Q. Avez-vous fait du PCQ une ADQ 2.0?
R. Il y a des similitudes. Sur la place que l’on veut faire au privé en santé, le fait qu’on veut donner l’argent directement aux parents pour les services de garde, le fait qu’on veut réduire la taille de l’État. On est une alternative de centre droit et, à cet égard, oui.
Mais dans le contexte de 2022, c’est plus large. On vient de passer deux années où nos droits, nos libertés, notre démocratie ont été bafoués. Beaucoup de gens rallient le Parti conservateur du Québec parce qu’ils sont à la recherche de gens qui vont valoriser leurs droits, leurs libertés et la démocratie. On est une coalition plus large à cet égard.
Q. Acceptez-vous l’étiquette de droite radicale?
R. Pas du tout. Au contraire, on est très modéré. Vouloir faire une place intelligente au secteur privé en santé, comme le font la majorité des pays européens, je trouve ça très modéré. Ce que je trouve radical, c’est d’avoir un monopole public où on empêche la concurrence.
Même chose pour les finances publiques. Avoir une saine gestion des dépenses, il n’y a rien de radical là-dedans. Ce que je trouve radical, c’est les déficits historiques qu’on accumule ces années-ci. Donc, on est une alternative somme toute modérée.
Q. Le privé en santé, c’est quoi?
R. Il faut d’abord dire qu’on est favorable à l’universalité. On ne veut remplacer d’aucune façon la carte d’assurance maladie par une carte de crédit.
L’idée, c’est que les services soient gratuits, mais que ce soit une assurance. En tant que Québécois, on paie 1 milliard $ par semaine pour un service de santé. Le minimum, c’est que quand on en a besoin, il soit disponible.
S’il n’est pas capable de répondre dans des délais raisonnables, il faut avoir la possibilité, comme en Suède, de pouvoir se faire soigner dans des institutions privées et le public va payer, parce qu’on paie déjà une assurance publique via nos taxes et nos impôts.
Q. Vous venez de présenter deux médecins qui seront candidats pour votre parti. Être médecin est-il gage de succès pour réformer le système de santé? Les libéraux , avec MM. Couillard et Barrette, ont déjà essayé...
R. Le Parti québécois aussi. Vous avez raison, ce n’est pas un gage de succès!
Ce n’est pas parce qu’ils sont médecins que je les ai présentés. C’est avant tout parce qu’ils connaissent bien le système, ont des idées sur comment le reconstruire et voient au quotidien l’état lamentable dans lequel il se trouve depuis quelques années. C’est plus à ce titre que leur candidature est intéressante.
Q. Vous êtes pour l’exploitation du pétrole et du gaz naturel au Québec. L’avenir est aux technologies vertes, pourquoi ce retour en arrière?
R. Ce n’est pas un retour en arrière. Au contraire, c’est une transition. Personne ne dit que demain matin, on va arrêter de consommer du pétrole. Ce serait démagogique. On sait qu’on est en transition pour encore quelques décennies.
On prévoit même qu’au cours des prochaines années, même des prochaines décennies, la consommation et la demande pour par exemple le gaz naturel vont augmenter.
Au Québec, on a deux choix. Est-ce qu’on veut continuer à importer ça, transporter ça sur des centaines, des milliers de kilomètres et amener ça au Québec? Ou est-ce qu’on veut générer des emplois comme producteurs, au Québec, avec des réglementations plus environnementales et créer des jobs chez nous, bien rémunérés?
Je choisis la deuxième option. Les quatre autres partis préfèrent avoir des beaux discours verts, envoyer les jobs à l’étranger et faire circuler le gaz sur des milliers de kilomètres, avec tous les risques que ça comporte.
Q. Vous critiquez François Legault pour ses déficits. Un gouvernement conservateur réaliserait un retour à l’équilibre budgétaire en combien de temps?
R. On s’est donné le premier mandat. On veut respecter la Loi sur l’équilibre budgétaire. On a présentement quatre partis à l’Assemblée nationale qui promettent de violer cette loi.
Q. Dans un parti qui grandit rapidement, comment choisir des candidats tout en écartant les exaltés ou les extrémistes?
R. On a un comité de sélection des candidats. On a tout un processus. C’est important d’avoir les meilleurs candidats et c’est sûr que ça peut faire beaucoup de distractions. Ça va prendre une rigueur. On sait qu’on va être l’objet de plus de... supervision que les autres partis! Que nos candidats vont se faire scruter un peu plus que les autres.
En même temps, tout le monde a dit des choses, moi le premier, et qui vont refaire surface en campagne. Ça fait partie de la politique. Il faut apprendre à vivre avec ça.
Q. Craignez-vous des douleurs de croissance pour votre parti?
R. C’est évident. Plus on monte, plus on devient une cible. Je le sens de plus en plus. Les quatre autres partis nous voient comme une menace réelle, maintenant. Les attaques sont de plus en plus virulentes.
Q. Pourquoi un tel score dans la région de Québec?
R. Je suis plus connu à Québec. Pendant 10 ans, j’ai eu un micro dans la région. Les gens de Québec me connaissent plus et quand ta notoriété est plus élevée, c’est normal qu’ils aient plus de sympathie pour toi et plus d’appuis.
À Montréal, ils me connaissent par des citations hors contexte véhiculées par des humoristes ou des journalistes partisans. C’est sûr que ça déforme un peu la réalité et ça fait peur à quelques-uns. Les gens de Québec savent exactement où je loge et ce n’est pas une citation hors contexte qui va les faire changer d’idée.
Aussi, à Québec, le débat gauche-droite est arrivé bien avant le reste du Québec. Pendant qu’à Montréal, il y avait des grosses chicanes entre les anglos et les francos, à Québec, la question constitutionnelle était moins pertinente dans l’espace public.
C’est des facteurs comme ceux-là qui expliquent qu’il y a un fond conservateur plus important à Québec.
Q. Ce serait parce qu’on vous connaît mal à l’extérieur de Québec que vous y êtes moins populaire?
R. Il y a des gens qui ne me connaissent pas du tout! C’est un défi qu’on a en tant que parti. C’est aussi pour ça qu’on a encore un potentiel de croissance, particulièrement à l’extérieur de Québec. Les gens vont apprendre à me connaître. On est rendu là dans notre croissance.