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Le ton conciliant du nouveau maire Bruno Marchand, sa façon de gérer les crises et la poursuite des grands projets de l’ancienne administration ont forcé le plus souvent son adhésion.

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L’ancien parti de Régis Labeaume avait pris le nom de sa dauphine, Marie-Josée Savard, avant les élections municipales. Mais dès le lendemain d’un 7 novembre crève-cœur pour la nouvelle cheffe, le changement de nom s’est imposé pour les élus.

Le renouveau identitaire du parti a été dévoilé lundi. Le processus de changement a été officialisé lundi auprès du Directeur général des élections du Québec. Les couleurs de la bannière sont demeurées les mêmes, c’était voulu.

«Il fallait continuer d’assumer l’héritage de l’administration [précédente], mais, aussi, il fallait incarner les [aspirations] d’une nouvelle génération d’élus», résume le chef Claude Villeneuve. Le nouveau nom, Québec d’abord, permet aux élus de la formation de «renouveler [leurs] vœux».

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La nouvelle appellation, qui est le fruit d’une réflexion des élus de la formation, traduit donc cette volonté de l’équipe de servir les citoyens de Québec «d’abord», explique le chef Claude Villeneuve. Elle incarne aussi cette idée que les gens se tournent souvent vers leur administration municipale lorsqu’ils ont des questions. «Ce sera toujours le travail de la ville de Québec d’abord», ajoute-t-il.

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En tant qu’opposition officielle, «c’est ce qu’on essaie de faire avec rigueur, en mettant toujours l’intérêt de Québec d’abord et avant tout», a-t-il ajouté, entouré des sept autres conseillers qui forment l’opposition officielle.

Un nouveau départ

Québec d’abord regroupe donc désormais huit conseillers à l’hôtel de ville.

Le conseiller du Plateau, David Weiser, a annoncé dimanche un changement de camp pour rejoindre le parti du maire, Québec forte et fière. Ses responsabilités au sein du cabinet fantôme de l’opposition officielle seront donc réattribuées parmi les autres conseillers.

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Depuis l’élection municipale, il est le deuxième à quitter les rangs de l’opposition officielle. Le conseiller du district Lac-Saint-Charles–Saint-Émile, Steeve Verret, avait quant à lui fait le choix de devenir indépendant.

La journée de lundi était cependant un «moment charnière» pour l’équipe, selon M. Villeneuve, qui continuera d’assumer les fonctions de chef intérimaire.

«On dévoile notre identité, on choisit ce vers quoi on veut converger au cours des prochaines années, quel message on veut porter. Tout le monde qui est ici doit être à l’aise avec ce qu’on veut être. S’il y a une personne qui ne voulait pas s’inscrire là-dedans, c’était peut-être le bon moment de le faire», résume M. Villeneuve.

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En annonçant son nouveau nom, «Québec d'abord», le parti d’opposition dit identifier aussi le terrain où il veut se battre et essayer de se démarquer : celui du rapport de force avec le gouvernement du Québec.

«Mettre Québec en avant», souhaite le chef Claude Villeneuve qui voudrait que la Ville de Québec soit plus ferme dans le ton et l’ampleur de ses revendications. Sur le tramway, sur le logement, sur le nickel, etc.

«Cela va nous différencier assez vite», prédit-il.

Le changement de nom du parti était «annoncé» depuis le soir de la dernière élection. Le nom «Québec d'abord» fait penser à celui de plusieurs partis municipaux en Colombie-Britannique (Vancouver First, Burnaby First, etc.)

Ce que ce nouveau nom va changer?

D’abord, une commodité de langage. Il fallait bien un nom à ce parti et celui d’Équipe Savard ne rimait plus à rien.

Pour le reste, trop tôt pour dire si «Québec d'abord» pourra s’imposer comme véritable «image de marque»

Pour une majorité de citoyens, le nom des partis politiques municipaux n’a pas beaucoup d’importance. Pour ne pas dire, pas du tout.

Sauf quand il s’agit du nom d’un leader qui a acquis une grande notoriété, comme c’était le cas de monsieur Labeaume. Le nom du parti agit alors comme une locomotive.

Lorsque les leaders sont peu ou moins connus, des partis municipaux vont souvent retenir des noms plus génériques ou passe-partout.

Des substantifs, qualificatifs ou adverbes accolés au nom de la ville : «Action», «Alliance», «Progrès», «Ensemble», «Renouveau», «Autrement», «Démocratie», «Vision», «Option», «Mouvement citoyen», etc. Il y a beaucoup de répétitions dans la liste des 179 partis municipaux reconnus par le Directeur général des Élections.

Le nom de Québec Forte et Fière, le parti du nouveau maire, reprend un ancien slogan de Équipe Labeaume. Les mots envoient un message inspirant peut-être, mais sans qu’on sache précisément de quoi on parle.

Québec était déjà forte et fière avant, a rappelé avec justesse M. Villeneuve.

Le nom de Transition Québec, parti écologiste dirigé par Jackie Smith, est plus explicite. Il évoque la transition climatique, fer de lance du parti.

