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En fait, ce n’est pas parce qu’on peut sentir quelque chose ou qu’une odeur passe à travers un masque qu’il s’agit forcément d’aérosols — même si ça peut en être. «Pour qu’on puisse dire que c’est un aérosol, il faut que ce soit une particule solide ou liquide, et il faut qu’elle soit suffisamment petite pour rester en suspension dans l’air pendant un certain temps», explique Caroline Duchaine, spécialiste des bioaérosols de l’Université Laval.

Les parfums, eux, sont souvent fabriqués à base d’alcool ou d’autres substances que l’on dit «volatiles», ce qui signifie qu’elles s’évaporent facilement à température ambiante. Or un gaz n’est justement pas des aérosols. À la limite, si on vaporise du parfum dans les airs, une partie des gouttelettes très fines pourront subsister sous forme liquide pendant un certain temps, et alors être considérés comme des aérosols. Mais sitôt les microgouttelettes évaporées, ce sont des gaz que l’on sent, pas des aérosols.

La définition «classique» des aérosols veut que les particules doivent mesurer moins de 5 microns (µm) : en-dessous de ce seuil, on a affaire à des aérosols qui restent suspendus longtemps dans les airs ; au-dessus, ce sont des gouttelettes ou des poussières qui retombent rapidement au sol. Mais le débat autour du mode principal de transmission de la COVID est venu rappelé à tout le monde à quel point ces limites sont arbitraires. En fait, il s’agit d’un continuum où des particules ayant un diamètre de plus de 5 µm peuvent quand même demeurer dans l’air pendant assez longtemps. D’après une étude parue en 2006 dans la revue médicale Emerging Infectious Diseases, des particules de 5 µm qu’on lâcherait à une hauteur de 3 mètres mettraient un peu plus d’une heure avant de se déposer au sol. À 100 µm, il faut seulement 10 secondes mais, à 20 µg, la «chute» prend quand même 4 minutes, et c’est 17 minutes pour les particules de 10 µm. Il y a donc des particules qui sont trop grosses pour êtres considérées comme des aérosols «officiels» mais qui peuvent quand même rester suspendues dans les airs un bon bout de temps.

Et encore, c’est sans compter que ces mesures ont été prises dans des endroits où l’air était immobile — on conçoit aisément que le délais avant d’atteindre le sol peut être beaucoup plus long s’il y a des courants d’air. Et c’est aussi sans compter, ajoute Mme Duchaine, qu’au-delà de la taille, les caractéristiques des particules peuvent les aider à rester en suspension pendant longtemps. Par exemple, chez les plantes qui comptent principalement sur le vent (au lieu des insectes) pour la dispersion de leur pollen, les grains de pollen sont trop gros pour correspondre à la définition classique des aérosols, mesurant généralement entre 17 et 58 µm de diamètre. Mais chez ces espèces, les grains de pollen sont souvent munis de sortes «ballons» nommés saccus qui augmentent la surface du grain et qui lui donnent une meilleure «flottabilité» dans les airs. Ça leur permet donc d’avoir essentiellement le même comportement que des aérosols. Certains microbes, notamment la tuberculose, ont également des caractéristiques qui favorisent la suspension dans les airs, ajoute Mme Duchaine.

Fait intéressant, souligne-t-elle, du point de vue des odeurs, les gaz et les aérosols peuvent parfois conjuguer leurs efforts, pour ainsi dire. Par exemple, «si vous respirez du sulfure d’hydrogène (H₂S), vous allez le sentir : ça sent les œufs pourris. Mais le H₂S est un gaz qui va simplement suivre le reste des gaz lors de la respiration, donc aller dans les poumons et ressortir [et on ne «sent» pas cette partie-là du gaz]. Mais des fois le H₂S ou d’autres gaz peuvent s’adsorber [ndlr : adhérer à la surface] sur des particules, et alors ils auront plus de chance d’être capturés dans votre nez, et donc d’être sentis.»

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«Le printemps est arrivé il y a quelques jours, avec l’équinoxe. Or je ne comprends pas pourquoi on a dit aux nouvelles que «le printemps arrive à 11h32». Qu’est-ce qui justifie une telle précision sur le moment de l’arrivée du printemps ?», demande Simon-Pierre Pelletier, de La Pocatière.

Historiquement, l’équinoxe était la journée où la durée du jour est égale à celle de la nuit — enfin, le plus égal possible, ça ne l’est jamais parfaitement. Mais en science, ce n’est pas la définition que l’on retient. Il s’agit plutôt d’un «instant», une chose qui survient à un moment précis et sans durée.

Pour le comprendre, figurez-vous une longue, longue ficelle qui partirait du centre de la Terre et qui rejoindrait en ligne droite le centre du Soleil. Comme l’axe de rotation terrestre est incliné, le point sur le sol par où cette ficelle «sortirait de terre», pour ainsi dire, changerait selon la saison : en été, ce point serait situé dans l’hémisphère nord parce que c’est alors cette hémisphère qui penche vers le Soleil; et en hiver, la ficelle sortirait du sol dans l’hémisphère sud.

Or ce va-et-vient implique forcément que, deux fois par année, la ficelle va traverser l’équateur. Et les équinoxes, c’est tout simplement ça : l’instant infiniment bref où la ficelle (infiniment mince) croise cette ligne imaginaire (elle aussi infiniment mince) qu’est l’équateur. C’est pour cela que l’on peut annoncer l’arrivée du printemps à la minute près — et l’on pourrait même être beaucoup plus précis si on le voulait !

Ajoutons à cela que les solstices sont les instants, eux aussi infiniment brefs, où la ficelle arrive à son point le plus au nord (solstice d’été) ou le plus au sud (solstice d’hiver).

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Vous vous posez des questions sur le monde qui vous entoure ? Qu’elles concernent la physique, la biologie ou toute autre discipline, notre journaliste se fera un plaisir d’y répondre. À nos yeux, il n’existe aucune «question idiote», aucune question «trop petite» pour être intéressante ! Alors écrivez-nous à : jfcliche@lesoleil.com.

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