La cuisine ensoleillée d'Helena

La cheffe Helena Loureiro décrit sa cuisine avant tout comme une «cuisine de produits» qui mise sur la fraîcheur.

Dans les prochaines semaines, la cheffe d’origine portugaise Helena Loureiro vivra au rythme de l’ouverture de son nouveau restaurant dans la capitale. 


Bien connu des Montréalais depuis son ouverture dans la métropole en 2012, le Restaurant Helena s’apprête à faire découvrir sa fine cuisine portugaise à l’autre bout de la 20, en s’établissant dans le District Gourmet du QG Sainte-Foy. On espère y accueillir les premiers clients dès la semaine prochaine, avec une préouverture les 25 et 26 février.

«Depuis le mois de décembre, je viens de voir que j’ai mis 12 000 km sur ma voiture!» indique Helena Loureiro, qui ne compte plus les allers-retours entre la métropole et la capitale. La cheffe a même choisi de déménager à Québec pour l’inauguration du nouveau Helena. «J’ai un condo ici, je vais rester jusqu’à ce que je sente que mon équipe s’est bien adaptée à ma cuisine, à ma philosophie, à comment je veux transmettre ma passion à mes clients, en les faisant voyager au Portugal», explique-t-elle.

Les produits d’abord

La cheffe Loureiro décrit sa cuisine avant tout comme une «cuisine de produits» qui mise sur la fraîcheur. «Je ne laisse personne dans mes équipes faire mes commandes. J’adore le contact direct avec les fournisseurs, les producteurs, savoir qui fait pousser mes fines herbes, c’est important pour moi», souligne-t-elle. 

En saison, la cheffe met de l’avant les produits locaux, par exemple des poissons et fruits de mer des Îles-de-la-Madeleine. Mais elle fait venir aussi plusieurs spécialités directement du Portugal, dont le poisson qui est livré deux fois par semaine, en moins de 24h. La fameuse pieuvre — un incontournable au menu d’Helena — provient des îles Canaries ou du Maroc. L’huile d’olive utilisée par la cheffe est produite par son père et son frère dans sa terre natale, la sauce piri-piri est aussi faite maison.

La pieuvre grillée, un incontournable au menu d'Helena

«Je choisis vraiment mes produits, je n’ai rien à camoufler, rien à cacher. La pieuvre, elle est très bonne si elle est de bonne qualité et bien préparée, mais sinon, ça peut être très mauvais», convient Helena Loureiro. Elle mentionne d’ailleurs que le mollusque est son «plus gros vendeur» à Québec — il a été ajouté au menu de son comptoir de poulet portugais Grelha Lisboa, ouvert à l’automne dans le District Gourmet.

La cheffe ne manque pas de souligner l’ouverture des Québécois à découvrir diverses cuisines : «Ce sont les meilleurs clients au monde! Ils ont l’esprit ouvert, veulent tout goûter et n’ont pas peur de s’aventurer, contrairement à nous les Européens qui sommes beaucoup plus traditionalistes».

Les fruits de mer grillés sont une des spécialités chez Helena.

Une signature

La cuisine que propose Helena, «je n’appelle pas ça la cuisine typique portugaise, j’appelle ça la cuisine d’Helena. On la modifie à tous les jours. On n’invente rien mais on l’interprète, on innove à notre façon. Les voyages, les saveurs du monde, ça m’inspire énormément pour faire des plats différents avec mes produits et mes saveurs à moi».

Bien que son menu varie au gré des arrivages, certains plats sont désormais indélogeables : outre la pieuvre grillée, la cheffe signale entre autres les fruits de mer grillés à partager, le riz aux fruits de mer ou encore la salade d’asperges grillées avec crème d’amandes, fromage São Jorge, prosciutto serrano et vinaigrette à l’érable — «je ne peux pas l’enlever du menu, en hiver j’importe mes asperges même si ça coûte plus cher».

Très populaire, la salade d'asperges est au menu en tout temps.

Normalement, Helena Loureiro effectue quatre voyages par année au Portugal, toujours à la recherche de nouveaux produits, mais aussi de nouveaux vins. Elle fait d’ailleurs l’importation privée de vins portugais, qui garnissent la carte de ses restaurants, et produit aussi son propre vin depuis une dizaine d’années. 

