{"accessibility":"METERED","authors":[{"description":{},"imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fab39470b-3541-4f39-8a3b-f9ba745fc0ff.png&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Collectif"}],"channel":"Point de vue","chapters":[{"position":0,"text":"

Cette décision défie la logique scientifique alors que les hospitalisations et les décès aux soins intensifs atteignent des sommets record, et que des questions essentielles comme la ventilation des écoles et les meilleures stratégies du port du masque efficaces sont négligées, voire méprisées. Et cela coïncide ironiquement avec l’admonestation du ministre de la Santé, Christian Dubé, nous avertissant que «Nous sommes presque au point de non-retour», que le «délestage de stade 4» pourrait ne plus suffire et que nous devrions annuler davantage de chirurgies critiques, ce qui était impensable il y a quelques semaines à peine. Pour ne rien arranger, la situation des hôpitaux québécois est maintenant la plus critique de tous les pays du G7.

La plupart des gens s’accordent à dire que les enfants doivent aller à l’école, mais aussi que ces écoles doivent être d’abord et avant tout sécuritaires. Les enfants ne vivent pas en vase clos. S’ils tombent malades, ils risquent de transmettre le virus aux autres membres de la famille et à leur communauté, et éventuellement aux plus vulnérables. Cela a été démontré dans des études internationales et canadiennes. Si on vous dit le contraire, il y a lieu de douter.

Ce que M. Legault propose est bien en deçà du plan de l’Ontario qui installera des purificateurs et des échangeurs d’air dans chaque salle de classe, chaque cafétéria et chaque gymnase en milieu scolaire, et qui fournira des masques N-95 aux enseignants, entre autres mesures de protection.

Le gouvernement Legault a justifié son inaction passée en arguant qu’il n’y avait pas de problème de ventilation dans les écoles, que le SRAS-Cov-2 se transmettait très peu par les aérosols, qu’il n’y avait pratiquement pas de transmission des écoles vers la communauté, etc. On aurait pu mettre ces erreurs sur le dos du début de la crise pandémique.

Le vrai problème est que des arguments fallacieux similaires sont encore utilisés aujourd’hui par les dirigeants québécois et les responsables de la santé publique, comme ils l’ont été depuis le début de la pandémie, malgré l’accumulation de preuves scientifiques contraires.

Ce qui est particulièrement exaspérant, c’est l’infantilisation persistante de la population par l’utilisation d’affirmations simplistes et spécieuses non étayées par des données scientifiques, couplée à une attitude paternaliste présumant une population inepte.

Devant se débrouiller seuls, des conseils scolaires se sont sentis obligés d’acheter eux-mêmes des purificateurs d’air de façon provisoire. Pris de court, les responsables de la santé publique ont allégué que les purificateurs d’air «pouvaient être dangereux s’ils étaient mal installés ou mal entretenus»... comme si tout professionnel novice de la ventilation ou un concierge dégourdi ne pourrait pas installer ces appareils correctement. De même, les «experts» du MSSS ont jugé que l’efficacité des purificateurs d’air portables HEPA pour prévenir la transmission par aérosols n’était pas établie, contredisant en cela l’Agence canadienne de santé publique et les CDC des États-Unis qui recommandent leur utilisation surtout dans les zones à haut risque. En effet, des études récentes de la NASA et des CDC ont démontré que les purificateurs d’air avec filtres HEPA capturent très efficacement les particules virales et réduisent effectivement la propagation de la COVID-19 dans les écoles. Des experts du MSSS devraient rafraîchir leurs connaissances scientifiques.

Québec trouve que les échangeurs d’air sont supérieurs aux purificateurs d’air, parce qu’ils remplacent l’air vicié par de l’air frais extérieur. Par contre, les échangeurs sont plus coûteux et leur installation plus compliquée, tandis que les purificateurs d’air peuvent être installés professionnellement le même jour à peu de frais. Or, l’efficacité d’une stratégie d’atténuation des risques face à un danger immédiat tient aussi à la rapidité de sa mise en place. Par ailleurs, si Québec préfère les échangeurs d’air, alors pourquoi n’a-t-il pas proposé cette solution à toutes les commissions scolaires l’an dernier? Pourquoi les commissions scolaires anglophones ont-elles dû acheter elles-mêmes des purificateurs d’air et cela sans conseils de la santé publique? À quoi servent les 432 millions$ de fonds fédéraux accordés pour améliorer la qualité de l’air dans les écoles?

