Revivrons-nous 1992?

Menée par Vladimir Guerrero Jr., l’attaque des Jays sera encore dangereuse cette saison.

En ce début de saison des ligues majeures, plusieurs analystes prévoient une superbe année aux Blue Jays de Toronto, les plaçant même au sommet de la division Est de la Ligue américaine, un rang où ils n’ont pas terminé depuis 1992 et 1993, alors qu’ils ont aussi remporté la Série mondiale. Mais est-ce vraiment l’année où nos Jays seront à nouveau parmi les prétendants au titre?


Parmi les forces des Torontois, il faut parler de leur rotation des partants, qui avait pourtant longtemps été une faiblesse, et de leurs excellents jeunes joueurs qui ont maintenant atteint la maturité et figurent parmi les meilleurs.

Le gaucher coréen Hyun-Jin Ryu n’a pas eu une année terrible au monticule l’an dernier, mais il a déjà démontré par le passé qu’il pouvait être parmi les meilleurs des majeures, et le jeune Jose Berrios, acquis des Twins du Minnesota, a rendu lui aussi de fiers services à l’équipe de la Ville-Reine.

La révélation de la rotation l’an dernier est cependant Alek Manoah, onzième choix au repêchage de 2019, qui a prouvé que les Jays avaient bien fait de lui faire confiance avec une moyenne de 3.22 et 127 retraits au bâton en 111 manches à sa première saison dans les grandes ligues.

Des Millions

Pour les appuyer, les Blue Jays ont dû sortir les p’tits sous, soit 146 millions $ pour se payer le droitier Kevin Gausman et le gaucher Yusei Kikuchi. Gausman gagnera en moyenne 22 millions $ par an sur cinq ans et Kikuchi, 12 millions $ par année sur trois ans. 

Gausman a fait ses preuves, mais Kikuchi, qui avait signé une lucrative entente de près de 60 millions $ sur quatre ans avec les Mariners de Seattle, n’a jamais rien fait qui vaille dans les ligues majeures. 

Imaginez, la saison 2021 était la première où le Japonais lançait sous la barre de 5.17... soit 4.41 et ses deux derniers mois de l’année sont loin d’avoir été reluisants. J’ai de sérieux doutes sur la nécessité de donner autant d’argent à un type dont la seule chose qu’il ait prouvée jusqu’à maintenant était qu’il n’arrivait pas à franchir la marche entre les ligues du Japon et les majeures.

Mais bon, les Blue Jays ont tout de même le jeune espoir Nate Pearson, présentement atteint de mononucléose, et le polyvalent ancien lanceur des Dodgers de Los Angeles Ross Stripling en réserve au cas où l’expérience Kikuchi ne serait pas concluante. 

Pourquoi pas Osuna?

Sans parler de la relève où Tim Mayza et Austin Cimber ainsi que le stoppeur canadien Jordan Romano font du très bon travail. J’ai cependant l’impression qu’un autre gros releveur capable de mettre un point final aux matchs pour appuyer Romano et ses balles de feu ne serait pas un luxe. 

Si j’étais le directeur général Ross Atkins, j’essaierais de passer un coup de fil à une ancienne étoile des Jays, Roberto Osuna, qui n’a que 27 ans et perd son temps avec les Diablos Rojos del México dans la Ligue mexicaine de baseball. 

Celui qui a joué dans les majeures pour la dernière fois en 2020 avec les Astros de Houston retire encore les frappeurs à la tonne et maintient une moyenne de points mérités sous la barre de 2.00. Voilà au moins un agent libre qui ne coûterait sûrement pas bien cher...

Des bombardiers

Au bâton, ce n’est pas bien compliqué pour les Blue Jays, ça cogne! Le premier but Vladimir Guerrero Jr. est déjà l’un des meilleurs joueurs des majeures avec ses 48 circuits l’an dernier, le voltigeur Teoscar Hernandez et l’arrêt-court Bo Bichette ont ajouté 29 longues balles chacun, le Cubain Lourdes Gurriel Jr. en a claqué 21 et George Springer, 22 dans une moitié de saison. Imaginez maintenant si «Horhay» reste en santé!