«J’ai une amie qui est cheffe dans le sud du Portugal, dans la région de l’Alentejo. Elle a aussi son vignoble et on s’est amusées à faire un vin ensemble, on a goûté plusieurs cépages et on a fait un assemblage qu’on aimait toutes les deux», indique la cheffe. Sa cuvée annuelle représente environ 5000 bouteilles de vin rouge et 3500 de vin blanc.

«Je ne me gêne pas pour dire que les vins portugais ont un excellent rapport qualité-prix. Ils ne sont pas encore chers car ils ne sont pas assez connus, contrairement aux vins d’Italie ou de France, qui peuvent être trois fois le prix», souligne Mme Loureiro.

La cheffe est originaire d'un petit village au centre du Portugal nommé Serra de Santo Antonio.

Toujours passionnée

La cheffe originaire d’un petit village au centre du Portugal est arrivée à Montréal en 1988. «J’avais le goût de voir New York, pour moi l’aventure c’était d’aller là», raconte Helena Loureiro, qui s’y est rendue avant de poser ses valises dans la métropole. «Ce que j’ai trouvé au Québec que je ne trouvais pas ailleurs, c’est mon côté européen : autant dans la mentalité des gens que dans la vie comme telle, c’est ce qui m’a fait rester.»

Celle qui avait déjà une base en français a d’abord été cheffe dans une garderie pendant une douzaine d’années. «Mes enfants ont grandi dans une garderie. Quand Pauline Marois est arrivée en éducation, c’est la meilleure chose que j’ai vue arriver en politique depuis que je suis ici, de mettre les garderies à 5$ [en 1997]», indique Mme Loureiro.

Elle a attendu que ses deux garçons arrivent au seuil de l’adolescence pour ouvrir son premier restaurant en 2003, le Portus Calle, sur le boulevard Saint-Laurent. Il sera renommé Portus 360 lors de son déménagement au 31e étage de la Tour Evo, au centre-ville de Montréal.

Morue noire. Il s'agit d'un des poissons qu'Helena met au menu selon les arrivages.

Puis, en 2012, arrive le Restaurant Helena sur la rue McGill, dans le Vieux-Montréal. «Quand je suis allée visiter l’endroit, je ne voulais pas ouvrir un autre resto, mais je suis tombée en amour avec la place. Ça me faisait penser aux restaurants du Portugal, avec des plafonds très hauts, étroit en longueur.» 

Comme pour bien des restaurateurs, la pandémie a été un coup dur pour la cheffe. «Je n’ai pas calculé et je ne veux pas calculer tout ce que j’ai perdu parce que je serais malade, mais j’ai perdu 10 ans de ma vie, au niveau monétaire», confie Helena Loureiro. 

Ce qui ne l’empêche pas d’ouvrir de nouveaux restaurants dans la capitale. «On est tellement dans le rouge qu’on n’a rien à perdre, il faut continuer, se retrousser les manches. J’ai encore toute ma passion, je n’ai pas l’âge pour arrêter, je ne serais pas bonne à faire autre chose, alors ça me donne juste la force de continuer», mentionne la cheffe, pour qui le mot passion est indissociable de son métier.

Les <em>pasteis de nata</em>, fameuses tartelettes portugaises, sont proposées en dessert tant au Restaurant Helena qu'au Grelha Lisboa.
Helena Loureiro a saisi l'occasion d'ouvrir un comptoir de poulet portugais dans le District Gourmet.

Helena Loureiro y a saisi l’occasion d’ouvrir son comptoir de poulet portugais, Grelha Lisboa. «Il y a tellement de bons restaurants à Montréal qui sont spécialisés dans le poulet portugais que je n’ai jamais voulu en faire. Mais à Québec j’ai trouvé qu’il y avait un espace pour ça, c’est tellement connu et les Québécois aiment ça, alors je me suis dit pourquoi pas!»

Quant à l’espace occupé par le Restaurant Helena, il comprendra environ 55 places. Sa façade vitrée donnant sur la route de l’Église permettra d’accéder à une terrasse d’une soixantaine de places dès l’été. Le Helena sera ouvert du jeudi au lundi dès 17h, et éventuellement les midis aussi.

En vedette, le fameux poulet piri-piri cuit sur la broche.