire

Le lien avec l’ancien bureau du coroner Delâge, rue du Pont ? Marie-Jeanne Rivard l’a acheté. Tout comme le bâtiment contigu, celui de l’intersection avec le boulevard Charest Est. Lui aussi est abandonné.

C’est là qu’a déjà logé une antenne de Musique Richard Gendreau, commerce qui a quitté Saint-Roch après 35 ans à la suite de son rachat par Long and McQuade.

Les gourmands se souviendront peut-être plus des restaurants qui s’y sont succédé. Le Bac, Les Délices de Grand-Maman puis T&B’s (déménagé dans la Pyramide en 2018).

Fusion de lots

Donc, Marie-Jeanne Rivard et son partenaire financier ont mis la main sur les deux propriétés du coin de rue stratégique en 2018. Avec un plan bien précis : bâtir un deuxième Boxotel, deux fois plus gros que celui de Montréal.

Car la femme d’affaires a une deuxième carrière : hôtelière.



Dans les plans, il a en outre un spa d’un étage complet ouvert à la clientèle extérieure, une terrasse au dernier étage qui entoure une salle de réception, un stationnement de vélos à l’entrée.

Elle a monté son projet, a travaillé les plans avec LEMAYMICHAUD, a présenté sa vision à la Ville, a reçu la bénédiction pour démolir et ériger une tour d’une dizaine d’étages.

Porte-parole de la Ville de Québec, David O’Brien confirme que la fusion des lots du 455, du Pont et du 705-709 Charest Est a été autorisée en novembre 2019. La nouvelle propriété jumelée est évaluée à 950 000 $ au rôle municipal.

Retour en mars 2020. Le dossier avançant rondement, Marie-Jeanne Rivard crée officiellement l’entreprise Boxotel Québec.

40 chambres

Dans la métropole, le premier hôtel de la chaîne qu’elle a imaginée est à environ 7 minutes de marche de l’entrée de la Place des Arts, sur Ontario Est. Il compte 20 chambres.

Dans la capitale, elle en veut 40. Toutes aménagées selon le même concept que l’autre : cuisine complète, laveuse et sécheuse. Il y a un penchant écolo: compost, fenestration pour absorber le soleil, planchers de béton chauffants, solaire thermique pour l’eau chaude, isolation importante pour un rendement énergétique supérieur («J’ai un compte d’Hydro très faible !»), deux stationnements intérieurs avec borne pour voitures électriques.

Dans les plans, il a en outre un spa d’un étage complet ouvert à la clientèle extérieure, une terrasse au dernier étage qui entoure une salle de réception, un stationnement de vélos à l’entrée.

Mais le projet est sur la glace. La crise de la COVID-19 a refroidi les ardeurs du bailleur de fonds. «On est en attente.»

Recherche partenaire

Marie-Jeanne Rivard cherche donc un investisseur prêt à embarquer, prêt à croire à la relance de l’industrie après.

En fouinant sur le Web, nous avons d’ailleurs repéré une annonce de Boxotel «pour vendre ou pour recherche de partenaires financiers pour démarrer le projet». Elle pourrait donc céder son concept. Mais espère plutôt le réaliser.

«Mon intention c’est de faire le projet», nous explique-t-elle au téléphone. «C’est comme un bébé, je veux vraiment le voir à terme !»

«L’investissement total […] sera de 11 millions.»

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La crise de la COVID-19 a refroidi les ardeurs du bailleur de fonds.

50 ANS DE CARRIÈRE, 3500 ENQUÊTES

Au cours de sa carrière, Cyrille Delâge a laissé sa marque par ses enquêtes nombreuses, dont plusieurs retentissantes.

Vous vous souviendrez peut-être d’une des plus récentes, celle portant sur la tragédie de L’Isle-Verte de 2014, quand 32 aînés ont péri dans un incendie. Mais il y en a eu bien d’autres.

Vous trouvez des anecdotes et détails dans une entrevue qu’avait réussi à décrocher le collègue Normand Provencher un mois avant le décès de Cyrille Delâge.

Le journaliste avait également publié un billet racontant sa rare rencontre avec l’homme discret qui l’avait laissé poireauter des semaines avant d’accepter de le voir. Jusqu’au jour de l’appel : «Monsieur Provencher? Cyrille Delâge. Ça marche. Je suis libre. Pouvez-vous être là dans une heure?»

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DEVOIR DE MÉMOIRE

«À mon avis cette bâtisse mériterait de recevoir une petite plaque bleue commémorant l’usage d’un lieu par une personnalité locale comme on voit un peu partout dans les quartiers centraux.»