Les Blue Jays devront bien sûr remplacer les 39 circuits du deuxième but Marcus Semien, qui a signé un contrat météorique de 175 millions $ pour sept ans avec les Rangers du Texas, mais Santiago Espinal se débrouille plutôt bien au bâton et Cavan Biggio est capable de rebondir après une saison ordinaire.

L’arrivée de Chapman

D’ailleurs, pour remplacer Biggio, qui avait passé une bonne partie de 2021 au troisième but, les Jays ont décidé de donner 12,5 millions $ par année sur deux ans à l’ancien des Athletics d’Oakland Matt Chapman, un gars qui se distingue par son jeu défensif et qui frappe des circuits, mais qui est aussi retiré au bâton plus souvent qu’à son tour (202 fois l’an dernier). J’aimerais bien vous dire que c’est une mauvaise décision et que je n’y crois pas vraiment, mais j’avais dit la même chose de Semien l’année passée et on connaît tous la suite...

Bref, les «trous» sont rares dans l’alignement de Charlie Montoyo, un gérant intelligent et apprécié de ses joueurs, qui lancera encore dans la mêlée un trio de jeunes receveurs (Danny Jansen, Alejandro Kirk et l’ex-White Sox Zack Collins) qui devrait progresser encore en 2022 

De là à dire qu’on se retrouvera au Rogers Centre en novembre pour l’arrivée de la parade comme il y a trente ans, il n’y a qu’un pas... que je ne franchirai pas. Car je n’oublie pas que dans la même division, il y a aussi les Yankees de New York qui ont aussi un alignement à faire peur et que les Dodgers de Los Angeles continuent d’exister malgré la belle progression des Torontois.

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LE CHIFFRE

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Le nombre de bagues de la Série mondiale remportées par le voltigeur Terrance Gore, qui est toujours sans contrat pour la saison 2022. Gore, reconnu avant tout pour sa vitesse, a la particularité d’avoir plus de bagues de championnat (trois) que de matchs disputés en Série mondiale (un seul, avec les Royals de Kansas City en 2014). Il a obtenu la première en 2015, alors qu’il n’avait disputé que deux matchs dans les séries avec les Royals, la deuxième en 2020 avec les Dodgers de Los Angeles même s’il n’a joué aucun match dans les séries de fin de saison, et la troisième l’an dernier, avec les Braves d’Atlanta, alors qu’il n’a toujours pas disputé un seul match dans l’après-saison. Imaginez, Gore n’est allé au bâton que deux fois (en 2018 avec les Cubs de Chicago) dans les séries et n’a jamais frappé un coup sûr ni soutiré un but sur balles. Le marchand de vitesse a tout de même réussi à voler cinq buts, étant la plupart du temps utilisé comme coureur suppléant. 

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LE GRAND CHELEM

Les Ligues majeures ont autorisé les receveurs et les lanceurs à utiliser des dispositifs électroniques pour communiquer entre eux, éliminant la nécessité pour les receveurs d’utiliser un système de signaux manuels pour indiquer au lanceur quel type de lancer il devrait effectuer et à quel endroit. En plus d’éviter que des équipes, comme les Astros de Houston de 2017, obtiennent un avantage indu en volant les signaux de l’adversaire, il semblerait que l’adoption de ces dispositifs, qui ont été testés durant le camp d’entraînement, accélère le rythme des matchs. C’est ce qu’on appelle du deux en un!

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LE GOLDEN SOMBRERO

Je vous avais annoncé il y a quelques semaines, lors de l’adoption de la nouvelle convention collective entre les propriétaires et les joueurs des ligues majeures, que le baseball majeur se débarrassait en 2022 de la règle du «coureur désigné» en manches supplémentaires. C’était vrai... jusqu’à ce que ça ne le soit plus. Suite au camp d’entraînement écourté et devant la crainte de voir les blessures accabler leurs lanceurs, les proprios ont demandé, et obtenu, que cette règle adoptée depuis la saison 2020 soit ramenée au moins en 2022. On devrait, espérons-le, voir disparaître pour de bon en 2023 cette règle un peu ridicule qui fait qu’un lanceur qui débute la dixième manche et n’accorde aucun coup sûr puisse perdre le match si le «coureur désigné» posté au deuxième but vole le troisième et croise ensuite le marbre à la faveur d’un amorti ou d’un ballon-sacrifice.