Q Quel est le principal objectif du comité?
R Le comité existe depuis onze ans. Le principal objectif est d’informer la population sur les véritables enjeux du prolongement de l’autoroute. On s’oppose carrément à la construction d’un pont au-dessus de la rivière Trois-Pistoles.
Q Pourquoi vous opposez-vous au prolongement de l’autoroute 20 et à la construction d’un pont au-dessus de la rivière Trois-Pistoles?
R Parce que ça met gravement en danger l’intégrité de la vallée de la rivière Trois-Pistoles. Même s’il y en a qui disent que le pont sera juste au-dessus, il reste que les pépines vont être dans la rivière pour poser les poteaux et les assises.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/VAZ2PFJL6NEFLBWUO2AS5YNBJA.jpg)
Q Votre comité rejoint qui?
R Il rejoint monsieur et madame Tout-le-Monde de tous âges. On a organisé une rencontre samedi pour réunir les forces, voir qui était motivé à militer contre le projet, trouver des solutions, etc. Il y avait des gens de toutes les municipalités sur le trajet au complet jusqu’à Rimouski. Donc, on parle de Notre-Dame-des-Neiges, Trois-Pistoles, Saint-Simon, Saint-Mathieu, Saint-Fabien, Le Bic et Rimouski. Il y avait des élus, de très jeunes qui veulent partir des mouvements jeunesse dans les cégeps, des gens plus âgés, des gens du comité du Bic-Saint-Fabien qui sont sur le dossier depuis plus d’une décennie. C’est difficile de caractériser les gens. Ce sont tous des gens sensibilisés et préoccupés par la protection de l’intégrité du territoire. On ratisse vraiment large.
Q Quel était l’objectif de la rencontre de samedi?
R C’était une rencontre de réseautage. On est arrivé avec des propositions. On voulait savoir où étaient les alliés. La suite des choses va être de se créer un plan d’action sous divers aspects, que ce soit sur le plan politique, social ou d’éducation sur le sujet. On va avoir un groupe de recherchistes. On pense refaire des cartes; une géomaticienne était là. Il y avait aussi des biologistes, un juriste et des conseillers municipaux de Saint-Mathieu et de Trois-Pistoles. Une coalition va se former. On va rassembler les équipes. On va avoir une prochaine rencontre au début mai. Présentement, des appels sont faits pour essayer de trouver d’autres gens qui peuvent se joindre à la coalition. On n’aura pas un groupe homogène bas-laurentien; on va avoir le groupe du Bic-Saint-Fabien, le groupe de Saint-Mathieu-Saint-Simon, le groupe de Trois-Pistoles contre le pont, un groupe de communications, un groupe de pression politique. C’est ce qui est ressorti de la rencontre. Il va y avoir une diversité de tactiques et on va essayer de se coordonner ensemble pour avoir une force de frappe plus grande. On veut, entre autres, refaire les cartes pour voir exactement quels milieux sont menacés, combien il y a de milieux humides, combien il y a d’érablières, combien de terres arables. On veut faire une évaluation des commerces qui vont être mis à risque. Il va y avoir beaucoup de travail de recherche qui va se continuer. On a beaucoup de documents.
Q Quelles solutions proposez-vous pour remplacer le projet de prolongement de l’autoroute 20?
R Il n’y a pas une solution. Il faut sortir de cette vieille mentalité comme quoi il n’y a qu’une solution; il y a un ensemble de solutions. C’est souvent là où il y a une déconnexion entre les gens qui sont pour et les gens qui sont contre. Parmi les solutions, il y a le ferroutage, qui est un système consistant à mettre sur les rails des camions qui sont embarqués dans des wagons pour traverser une certaine distance. Les camionneurs sont payés quand même; ils ne perdent pas leur job. En plus, comme ils ont moins d’heures de route à faire, lorsqu’ils débarquent du train, ils peuvent encore faire plusieurs heures de route. La Suisse fait ça. Tout camion qui passe par la Suisse et qui ne s’y arrête pas est mis sur rails et est ressorti l’autre côté. Si on fait ça, on retire de l’axe est-ouest sur la 132 beaucoup de transport lourd qui est un enjeu majeur dès qu’on parle de sécurité. Les gares intermodales revitaliseraient les gares qui ont été fermées dans l’Est. On a une route qui s’appelle le chemin de fer, qui est sous-utilisé, sous-entretenu, privé et qui pourrait être beaucoup plus utilisé pour le transport intermunicipal et interrégional de marchandises et de personnes. Ça rentre dans un tout. Il y a aussi un enjeu économique. La 20 créerait un enclavement des municipalités. On peut juste regarder ce qui se passe à L’Isle-Verte: les commerces peinent à survivre depuis que la 20 détourne littéralement le trafic du village. La mairesse en parle ouvertement. On peut aussi parler de la vingtaine d’acériculteurs dont le gagne-pain est menacé par le passage de la 20. On ne peut pas parler de développement économique quand une route menace plein de petits entrepreneurs qui ont mis leur coeur dans leur commerce pendant des années. Le prolongement de la 20, c’est un projet des années ‘80. L’impact sur tous les commerces des petits villages sur la 132, il faut vraiment étudier ça avec un œil de 2022. Le pont au-dessus de la rivière Trois-Pistoles a été étudié il y a vingt ans passés. On n’avait pas les mêmes enjeux environnementaux. Les scientifiques du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] disent qu’il faudrait arrêter d’utiliser nos automobiles et les garder le plus longtemps possible. Ils sont pas mal plus radicaux que le petit groupe d’environnementalistes de Trois-Pistoles! Nous, on comprend la réalité régionale. On dit qu’on peut améliorer le train, le transport en commun et le covoiturage. On est pour un meilleur développement. On dit que créer cette route-là en 2022 avec ce qu’on sait sur les changements climatiques, c’est plus de 5 000 tonnes de GES [gaz à effet de serre] et ça ne comprend pas la perte de captation de carbone de chaque arbre.