Tardivement, le Québec a commencé à installer des lecteurs de dioxyde de carbone (CO2) dans 70% des écoles. Ces lecteurs doivent indiquer quand ouvrir les fenêtres (une option très dure en hiver) ou évacuer une pièce pour réduire le risque de transmission du SRAS-Cov-2 par voie aérienne. Mais ils ne préviennent pas la cause sous-jacente de la transmission virale, car ils ne purifient ni ne rafraîchissent l’air d’une pièce. Une véritable stratégie anti-contagion virale exige d’investir massivement dans des échangeurs et des purificateurs d’air. Actuellement, il n’y a que 500 échangeurs d’air disponibles dans l’ensemble de la province, une goutte d’eau dans un océan de 48 000 salles de classe.

Après des décennies de négligence, l’état lamentable de la ventilation des écoles québécoises constitue un sérieux problème de santé dans la pandémie actuelle. Nous ne pouvons pas attendre des années pour effectuer les réparations qui s’imposent. Pour contrer la pandémie de COVID-19, les échangeurs d’air et les ventilateurs HEPA sont la solution à court terme. Le Québec sait très bien qu’une majorité de nos écoles ne répondent pas aux normes de filtration et d’échange d’air de l’American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE) pour réduire la transmission aérienne du SRAS-Cov-2 dans les écoles.

Récemment, les médias ont fait état de la perte de confiance envers le D^r Arruda, arguant qu’il n’était suffisamment indépendant de ses dirigeants politiques et qu’il ne faisait que leur servir de couverture. La nomination récente du D^r Luc Boileau au poste de directeur de la santé publique par intérim nous donnait espoir que les politiques puissent être davantage fondées sur la science. Malheureusement, sa première décision en poste a été de donner le feu vert à la réouverture des écoles le 17 janvier. Le D^r Boileau a répété la rengaine que «rien ne prouve que les écoles amplifient la transmission de la COVID-19 dans la communauté», contredisant ainsi les études scientifiques canadiennes et internationales démontrant cette transmission. Le D^r Boileau niait ainsi les statistiques mêmes du Québec qui ont montré une augmentation disproportionnée des éclosions dans les écoles primaires l’automne dernier. Ce n’est que très récemment, le 19 janvier, qu’il a admis à contrecœur que la réouverture des écoles pourrait induire «un peu» plus de transmission. Le D^r Boileau nous donne déjà un sentiment de déjà-vu.

Tout au long de cette pandémie, les autorités sanitaires québécoises ont souvent inversé le principe de précaution suivant lequel «on ne doit pas attendre une preuve absolue d’un danger potentiel avant d’agir pour en atténuer les effets» en attendant une preuve absolue de l’efficacité de mesures sanitaires cruciales (ex. port du masque, ventilation filtrante de l’air dans les classes, tests rapides) avant de les recommander et mettre en œuvre. Cette attitude allait à l’encontre de l’un des piliers fondamentaux des bonnes pratiques en santé publique. Alors, il ne faut pas s’étonner que, dans une récente chronique, le journaliste Patrick Lagacé de La Presse ait suggéré que les experts gouvernementaux en santé publique pratiquent la «santé politique» et non la santé publique. Nous aimerions penser le contraire. Le pouvons-nous?

Dans la mesure où les dirigeants et les responsables de la santé publique du Québec s’éloignent de principes scientifiques et du principe de précaution, les médias de plus en plus sceptiques se tournent vers des médecins et des scientifiques travaillant dans le domaine de la santé et dans le milieu universitaire pour obtenir des informations plus fiables et dignes de foi. De plus, des groupes de citoyens et des groupes de médecins, de scientifiques et de professionnels concernés prennent le relais et tentent d’influencer les politiques sanitaires pour freiner la pandémie, palliant un peu la piètre performance de la santé publique québécoise.

