On ne s’étonne pas que celui-ci ait voulu que sa sélection soit guidée par le plaisir de créer. Visiteur assidu de toutes les expositions d’art visuel, même les plus confidentielles, Paul Brunet semble tirer autant de bonheur à découvrir le travail des autres qu’à peindre lui-même, en utilisant avec flegme pigments et technologies numériques.

Derrière ses détournements des icônes pop ou ses allégories plus intimistes, sa joie vive irradie comme une substance radioactive.

On se souviendra qu’il a coordonné pendant des années le dynamique symposium de peinture actuelle Pan ! peinture.

On pourra bientôt voir une de ses œuvres intégrée à l’architecture de l’agrandissement de l’école des Pionniers, à Saint-Augustin, école qu’il a lui-même fréquentée.

L’Espace 400e est un terrain de jeu à la hauteur de ses ambitions : vaste et susceptible d’attirer un vaste éventail de passants, pas seulement les collectionneurs en chasse.

Au rez-de-chaussée, les sept galeries participantes auront chacune un kiosque, près d’une boutique du Musée national des beaux-arts du Québec et d’un espace de consultation et de commande de François Simard encadreur.

La revanche des kiosques

Depuis sa fondation, la Foire se présente comme une exposition collective de densité variable, en refusant les cloisons qui caractérisent les événements du même genre. Paul Brunet ose un hybride.

La Galerie Michel Guimont, devenue virtuelle et centrée sur le marché secondaire, sera présente pour une dernière fois avec une sélection «en phase avec l’esprit de découverte de la Foire», note Paul Brunet.

La Galerie.a est la seule autre représentante de la capitale auprès de cinq galeries montréalaises, dont la plupart participent à la FAAQ pour la première fois.

Au troisième étage, des artistes sélectionnés chez les galeries présentes et des artistes non représentés sont rassemblés autour de la thématique des pratiques picturales et de la technologie.

On y retrouvera des œuvres de Andrée-Anne Mercier (Robertson Arès), Alexandra Levasseur (C.O.A), Mathieu Lacroix (McBride), Antoine Lortie (Galerie.a), David Lafrance (Hugues Charbonneau) et Maude Corriveau (Nicolas Robert).

Céramique et matériaux mixtes

Les trois salles qui se déploient au fil des escaliers accueilleront des œuvres des artistes non représentés — toujours majoritaires à la Foire, ce qui mousse l’intérêt de la chose.

On remarque une forte présence de céramistes, «la tendance de l’année», selon le commissaire.

Hea R. Kim, créatrice d’un attrayant bestiaire aux accents kitsch, et William Mora, qui s’inspire de son héritage colombien et de son intérêt pour la typographie, proposent notamment un travail singulier dans ce médium.

L’illustratrice et céramiste d’expérience Pascale Bourguignon fait également partie de la sélection.

On note d’ailleurs le nom de Marcel Jean, qui a enseigné à de nombreux peintres à l’Université Laval, dont Paul Brunet ainsi que Peio Eliceiry et Benoît Blondeau, qui participent tous deux à la Foire cette année.

Celui qui s’est toujours tenu loin du marché de l’art a été séduit par l’idée d’exposer avec la prochaine génération. «J'essaie toujours de rassembler des jeunes, des artistes à mi-carrière et des artistes plus âgés. Ça crée toujours des échanges intéressants», souligne le commissaire.

Jacynthe Carrier, dont le travail photographique qui découle de performances collectives sur le territoire fait partie de collections muséales et nationales, intéressera certainement les collectionneurs avisés.

Côté découvertes, Paul Brunet mentionne la peinture réaliste saisissante de Kyle Williams, de Kahnawake. Le travail de Stanley Février, à qui un solo a été consacré au MNBAQ, a aussi retenu récemment l’attention du commissaire.

Berirouche Feddal, «la nouvelle sensation à Montréal», a crée spécialement pour la Foire un clin d’œil à la série Bleu-Blanc-Rouge de Serge Lemoyne, appliqué au soccer et à la culture algérienne.

La thématique de la Foire est d’ailleurs directement inspirée de la toile Paradis Liberté de Lemoyne, une des premières œuvres picturales québécoises avec une influence assumée du numérique.

La Foire en art actuel aura lieu à L’Espace 400^e du 25 au 27 mars (vernissage VIP le 24 mars). Info : foireartactuel.ca