Québec 21, qui a été la principale opposition à l’hôtel de ville de 2017 à 2021, s’apprête aussi à changer de nom. Probablement d’ici l’été.

Le parti estime que le nom actuel est brûlé à cause des vieilles querelles intestines. Il veut maintenant aller «ailleurs».

***

Les élus qui incarnaient la continuité d’Équipe Labeaume auront mis une centaine de jours à bien se connaître et à «renouveler leurs voeux» autour de la nouvelle identité de Québec d'abord.

Le parti a-t-il choisi le bon cheval de bataille en misant sur un rapport de force avec le gouvernement inspiré par le modèle Labeaume?

Ce positionnement repose sur l’hypothèse que la ville de Québec a été bien servie par le ton revendicateur et parfois tonitruant de l’ex-maire Labeaume.

Il est vrai que Québec a beaucoup obtenu des gouvernements libéraux de Jean Charest et de Philippe Couillard.

Le désir de plaire au maire de Québec (ou la peur de lui déplaire) a même provoqué un schisme au gouvernement Parti Québécois lors du débat sur le financement de l’amphithéâtre.

Pendant ces années-là, au tournant de 2010, Montréal souffrait d’un grave déficit de leadership et était enlisée dans les scandales de construction et de financement politique.

M. Labeaume est alors devenu le politicien le plus populaire au Québec, tout niveau politique confondu.

Sa forte personnalité, combinée à une énorme visibilité média et à un vacuum politique ailleurs, lui a procuré un formidable rapport de force auprès du gouvernement.

Ce rapport de force avait cependant commencé à s’émousser avec le retour en force de Montréal et la montée de Gilles Lehouillier comme leader régional de la région. M. Labeaume n’était plus seul en piste.

Le déclin s’est accéléré après l’élection du gouvernement Legault.

Élue presque partout sur les deux rives, la CAQ n’avait pas besoin de l’appui du maire Labeaume pour asseoir son autorité sur la région.

Je la soupçonne même d’avoir trouvé plaisir à montrer qui était le nouveau shérif en ville.

Cela a coïncidé avec l’usure du temps et une baisse d’énergie du maire Labeaume. La pandémie a fait le reste.

Il en a résulté des relations difficiles et des retards dans l’approbation du projet de tramway. La discorde a culminé avec la lettre publique de M. Labeaume à M. Legault la veille de son départ.

Le ton conciliant du nouveau maire Marchand a permis de rétablir rapidement les ponts avec le gouvernement de la CAQ et d’obtenir une ouverture à un financement accru du tramway.

Le premier véritable test sur le rapport de force du nouveau maire risque cependant de venir avec le projet de norme sur le nickel.

M. Marchand n’avait pas vraiment le choix d’adopter un ton modéré, analyse Philippe Dubois, du Groupe de recherche en communication publique à l’Université Laval.

«M. Marchand ne pouvait pas faire du Labeaume.» Nouveau venu, il n’avait pas le capital de M. Labeaume, n’avait pas ses réseaux et est minoritaire au conseil. Ce contexte ne favorisait pas une montée au créneau.

Plutôt que de se confronter directement au gouvernement, le maire a convoqué un comité plénier et obtenu l’appui unanime des membres du conseil contre le projet.

Une stratégie habile, note M. Dubois. Ce n’est pas le maire qui s’oppose au règlement sur le nickel, mais le conseil municipal. Cela permet de défendre l’intérêt de la ville sans sacrifier sa relation personnelle avec le gouvernement.

Reste à voir le résultat.

***

À la veille des élections provinciales, on pourrait faire l’hypothèse que le gouvernement de la CAQ voudra se montrer conciliant.

Sur le tramway par exemple, le gouvernement était peut-être content de montrer que les relations difficiles avec Québec, ce n’était pas de sa faute, mais de celle du maire Labeaume. À preuve, ça marche maintenant.

D’autres éléments encore difficiles à mesurer pourraient aussi influencer le rapport de force dans la région de Québec.

La lassitude des contraintes et des choix de lutte à la pandémie a altéré les appuis au gouvernement. Cela va-t-il durer?

La montée du Parti conservateur de Éric Duhaime, particulièrement dans la région de Québec, peut-elle inquiéter des élus de la CAQ?

Un gouvernement qui se sentirait moins sûr de lui à Québec serait-il enclin à être plus accommodant avec un maire de Québec en pleine ascension?

***

C’est connu, le rapport de force d’une ville ou d’un groupe de pression repose pour beaucoup sur son poids dans les médias.

Cela suggère que tout se joue dans l’espace public.

Il y a cependant un autre «rapport de force» qui se joue loin des regards, dans les officines gouvernementales : celui de la persuasion et des argumentaires menés par les fonctionnaires municipaux, notamment aux tables de consultation des ministères.

Une administration municipale qui s’y investit arrivera souvent à convaincre les fonctionnaires du gouvernement qui rédigent les politiques et ont une influence ensuite sur les décisions politiques.

Personne ne reçoit le crédit pour ces négociations de l’ombre, mais c’est une autre façon de dire Québec d’abord.

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