Élections: va-t-on aussi courtiser les «anxieux»?

POINT DE VUE / Nous le sentons depuis quelques semaines déjà, le consensus mou entourant la gestion de la pandémie semble atteindre ses limites. De plus en plus d’acteurs prennent position sur la manière dont le gouvernement gère son éventail de mesures sanitaires. 


Bref, la gestion du virus fait maintenant partie du débat publique et n’est plus l’apanage des épidémiologistes. Tout comme les retraités, les familles ou les syndicats sont visés lors des élections, verra-t-on voir un parti s’intéresser plus particulièrement aux individus qui souhaite un resserrement des mesures? 

Cela se fait déjà de l’autre côté du spectre sanitaire; Éric Duhaime et le parti conservateur s’affairent depuis près d’un an à rallier les gens qui souhaitent un allègement significatif des restrictions. Un message qui semble fédérer au-delà des coucous de sous-sol si on regarde les derniers sondages. 

Il est donc raisonnable de penser qu’une formation politique puisse être tenté par la manoeuvre, mais en faisant le plein de vote en faveur d’un serrage de vis sanitaire. 

Ceux-ci sont plus nombreux que l’on pense. Si on en croit un sondage paru récemment dans le  National Post, un quart des Canadiens (27%) n’ont aucune sympathie pour les personnes non vaccinées mourant de la COVID. La même proportion de gens souhaiterait même des peines de prison pour ceux refusant le vaccin. (Sont-ils moins contagieux après un séjour derrière les barreaux?)

Entre ces deux extrêmes se trouve un dégradé de nuances où chaque formation politique pourrait bien être invitée à se prononcer sur chaque mesure passée, présente ou future. 

Un débat des chefs tournant autour de la position des candidats sur chaque détail : «Vous dites être pour le passeport, mais vous ne le voulez pas au Costco Madame Anglade?», «Je suis d’accord avec vous sur le vaccimpôt, mais 500$ n’est-ce pas trop Monsieur Legault?», «Ouvrir les restaurants au même moment que les gyms? N’est-ce pas un peu dangereux Monsieur Nadeau-Dubois?».

Le risque est que la gestion de la pandémie se fasse dorénavant sur la base de promesses électorales plutôt que l’urgence du moment.

Nous pouvons imaginer qu’un gouvernement élu avec le mandat d’adopter une ligne dure se sente obligé de serrer les vis malgré une la situation épidémiologique qui ne le justifie pas ou qu’un premier ministre proliberté se résigne à envoyer les plus vulnérables au casse-pipe pour respecter son programme malgré de nouveaux variants mortels. 

Souhaitons-nous que cette cinquième vague soit la dernière et que la prochaine élection ne soit pas avalée par la COVID-19 en reléguant les enjeux économiques, sociaux ou environnementaux au second plan. Ceux-ci sont déjà passablement négligés depuis deux ans, nous ne pouvons pas nous permettre de les mettre de côté quatre années de plus.