Alors que les conditions favorables à l’achat de véhicules électrifiés sont là, la disponibilité de ceux-ci fait toujours défaut. Et ce, malgré une offre grandissante de nouveaux modèles.
Des automobilistes peuvent attendre plusieurs mois, voire des années avant de pouvoir prendre le volant de leur véhicule électrique. Plusieurs constructeurs mettent la faute sur la pénurie des microprocesseurs qui frappe l’industrie depuis le début de la pandémie.
D’autres ne sont pas du même avis, comme Daniel Breton, pdg de Mobilité électrique Canada, qui a déjà occupé la fonction de ministre de l’Environnement au sein du gouvernement de Pauline Marois. Il est de ceux qui jugent que dans le projet de modification de règlements de la Loi visant l’augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au Québec, le gouvernement du Québec ne réglera pas le problème de disponibilité de véhicules électriques, par manque de mordant dans ses mesures.
«Le ministre [de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette] l’a dit lui-même. Les constructeurs ont accumulé tellement de crédits qu’ils n’auront pas grand-chose à faire pour atteindre leurs objectifs [en vertu de la loi sur les véhicules zéro émission] et qu’il faut resserrer les normes. Sauf que ce qu’il propose dans l’analyse d’impact [pour modifier les règlements], c’est le contraire! Il ne resserrera pas les normes, en tout cas, pas d’ici sept ans», dit-il.
M. Breton nous amène à un tableau dans l’analyse d’impact qui montre les exigences des crédits en vertu des actuels règlements de la loi zéro émission et les nouvelles normes qui seraient mises en place à partir de 2025. Ce tableau illustre que l’ancienne norme prévoyait un objectif de crédits accordés aux ventes de véhicules zéro émission à 19,5 % par rapport aux ventes totales. La nouvelle norme rabaisse cet objectif à 12,5 % en 2025.
«Une voiture [électrifiée] pouvait donner jusqu’à quatre crédits aux constructeurs. […] Là, ils arrivent en 2025 et ils changent le système de crédits. On passe de jusqu’à quatre crédits à un crédit par véhicule électrique et un demi-crédit par véhicule hybride rechargeable avec 80 kilomètres d’autonomie ou plus», explique M. Breton, qui ajoute que la nouvelle norme ferait en sorte rabaisser les exigences du gouvernement envers les constructeurs. Il croit que cette nouvelle norme lance un message contradictoire aux constructeurs automobiles, dans l’objectif de vente de véhicules électriques, alors que les conditions sont réunies pour en vendre plus.
MEC a d’ailleurs lancé jeudi son Plan d’action VÉ 2030 qui préconise que 100 % des ventes de véhicules de tourisme soient des véhicules 100 % électriques en 2030. Pour les véhicules moyens et lourds, ainsi que les véhicules hors route, MEC fixe cet objectif à 10 ans plus tard, soit en 2040.
«Il faut faire plus et plus vite. Il faut accélérer l’électrification dans les transports», lance Daniel Breton, pdg de MEC, durant une rencontre virtuelle. Il a déjà occupé la fonction de ministre de l’Environnement dans le cabinet de Pauline Marois dans la première moitié des années 2010.
«Notre initiative est en lien direct avec la COP26 qui se déroule à Glasgow, en Écosse. D’ailleurs, la semaine prochaine, les discussions à la COP26 porteront sur l’électrification dans les transports», ajoute-t-il.
MEC a lancé son Plan d’action VÉ 2030 afin d’aider le Canada à atteindre ses objectifs climatiques pour 2030. Le Canada s’est fixé un objectif de réduire de 40 % à 45 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à ses niveaux d’émission de 2005 d’ici 2030.
«Rappelons qu’au cours des 14 années entre 2005 et 2019, les émissions de GES du Canada n’ont diminué que de 1 %, ce qui signifie qu’il ne nous reste que neuf ans pour diminuer nos émissions de GES d’un autre 39 % à 44 %», avance M. Breton.
«D’autant plus que c’est aussi un enjeu de santé publique. Santé Canada a estimé le coût économique de la pollution atmosphérique à la somme faramineuse de 120 milliards $ et 15 300 décès, soit huit fois le nombre de décès sur la route. Un pourcentage significatif de cette pollution atmosphérique provient du secteur des transports», rappelle-t-il.
Trente-deux recommandations
Le plan d’action de MEC compte 32 recommandations, réunies sous six volets — qui sont les piliers de ce document —, soient l’adoption de véhicules électriques légers par les consommateurs; l’électrification des parcs de véhicules moyens, lourds et hors route; le plan national de déploiement des infrastructures de VÉ; la stratégie d’électrification des transports 2030 et réglementation des VÉ; les emplois et la capacité de fabrication de VÉ au Canada et enfin le leadership du fédéral.
Association nationale à but non lucratif, MEC se dévoue exclusivement à la promotion de l’électromobilité comme moyen novateur et efficace de combattre les changements climatiques et de stimuler l’économie canadienne. Elle compte près de 100 membres provenant de différentes sphères d’activités liées à l’électrification des transports. Ce sont notamment des entreprises des secteurs de l’automobile, de la fabrication de composants pour véhicules électriques, des gestionnaires de parcs automobiles, des associations, des municipalités et des sociétés d’État.
Sur Internet : 2030evactionplan.ca/fr/