Christian Audy, le lecteur du Soleil à l’origine de cet article, pense que la Ville de Québec devrait célébrer son ancien commissaire aux incendies, Cyrille Delâge, qui cumulait les emplois. «Si on se fie aux personnes déjà reconnues dans la liste des plaques Ici vécut existantes, cela pourrait être une candidature pertinente.»

Déjà prévu dans le projet

L’entrepreneure idéatrice du Boxotel, Marie-Jeanne Rivard, veut rappeler l’héritage du coroner. «Je me spécialise normalement dans la restauration/rénovation d’anciens bâtiments et je tente toujours de préserver le patrimoine bâti», fait-elle valoir dans un courriel reçu après notre discussion téléphonique. «Il m’était impossible d’intégrer l’ancien bureau du célèbre notaire Me Delage mais j’ai pu insérer un visuel commémoratif en son honneur afin de conserver l’histoire du bâtiment. La plaque servant d’enseigne fût aussi conservée pour être installée sur le nouveau bâtiment. J’étais en contact avec sa fille, Claude Delage, qui m’a vendu la propriété et m’a fourni des renseignements pertinents sur le bâtiment et son héritage.»

La liste des 135 plaques Ici vécut, racontant «la petite et la grande histoire de Québec», est ici.

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POUR ALLER PLUS LOIN

Vous trouverez un document intéressant au sujet de l’histoire de la lignée des notaires Delâge sur le site de la Société de généalogie de Québec.

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Rue du pont, ex-rue Craig

Au fait, la rue du Pont n’a pas toujours été nommée ainsi. «L’ancienne rue Craig a été ouverte en 1807», raconte cette fiche de la Commission de toponymie du Québec. Puis, en 1820, un premier pont Dorchester est apparu au bout de la voie, permettant aux Basse-Vilains de traverser la rivière Saint-Charles. Plus tard, lorsque le pont Dorchester a été reconstruit, les résidents de la capitale ont profité de l’occasion pour effacer le nom Craig afin de le remplacer par rue du Pont. Pourquoi ? «Ce nom n’était pas populaire chez les Canadiens-français, car le gouverneur Craig avait laissé un souvenir désagréable à Québec.» Promu gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique et administrateur du Bas-Canada en 1807, James Henry Craig tenta d’étouffer les aspirations du peuple. «Craig se rend compte que les Canadiens sont demeurés français et qu’ils se considèrent comme une nation distincte», raconte-t-on dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Il prônait notamment l’union des deux Canada et une immigration anglophone accrue pour renverser la vapeur. En 1811, il est rentré en Angleterre, malade. «Il est décédé à Londres le 12 janvier 1812.»

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Boulevard Charest

«Né à Sainte-Anne-de-la-Pérade, Zéphirin Charest (1813-1876) est curé de la paroisse de Saint-Roch de 1839 à sa mort. En 1844, il fait construire le couvent de Saint-Roch pour accueillir les Sœurs de la congrégation de Notre-Dame. En 1852, ce sont les Frères des écoles chrétiennes, arrivés à Québec dix ans plus tôt, qui s’installent dans la paroisse. Les grands fléaux qui s’abattent sur Saint-Roch, tels les terribles incendies de 1845 et 1866, révéleront les qualités du curé Charest, que ses contemporains compareront à saint Vincent de Paul. Zéphirin Charest laissera son nom à l’ancienne rue Charest qui deviendra plus tard le boulevard et l’autoroute Charest.» Plus de détails dans cette fiche produite par la Ville de Québec.

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FENÊTRES BRISÉES, TOIT EFFONDRÉ

Nous voici sur la rue Saint-Félix, à l’ombre du célèbre «tracel» ferroviaire. La rivière du Cap Rouge coule derrière l’usine, la rive du fleuve Saint-Laurent est à deux pas.

À l’intérieur de la construction désertée en septembre 2019, on aperçoit des débris, de la neige et de l’eau, des fils électriques. À l’extérieur, plusieurs carreaux de fenêtre sont cassés, un mur semble s’enfoncer, certaines ouvertures sont recouvertes de contreplaqué. Le toit d’une extension de l’usine s’est écroulé. Dans une partie de la cour, de l’équipement de déneigement municipal est entreposé.

Disons que l’ancienne usine désaffectée détonne dans cette banlieue plutôt huppée. Disons même qu’elle gâche un peu le paysage.

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REMPLACÉE PAR QUOI ?

Des projets pour le grand terrain de l’usine Anacolor, il y en a eu beaucoup.

En juin 2018, quand la Ville a confirmé son intention d’acheter la propriété industrielle, l’ancien maire Régis Labeaume disait avoir l’intention de revendre le lot à des promoteurs immobiliers privés. 