Nous n’avons pas les mêmes attentes envers les politiciens qu’envers les médecins qui travaillent dans le domaine de la santé publique. Ces professionnels de la santé ont d’énormes responsabilités et leur conduite doit être exemplaire. Leurs actions doivent s’appuyer sur les mesures de prévention et de précaution les plus à jour. Tous les médecins de santé publique savent bien le principe fondamental selon lequel la population est leur patient. Il ne devrait pas être nécessaire de leur rappeler leur serment d’Hippocrate «Avant tout, ne pas nuire». La négligence ou des influences politiques peuvent conduire à des catastrophes. Pour être clair, les médecins de santé publique doivent être tenus aux mêmes normes de qualité et d’éthique que les médecins travaillant en milieu clinique, qui peuvent subir de graves conséquences s’ils ne fournissent pas des soins de qualité à leurs patients conformément aux meilleures normes médicales de l’heure. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui.

Michael Levy, M.P.H. (maîtrise en santé publique), épidémiologiste-conseil en santé environnementale

Michel Camus, PhD, épidémiologiste en santé environnementale et analyste de risques

Stéphane Bilodeau, ing., PhD, FIC, coordonnateur du Groupe de travail sur la qualité de l’air intérieur, World Health Network

Nimâ Machouf, PhD, épidémiologiste, consultante en maladies infectieuses, chargée de cours à l’École de santé publique de l’UdeM

Nancy Delagrave, physicienne, coordonnatrice de COVID-Stop

Donald Vinh, M.D., spécialiste des maladies infectieuses et microbiologiste médical

Pierre-Jules Tremblay, ing.

Steeve Tremblay, Consultant en santé et sécurité au travail

Marie Jobin, PhD, psychologie organisationnelle

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]}],"creationDate":"2022-01-26T17:50:49.203Z","externalIds":{},"firstPublicationDate":"2022-01-26T17:54:00.966Z","free":false,"id":"5e58186c0d052902704b17f45778728b","lead":"POINT DE VUE / Comme le disait Yogi Berra, le légendaire receveur du baseball, «c’est du déjà vu, encore une fois». La décision du gouvernement du Québec de rouvrir les écoles le 17 janvier a laissé de nombreux experts et parents incrédules. ","locales":["fr"],"metadata":{},"modificationDate":"2022-01-27T01:32:06.118Z","publications":[{"canonical":true,"editionKey":"site","organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"opinions/point-de-vue"},{"canonical":false,"organizationKey":"latribune","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"organizationKey":"ledroit","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"organizationKey":"lesoleil","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"organizationKey":"lavoixdelest","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"organizationKey":"lequotidien","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"lenouvelliste","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"latribune","sectionKey":"opinions"},{"canonical":false,"editionKey":"site","organizationKey":"ledroit","sectionKey":"opinions/votre-opinion"}],"slug":"2022/01/26/reouverture-des-ecoles-la-sante-publique-doit-assumer-la-responsabilite-de-ses-actes-et-avis-5e58186c0d052902704b17f45778728b","tags":["Health & Medical","Education & Learning"],"templateName":"article1","title":"Réouverture des écoles: la santé publique doit assumer la responsabilité de ses actes et avis","type":"article","url":"global/contents/5e58186c0d052902704b17f45778728b.json","visual":{"caption":{},"contentType":"image","credits":{"fr":"Photothèque Le Soleil, Erick Labbé"},"position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fd6800929-5c7e-472b-8eec-2dc6b0d1740c.JPG&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},"adTargetSectionKeys":["opinions","opinions/point-de-vue"],"canonicalSiteCompositeKey":"lesoleil/site","color":"#c7ac2f","displayedSection":{"color":"#c7ac2f","id":"34","key":"opinions/point-de-vue","name":"Points de vue","position":1,"sectionId":"34","slug":"opinions/point-de-vue","url":"site/sections/opinions/point-de-vue.json","isRoot":false},"mainVisual":{"contentType":"image","credits":"Photothèque Le Soleil, Erick Labbé","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fd6800929-5c7e-472b-8eec-2dc6b0d1740c.JPG&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},"section":{"color":"#c7ac2f","id":"29","key":"opinions","name":"Opinions","position":12,"sectionId":"29","slug":"opinions","url":"site/sections/opinions.json","isRoot":true},"subSection":{"color":"#c7ac2f","id":"34","key":"opinions/point-de-vue","name":"Points de vue","position":1,"sectionId":"34","slug":"opinions/point-de-vue","url":"site/sections/opinions/point-de-vue.json","isRoot":false},"thumbnailVisual":{"url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fd6800929-5c7e-472b-8eec-2dc6b0d1740c.JPG&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"}}