La rencontre entre ces deux mondes s’ancre dans un méfait. Avec une copine aussi désœuvrée qu’elle, Jade (Lyna Khoudri) commet des vols dans le métro. En route vers son travail de chef couturière, Esther devient sa victime lorsqu’elle se fait piquer son sac à main.
Prise de remords, Jade décide de rendre son bien à Esther, qui la reçoit avec une brique, un fanal… Mais aussi de la bonne volonté. Poussée vers la retraite, la couturière d’expérience invite la jeune femme à devenir stagiaire dans les ateliers de Dior.
On voit bien venir un choc des cultures, mais celui-ci ne sera pas si grand. Jade n’a certes pas la langue dans sa poche, mais elle n’est pas la seule. Ces collègues qui cousent des robes hors de prix ne viennent pas de la haute société non plus. Elles ont simplement appris à maintenir le décorum...
Voilà donc un cliché évité par Sylvie Ohayon, elle-même originaire d’un quartier dit populaire. L’histoire de Haute couture n’est pas une question de classes sociales. L’évolution de Jade se passe à un autre niveau. Dans la transmission d’un savoir-faire aussi précieux qu’ancestral. Dans la valorisation d’un travail qui représente beaucoup plus qu’une façon de gagner sa vie.
La réalisatrice a failli intituler son film «La beauté du geste». Ça résume le portrait. Bien documentée, cette incursion dans les coulisses d’une grande maison parisienne fascine.
Le film mise toutefois sur des contrastes appuyés. D’une part, les ateliers immaculés de Dior et ces mains qui s’affairent sur des étoffes de luxe, captés par des plans fixes. De l’autre, la vie bouillonnante d’une banlieue défavorisée, filmée caméra à l’épaule.
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Beaucoup de naturel
Haute couture oppose avant de rassembler deux personnages qui se ressemblent plus qu’elles ne le pensent. Derrière une façade un peu brusque, Esther et Jade se dévouent à leur manière. La première à un métier qui l’a éloignée de sa fille. La seconde à sa mère malade qui ne quitte plus leur HLM.
Très justes, Nathalie Baye et Lyna Khoudri prêtent vie avec beaucoup de naturel à cet attachant duo. Et les deux ne sont pas à une bonne répartie près quand vient le temps de clouer le bec à leur prochain. Sylvie Ohayon se montre soucieuse de représenter une diversité, mais ne semble pas si friande de rectitude politique.
On le voit notamment dans cette brodeuse qui se targue «d’appeler un chat un chat». Difficile de la contredire…
La scénariste et réalisatrice Sylvie Ohayon a par ailleurs entouré son duo principal d’actrices de talent pour camper les personnages secondaires. Pascale Arbillot en mentor fière de ses origines modestes; Clothilde Courau en mère plus qu’instable; Claude Perron en collègue mégère… Pas beaucoup de tiédeur dans cette galerie de femmes différentes, aux caractères bien tranchés.
Haute couture est présenté au cinéma.
Au générique
Cote : ***
Titre : Haute couture
Genre : drame
Réalisatrice : Sylvie Ohayon
Actrices : Nathalie Baye, Lyna Khoudri, Pascale Arbillot
Durée : 1h40