L’achat par l’administration municipale n’a toutefois été officialisé qu’en avril 2020, après quelques rebondissements. À l’époque, le sort du bâtiment n’était pas fixé. «Une réflexion est en cours», écrivait au Soleil le porte-parole David O’Brien. Durant le conseil municipal, l’ex-conseillère Marie-Josée Savard n’était pas davantage en mesure de s’avancer: «Pour l’instant, il n’y a pas de projet encore à cet endroit-là.» 

Plein d’idées

Au cours des années, les politiciens des différents partis municipaux ont lancé une série d’idées : parc, patinoire, piscine, marché public…

En campagne électorale, Jérôme Couture, le candidat du parti du maire Bruno Marchand, proposait d’organiser un événement autour de la structure mal en point. Son engagement : «développer un projet festif pour animer la cour arrière de l’ancienne usine Anacolor».

Son adversaire de Québec d’abord, Louis Martin, a remporté l’élection. Alors M. Martin, du nouveau dans le dossier ? «Pas de nouvelles», texte-t-il au Soleil.

Des copropriétés ?

Serge Rousseau, président du Conseil de quartier de Cap-Rouge : «La seule nouvelle que j’ai eue dernièrement, c’est que le toit s’est effondré sous la neige. […] Le bruit qui court, c’est que l’ancienne bâtisse serait achetée par des bâtisseurs de condos.»

Ce sont des rumeurs.

La Ville rêve d’un parc riverain au nord du «tracel» de Cap-Rouge.

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BEAUCOUP D’ESPACE POUR RÊVER

-> Le terrain de l’usine désaffectée d’Anacolor fait près de 7900 mètres carrés (environ 85 000 pieds carrés). 

-> En plus, la Ville possède un garage juste à côté, dont le lot couvre 6300 mètres carrés (67 000 pieds carrés).

-> Ce n’est pas tout. La Ville détient également un grand stationnement (cour du garage) d’un peu plus de 9125 mètres carrés (98 000 pieds carrés) ;

-> Total : plus ou moins 23 325 mètres carrés (plus de 250 000 pieds carrés).

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LA VILLE N’EST PAS PRESSÉE…

Vous voulez savoir ce que la Ville entend finalement réaliser sur les ruines de l’usine Anacolor, vide depuis 2 ½ ans ? Faudra que vous soyez patients.

«Pour le moment, la Ville n’a pas encore déterminé de projet spécifique sur ce terrain», affirme Audrey Perreault, conseillère en communication. «Aucun échéancier ou budget n’a été établi.» Une «démarche de planification» est «en cours d’élaboration».

Elle ajoute qu’«il est toujours souhaité d’en faire un milieu citoyen important». C’est-à-dire ? «Des possibilités de logement, de logement social ou abordable et d’un centre communautaire font partie de la réflexion, mais le tout est encore en analyse.» 

Centre communautaire

On sait toutefois que l’ancienne administration voulait ouvertement déménager sur le lot Anacolor le centre communautaire de Cap-Rouge, situé un peu plus à l’ouest. Elle avait d’ailleurs demandé une subvention de 10 millions $ à l’État québécois pour les travaux.

On sait aussi que du bitume entourant le garage municipal pourrait être remplacé par de la verdure, dixit le Plan directeur de la rivière du Cap Rouge. «Un nouveau parc riverain est envisagé à l’emplacement actuel de la cour du garage municipal en bordure du boulevard Chaudière. […] Un amphithéâtre sur la rivière, un belvédère, la végétalisation du site et un parcours d’art et d’expositions y sont prévus.»

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LES CITOYENNES ENGAGÉES, ELLES EN PENSENT QUOI ?

Il y a beaucoup d'espace pour rêver. L'usine d'Anacolor au sud, à droite. Le garage municipal à côté. Un stationnement de la Ville au nord du «tracel».

En sabbatique

Zeina Constantin était porte-parole pour le Regroupement pour la qualité de l’air de Cap-Rouge le 1er octobre 2019, quand la fumée s’est dissipée. «Ce matin, les cheminées ne sont pas en fonction et nous sommes venus célébrer notre victoire citoyenne», avait-elle déclamé aux journalistes. Nous l’avons retrouvée via un média social. En sabbatique, elle est à l’extérieur du pays. Elle est ailleurs.

Déménagée

Nous avons ensuite joint Stéphanie Houde qui a aussi milité au sein du comité de citoyens. Elle a été candidate pour Démocratie Québec aux élections. Mais a été devancée par une certaine Marie-Josée Savard, d’Équipe Labeaume. Et alors ? Nous lui avons parlé. Mme Houde a déménagé, vit un autre chapitre de son histoire.

