«Depuis mon tout premier séminaire avec d’autres jeunes amputés, j’ai une si grande confiance que je pourrais en donner aux autres», souligne fièrement celle qui a dû être amputée du pied droit et d’une partie de la jambe droite alors qu’elle n’avait que 15 mois en raison d’une malformation des membres inférieurs.
La meilleure décision qui soit, dira d’ailleurs Amilie Trépanier, qui ne pouvait évidemment pas prendre la décision finale à ce très jeune âge. Résultat, la jeune femme peut maintenant pratiquer ce qu’elle qualifie désormais de passion, le sport. Flag football, course à pied, entraînements musculaires, nommez-les tous, Amilie Trépanier peut maintenant les pratiquer avec sa prothèse adaptée aux sports, chose qu’elle n’aurait pu effectuer si elle avait toujours son pied.
Toutefois, tout n’a pas toujours été rose pendant l’enfance, avoue-t-elle, bien au contraire.
Ce sont les conseillers juniors qui m’ont aidée à cheminer là-dedans et ils ont vraiment changé ma vie.
«J’ai vécu beaucoup d’intimidation de la 2e année jusqu’en secondaire 1 ou 2 par différentes personnes. Donc oui, c’était vraiment difficile, car à cet âge-là, c’est la découverte et l’acceptation de soi. Avec mes prothèses beiges, j’étais vraiment renfermée, je voulais vraiment être comme les autres et c’était difficile de vivre avec mon amputation, mais vers mon secondaire 1 ou 2, mes parents m’ont parlé des séminaires des Amputés de guerre et ça a tout changé.»
Après seulement trois jours avec d’autres jeunes qui étaient «comme elle» à faire des blagues et à montrer les prothèses dernier cri, Amilie avait déjà une toute nouvelle attitude.
«Le lendemain du premier séminaire, je voulais déjà aller chez mon prothésiste pour avoir une prothèse de couleur. L’affirmation de moi est devenue présente et je voulais maintenant être différente, j’en étais maintenant fière. Je ne sais pas pourquoi, je pense que c’est les autres amputés, de voir comment ils agissaient. Je ne me sentais pas toute seule, je voyais que c’était normal d’être comme ça. Ce sont les conseillers juniors qui m’ont aidé à cheminer là-dedans et ils ont vraiment changé ma vie», explique celle qui étudie désormais pour devenir archiviste médicale.
Une confiance qui ne s’estompe pas
D’ailleurs, il ne suffit de parler à Amilie que quelques minutes pour comprendre que cette confiance en soi n’est jamais disparue avec les années.
«La phrase des Amputés de guerre qui dit que c’est ce qui reste qui compte est maintenant pour moi une phrase tellement importante. Je me la suis d’ailleurs fait tatouer dans le dos puisqu’elle parle d’elle-même selon moi. Je suis quelqu’un avant d’être amputée, donc je ne vais pas m’arrêter à mon amputation. Si je ne suis pas capable de faire quelque chose, je vais juste trouver une façon différente de la faire», dira-t-elle tout naturellement.
Pour ceux qui se posaient la question, Amilie fait référence ici, oui, à des activités du quotidien qu’elle doit parfois adapter à sa condition, mais cela ne l’empêche pas d’avoir des ambitions bien plus grandes. Par exemple, son objectif prochain est nul autre que de gravir une montagne, rien de moins!
«C’est mon objectif en ce moment! Ça fait longtemps, mais comme je me suis blessée avec le sport à 17 ans, je n’ai jamais pu le faire, mais ce n’est pas ça qui va m’arrêter. Quand je vais être remise sur pied, je vais le faire! Ça prendra huit heures à monter s’il le faut et je m’arrêterai quatre fois si c’est nécessaire, mais je vais quand même trouver un moyen d’atteindre mon objectif», mentionne-t-elle avec tout l’aplomb du monde.
Donner au suivant
Cet événement si banal soit-il dans la vie d’Amilie la pousse désormais à donner au suivant en étant maintenant une conseillère junior. Son but: aider les jeunes aux prises avec une condition similaire à la sienne à mieux vivre avec leur handicap, mais également aider les parents de ces enfants à mieux les comprendre et les accompagner dans leur cheminement futur.
«Dès que j’ai pu l’être, j’ai décidé de devenir une conseillère. J’ai d’ailleurs aidé plusieurs familles déjà, dont une petite fille que je connais depuis qu’elle est bébé. J’ai fait des courses avec elle par exemple, parce que ma présence l’aidait beaucoup. Mais j’ai aussi un bon contact avec les familles parce que pour moi, c’est important de redonner ce que j’ai reçu. Et c’est aussi important pour moi d’aider les parents et leur dire que même si lorsque leur enfant est plus jeune, ça peut être difficile, ça va changer avec le temps et qu’il ne faut pas qu’ils s’inquiètent.»
Les plaques porte-clés sont de retour
À cette période de l’année, l’Association des Amputés de guerre procède d’ailleurs à l’envoi des porte-clés achetés au préalable par le public. À cet effet, les fonds générés par la vente de ces porte-clés permettent à l’association d’offrir divers programmes, dont le Programme Les Vainqueurs, lequel a notamment permis à Amilie d’obtenir au fil des années une aide financière pour l’achat de membres artificiels, pour participer à des séminaires régionaux, mais également pour recevoir du soutien de ses pairs.
Rappelons que l’Association des Amputés de guerre ne reçoit aucune subvention gouvernementale et ne compte que sur la générosité du public pour poursuivre sa mission.
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