Le marché de la rénovation va continuer de chauffer au Québec

Sur 1000 propriétaires sondés, 66% estiment probable qu’ils réalisent des rénovations d’au moins 5000$ d’ici 2024.

L’effervescence du secteur de la rénovation résidentielle n’est pas près de s’estomper au Québec, selon une première enquête menée conjointement par Desjardins, RénoAssistance et l’APCHQ. Malgré la hausse de prix des matériaux et la rareté de main-d’œuvre, les Québécois ont l’intention de rénover coûte que coûte d’ici les trois prochaines années.


Ces travaux, de nature esthétique ou fonctionnelle, vont faire du bruit dans plusieurs maisons au Québec. Sur les 1000 propriétaires sondés, 66% estiment probable qu’ils réalisent des rénovations d’au moins 5000$ d’ici 2024.

Paul Cardinal, directeur du Service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), est agréablement surpris par la proportion de gens qui ont l’intention de rénover et des montants qui seront dépensés. Les chiffres varient autour de 20 000$ pour des rénovations intérieures et extérieures et à un peu plus de 80 000$ pour des travaux d’agrandissement ou de conversion.



Pour le secteur de la construction et de la rénovation résidentielle, 2021 s’est avérée être la meilleure année depuis 1987, et la troisième meilleure de l’histoire (après 1987 et 1976), selon le bilan de l’APCHQ. Et la tendance semble vouloir se maintenir pour les prochaines années. Éric Périgny, chef de l’exploitation et fondateur de RénoAssistance, s’attend à avoir un agenda chargé dans un futur proche. Sa compagnie aide les propriétaires à réussir leurs rénovations en ayant accès à un registre d’entrepreneurs.

Toutefois, si les Québécois sont prêts à puiser dans la marge de crédit pour réaliser ces modernisations, puisque 33% des ménages estiment qu’ils auront recours au financement, ils ne le feront qu’à condition d’être bien outillés.

«Ce sondage nous révèle que, plus que jamais, les Québécois ont besoin d’être accompagnés par les bons entrepreneurs. La demande pour des entrepreneurs compétents continuera d’être forte, puisqu’une large majorité (64 %) des répondants vont confier leurs travaux de rénovation, en tout ou en partie, à un entrepreneur vérifié et licencié », affirme Éric Périgny, chef de l’exploitation et fondateur de RénoAssistance.

Pour ceux qui préfèrent attendre leur tour pour empoigner le marteau, le manque de budget (21%), l’inflation des prix des matériaux (16%) et la volonté de vendre sa propriété prochainement (7%) sont les raisons principales.



Effet télétravail

Plus de 70% prévoient concentrer leur énergie et leur budget sur les espaces de vie intérieurs. Dans les priorités, la réfection des planchers (30%) trône au sommet de la liste.

M. Cardinal s’est lui-même posé la question à savoir si la pandémie a influencé cette tendance. Beau temps mauvais temps, les améliorations de cuisine (28%) et de salle de bain (26%) monopolisent habituellement le podium, puisque ce sont «elles qui ajoutent le plus de valeur à une propriété».

«Avec le télétravail, on vit, travaille et se divertit la majorité du temps dans notre maison. Alors pour ceux qui sont propriétaires, et pour qui ça vaut la peine d’investir, ils veulent être bien dans leur chez-soi, croit-il. Et comme c’est démontré dans l’étude, la première raison c’est presque toujours pour l’esthétique».

Les trois facteurs majeurs qui poussent les propriétaires à rénover sont l’esthétique (65%), l’entretien (45%) et les réparations (40%).

Le directeur du Service économique de l’APCHQ note aussi une hausse inattendue des métamorphoses des sous-sols, juste derrière la salle de bain avec 24%.



De plus, 6% des Québécois sondés considèrent un agrandissement (65%) ou une conversion (5%) dans le but de rendre leur résidence plus fonctionnelle.

Au lieu d’un nouveau bureau, près de la moitié des répondants préféreront opter pour un patio.

Tendance patio

Au lieu d’un nouveau bureau, près de la moitié des répondants préféreront opter pour un patio. À égalité, les travaux relatifs à l’aménagement paysager, au revêtement extérieur, à la toiture et aux portes et fenêtres sont aussi envisagés. Un propriétaire sur cinq songe également à rénover l’allée ou le stationnement.

Pour le quart des répondants, «les rénovations trouvent leur fondement dans l’amélioration de l’efficacité énergétique de leur propriété». Le chauffage, la climatisation et l’isolation sont aussi sur la liste des choses à faire des Québécois.

Un constat très apprécié par Paul Cardinal, car à l’APCHQ, «on revendique souvent qu’il y ait plus de programmes pour aider à la rénovation énergétique».

«Ce n’est pas nécessairement ce qui est le plus sexy ou ce qui ajoute le plus de valeur à la maison de remplacer les fenêtres. Un acheteur n’aura pas un coup de foudre, car on a augmenté l’isolation, mais la cuisine et la salle de bain, oui, affirme-t-il. Dans cette optique-là, il faut aider les ménages à faire des rénovations écoénergétiques si on veut atteindre les objectifs de réduction de GES pour 2030. Car, grosso modo, le secteur de l’habitation compte pour 12% des émissions.»

En 2021, le gouvernement fédéral a lancé la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes. Une enveloppe de 2,6 milliards de dollars sur sept ans afin d’aider les Canadiens qui souhaitent améliorer l’efficacité énergétique de leur domicile.

Le sondage a été réalisé auprès de 1000 Québécois majeurs étant propriétaires d’au moins un immeuble et ayant l’intention de réaliser des travaux de rénovation ou d’entretien d’une valeur d’au moins 5 000 $ au cours des trois prochaines années.