Chronique|

Éric Bauce candidat au rectorat de l’Université Laval

Éric Bauce veut briser le modèle «pyramidal» de type «top-down» qui a toujours prévalu à l’Université Laval depuis l’époque où elle était dirigée par des religieux et qui s’est perpétué depuis.

CHRONIQUE / Le professeur de foresterie Éric Bauce sera à nouveau candidat au rectorat de l’Université Laval à l’élection du 13 avril.


Il se défend de chercher une revanche contre la rectrice Sophie D’Amours qui l’avait emporté en 2017.

C’est plutôt que depuis cinq ans, il dit avoir «vu ce qui se passe ailleurs», ce qui l’amène à envisager de façon très différente la gestion d’une université.

Cette gestion, il la voudrait plus «collégiale». Il propose de réduire le nombre de vice-recteurs et de faire une place au Comité directeur pour des employés, étudiants et professeurs.

Il veut briser le modèle «pyramidal» de type «top-down» qui a toujours prévalu à l’Université Laval depuis l’époque où elle était dirigée par des religieux et qui s’est perpétué depuis.

Geste symbolique, mais pas seulement symbolique, il «descendrait» au rez-de-chaussée le bureau du recteur actuellement logé au 16e étage de la tour de l’éducation. Il éliminerait aussi la limousine du rectorat et garderait son téléphone ouvert pour qui voudra lui parler.

Autre geste symbolique, mais pas que symbolique, il mettrait fin aux «ententes secrètes» avec des partenaires privés. Celles avec le Port de Québec et Huawei ont fait controverse au cours de la dernière année.

«Je ne crois pas à ça. C’est un système monarchique», dit-il. Il plaide pour plus de «transparence». Sous sa gouverne, il y aura encore des ententes pour la recherche, prévoit-il, mais celles-ci seront connues, ce qui évitera les doutes qui pourraient surgir sur l’indépendance de ces recherches.

M. Bauce voudra un comité de programme davantage «connecté» avec la communauté de Québec pour mieux répondre aux besoins de formation des employeurs.

Sur les grands sujets d’actualité, il imagine des comités ad hoc formés d’universitaires et d’acteurs externes qui pourraient soumettre des recommandations au conseil universitaire. «Actuellement, la structure fait du rubber stamping» perçoit-il.

Collaboration

Il souhaite par ailleurs une meilleure collaboration avec d’autres universités du Québec et d’ailleurs.

Il donne l’exemple de l’Université du Québec à Trois-Rivières qui vient d’ouvrir un campus pour l’enseignement des sciences psychosociales à Fleur de Lys. Une collaboration pour les programmes ou les locaux aurait peut-être été possible, croit-il.

Il y a dans le monde 25 000 universités «pouvant travailler ensemble au-delà des frontières et des drapeaux», pense M. Bauce.

Le monde de la recherche fonctionne déjà en mode collaboratif. Les résultats rapides obtenus pour des vaccins sur la COVID en sont un exemple éloquent. Mais les directions universitaires évoluent encore dans un «environnement de compétition», déplore-t-il.

C’est vrai aussi des facultés qui sont en concurrence pour les budgets, ce qui complique ou empêche la mise en place de parcours multidisciplinaires.

Un mode de gestion plus collaboratif, tant à l’interne qu’à l’externe, permettrait à l’université d’être «plus en phase avec sa base» qui souvent, travaille déjà de cette façon, croit M. Bauce.

Bien que ça puisse paraître ambitieux, les changements qu’il propose ne sont «pas si compliqués», ni difficiles à implanter, perçoit-il.

Le modèle traditionnel qu’il voudrait réformer, M. Bauce le connaît bien pour avoir été vice-recteur de l’Université Laval pendant 10 ans dans l’administration de Denis Brière.

Pourquoi ne pas en avoir profité pour lancer les réformes qu’il propose aujourd’hui? Et pourquoi ne pas en avoir fait son programme lorsqu’il a sollicité le rectorat en 2017? L’explication : parce qu’il n’avait pas pris conscience encore des possibilités et de la faisabilité de faire autrement.

Outre ses fonctions de recherche et d’enseignement à Laval, M. Bauce a agi ces dernières années comme conseiller externe pour l’implantation d’une nouvelle université à Ben Guerir, près de Marrakech au Maroc.

Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a été financée par le roi du Maroc et a une vocation d’enseignement supérieur et de premier cycle en sciences, technologie, sciences sociales, affaires et administration.

Elle accueille environ 3000 étudiants, principalement des Africains, ce qui est peu par rapport aux 60 000 étudiants de Laval.

Malgré le lien avec la royauté, l’université est un carrefour ouvert de chercheurs internationaux et pratique une gestion très collaborative, a constaté M. Bauce.

Cette autre façon de faire, il dit en avoir discuté depuis deux ans avec des collègues et administrateurs de l’Université Laval, ce qui a conduit à cette nouvelle candidature au rectorat.