Toujours là !

Nous avons eu plus de succès chez Catherine Arrouart, requérante pour le recours collectif intenté contre Anacolor. Toujours résidente de Cap-Rouge. «Quand ils sont finalement partis, ça a été toute une victoire», se souvient-elle. 

Mme Arrouart explique que les citoyens ont tourné la page le 1er octobre 2019. «Le comité, notre objectif, c’était que les activités de l’usine cessent. Les activités ont cessé. C’est comme si on avait accompli ce qu’on avait à accomplir.»

Après, l’énergie manquait.

Elle nous rappelle cependant que les citoyens ont reçu 150 000 $ quand ils ont abandonné leur recours collectif en échange de la fermeture de l’usine. La moitié pour les avocats. L’autre moitié a été versée à la Ville pour réaliser un petit aménagement dans le parc Provancher. 

Nouvelle cause

Catherine Arrouart n’a pas perdu son intérêt pour la chose municipale. Elle s’inquiète maintenant du déboisement annoncé dans le secteur Le Gendre pour le terminus du tramway. 

Et le golf ?

Louis Beaupré aussi poursuit son militantisme. Il était des manifs contre les vapeurs d’Anacolor. «Ça nous dérange, c’est un bâtiment qui est vétuste. […] Comme citoyens, on a hâte que la Ville puisse mettre de l’avant ses projets. […] On commence à être impatients que rien ne se passe.» 

Voisin du golf de Cap-Rouge, il a une nouvelle source d’indignation. Il se bat maintenant contre un projet immobilier en hauteur qui pourrait pousser sur les verts.

Une piscine ?

Bonjour Marie–Claude Rousseau. Elle réclame une piscine en lieu et place de l’usine Ancolor. Elle habite le coin. «On trouve anormal que le quartier de Cap-Rouge ne soit pas desservi par une installation extérieure.»

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ANACOLOR VA BIEN ?

Nous avons contacté le propriétaire d’Analcolor par tous les réseaux, plusieurs fois. Nous lui avons parlé environ 1 minute, selon notre cellulaire. Il devait rappeler. Il n’a pas rappelé.

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EN PLUSIEURS DATES

⇒ 2012-2013 : en croissance, l’entreprise spécialisée en peinture industrielle dérange des citoyens qui dénoncent les odeurs. Les plaintes s’accumulent sur les bureaux municipaux ainsi qu’au ministère de l’Environnement qui menace de sévir ;

⇒ Printemps 2016 : la Ville offre 1,6 million $ pour acheter l’usine, sans succès ;

⇒ Octobre 2016 : les conseillers de l’opposition à l’hôtel de ville accusent le maire Régis Labeaume de se traîner les pieds dans le dossier parce qu’Anacolor participe au chantier du nouvel amphithéâtre. Sa réplique est cinglante ;

⇒ Décembre 2016 : la Santé publique demande aux enfants de l’école voisine et d’une garderie de rester à l’intérieur lorsqu’il y a de fortes odeurs de peinture. Les fumées seraient nocives. L’entreprise accepte ensuite de ne pas émettre durant les récréations ;

⇒ Printemps 2017 : le ministre de l’Environnement David Heurtel menace de fermer l’usine ;

⇒ Janvier 2018 : un recours collectif est autorisé ;

⇒ Juin 2018 : le gouvernement québécois octroie un prêt de 9 millions $ à Anacolor pour la construction d’une nouvelle usine sur la Rive-Sud ;

⇒ Juin 2018 : la mairie de Québec offre 2,1 millions $, plus les taxes, «sans garantie légale et aux risques et périls de la Ville», pour l’immeuble industriel évalué à 1,3 million $ au rôle municipal;

⇒ Juin 2019 : une entente est signée entre l’entreprise et le Regroupement citoyen pour la qualité de l’air de Cap-Rouge. Le recours collectif est abandonné moyennant le versement de 150 000 $ et l’assurance que les activités cesseront au plus tard le 30 septembre ;

⇒ 1er octobre 2019 : les citoyens militants célèbrent l’arrêt de la production à l’usine, déménagée à Saint-Lambert-de-Lauzon ;

⇒ Printemps 2020 : après plusieurs reports, l’acquisition de la propriété par la Ville de Québec est finalement conclue officiellement pour 2,17 millions $;

⇒ Janvier 2021 : la Ville réclame 10 millions $ au ministère des Finances pour construire un nouveau centre communautaire à Cap-Rouge sur le site Anacolor;

⇒ Avril 2022 : Rien de nouveau à annoncer !

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