Norme sur le nickel: une association de médecins pour l’environnement s’oppose aussi à la hausse  

Le quartier Limoilou

L’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) s’ajoute à la liste des opposants à la hausse proposée des normes de concentration de nickel dans l’air. «Préoccupée», elle recommande au gouvernement du Québec de maintenir la limite quotidienne à son niveau actuel.  


L’assouplissement de la norme sur le nickel dans l’air ambiant jusqu’à cinq fois la limite actuellement permise pourrait engendrer des «impacts potentiellement néfastes sur la santé humaine», avise l’AQME.  

Dans un communiqué transmis jeudi, l’association affirme avoir mené une analyse scientifique approfondie, au terme de laquelle elle formule des recommandations à l’endroit du gouvernement du Québec et de son ministère de l’Environnement.  

S’appuyant elle aussi sur le «principe de précaution» largement invoqué au cours des dernières semaines, l’AQME propose de maintenir la norme journalière sur le nickel à son niveau actuel, soit 14 ng/m3.  

Une norme annuelle de 20 ng/m3 à l’image de l’Europe telle que présentée dans le projet de règlement serait aussi «déraisonnable», juge la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’AQME, considérant qu’elle «s’appuie sur une concentration élevée de sulfate de nickel, alors que ce l’on retrouve dans l’air ambiant de Québec est un sulfure de nickel et de fer, appelé pentlandite».  

La nouvelle limite annuelle devrait donc plutôt être fixée à un niveau au moins six fois plus bas, soit 3 ng/m3, en cohérence avec la valeur guide de l’Organisation mondiale de la santé. L’Australie de l’Ouest, «un autre grand producteur de pentlandite», l’a elle-même adoptée.  

Le devoir primordial d’un gouvernement est de protéger la santé de toute sa population

Surtout que la population de la basse-ville de Québec présente déjà parmi les plus hauts niveaux de défavorisation socio-économique et de comorbidités médicales de Québec, ajoute le Dr Frédéric Tupinier-Martin, résident en santé publique et membre de l’AQME. La pollution de l’air est associée à 300 décès prématurés à Québec. 

«Si le gouvernement du Québec est prêt à réviser une norme à la hausse pour l’industrie, il devrait être prêt à adopter les nouvelles normes revues à la baisse de l’OMS en 2021 pour protéger l’ensemble des Québécois», plaide le médecin. 

La Dre Johanne Elsener, aussi membre de l’AQME, estime que les modèles sur lesquels se base la norme européenne sont «déficients» pour évaluer l’effet potentiel du nickel chez les enfants ou encore en lien avec la maladie d’Alzheimer, par exemple. 

L’Association québécoise des médecins pour l’environnement a fait parvenir son argumentaire aux élus de la Ville de Québec. Elle compte aussi déposer un mémoire d’ici le 20 février dans le cadre de la consultation provinciale. 

LES RECOMMANDATIONS DE L’AQME EN BREF 

  • Adopter une norme annuelle de 3 ng/m3 dans les PM10, à l’image de l’Australie de l’Ouest ;  
  • Maintenir la norme 24-heures de 14 ng/m3 dans les PM10;   
  • Mener des recherches sur les effets nocifs potentiels de la pentlandite, en ayant recours à des études épidémiologiques chez l’humain et à des modèles animaux adéquats.   
  • Étudier de façon plus approfondie les effets synergiques potentiels du nickel avec d’autres polluants atmosphériques ;   
  • Adopter les nouvelles valeurs guide 24-heures et annuelles de l’OMS pour les autres contaminants de l’air pour mieux protéger la santé humaine ;  
  • Évaluer les coûts économiques des impacts sanitaires associés à la pollution au nickel ; 
  • Favoriser la mise en œuvre de pratiques qui pourraient réduire les émissions de polluants de l’air associées aux activités industrielles.  

QS RÉCLAME DES CONSULTATIONS PUBLIQUES SUR LE NICKEL

Le gouvernement Legault a refusé jeudi de mandater la Commission des Transports et de l'environnement afin qu'elle tienne des consultations publiques sur le projet de règlement visant un ajustement de la norme sur le nickel dans l'air ambiant. 

Cette demande faisait l’objet d’une motion déposée jeudi par Émilise Lessard-Therrien, porte-parole de Québec solidaire en matière d’Environnement. L’élue solidaire réclamait «d'entendre tous les groupes et les experts concernés par ce projet». Sa motion a été rejetée.  

Plus tôt cette semaine, le député péquiste en matière d’environnement, Sylvain Gaudreault, avait lui aussi présenté une motion, alors qu’il souhaitait que le gouvernement du Québec renonce à l’assouplissement de la norme sur le nickel. La motion avait aussi été rejetée par le gouvernement Legault.