Le réalisateur Jean-Claude Lord s’est éteint à 78 ans

Le réalisateur Jean-Claude Lord, en 2014

Le réalisateur québécois Jean-Claude Lord s’est éteint à l’âge de 78 ans, a annoncé son fils Jean-Sébastien sur les réseaux sociaux, dimanche. Il est décédé samedi des suites d’un AVC massif survenu le 30 décembre.


Jean-Claude Lord s’est lancé tôt dans la carrière cinématographique, signant le scénario du film «Trouble fête» de Pierre Patry à l’âge de 21 ans. En 1965, il a réalisé son premier long-métrage, «Délivrez-nous du mal», mais celui-ci ne sortira dans les salles que quatre ans plus tard.

Il s’est fait connaître dans les années 1970 en réalisant des films fort critiques de la société comme «Bingo», «Parlez-moi d’amour» et «Panique». Il a aussi tourné l’un des premiers longs-métrages de la série Contes pour tous, «La Grenouille et la baleine».

«Je suis quelqu’un qui sait se battre pour ses idées et qui a réussi à en concrétiser au moins une douzaine, ce qui justifie selon moi près de cinquante-cinq ans de métier», affirma-t-il dans un article publié sur le site internet des Prix du Québec.

Après «Panique», il tourne un film plus intimiste, «Éclair au chocolat», qui sera un échec commercial.

Jean-Claude Lord a aussi tenté de faire carrière en anglais. Son premier essai, «Visiting Hour», un film d’horreur, s’est même hissé au deuxième rang des recettes américaines en 1982. Une expérience qu’il disait ne pas regretter.

«Comme exercice de style, j’ai aimé faire ce film, relatait-il en 1987 à la revue Séquences. J’ai été chanceux parce que j’étais entouré de bons comédiens qui m’ont aidé. C’était ma première expérience en anglais. J’avais un budget de 5 millions de dollars. J’ai essayé des choses complètement différentes de ce que j’étais habitué de faire.»

Il a réalisé cinq autres films dans la langue de Shakespeare, dont «Toby McTeague» et «Mindfield». Toutefois, des conflits avec des producteurs l’ont rapidement désenchanté du mirage hollywoodien, notamment lorsqu’on ne lui confiait pas le montage de ses propres films.

En télévision

M. Lord aura eu aussi un fort impact sur l’univers télévisuel québécois, notamment en réalisant la première série «Lance et Compte».

«J’ai prévenu le producteur que s’il voulait m’engager dans cette aventure, il fallait faire la série en style cinéma, mais pour la télévision, avec des séquences courtes et un rythme punché», raconta-t-il dans la même entrevue de Séquence.

Il tournera aussi deux autres séries de «Lance et Compte».

L’un des comédiens de la production, Michel Forget, qui a tenu le rôle de Gilles Guilbault, se souvient d’un réalisateur avec qui il était agréable de travailler.

«C’était un ami de tournage, un ami de plateau, quelqu’un sur qui tu pouvais compter. Il donnait ses indications quasiment de façon intime, pas de grands sparages», a commenté M. Forget à La Presse Canadienne.

«On sentait qu’il avait un capitaine dans l’avion. Il connaissait sa technique et savait ce qu’il voulait», a-t-il ajouté.

Selon lui, le cinéaste a contribué à «bonifier» et à «améliorer» le talent de plusieurs comédiens par son approche qui était sous forme de conversation.

M. Forget a côtoyé Jean-Claude Lord au début des années 1970 à l’époque où il était chroniqueur cinéma à Télé-Métropole avant de devenir réalisateur. M. Lord lui a donné quelques années plus tard un rôle dans le film «Bingo».

Le nom du réalisateur apparaît aussi au générique des séries «Diva», «Quadra», «Jasmine» et «L’Or».

Il était toujours actif au cours de ces dernières années. Selon le site IMDB, il a aussi réalisé au moins un épisode de «District 31» et quatre autres de la série «30 Vies».

En 2017, il avait reçu le prix Guy-Mauffette remis «à une personne pour sa contribution remarquable à l’excellence de la radio, de la télévision ou de la presse écrite québécoise ou encore à celle des médias numériques». Sur le site internet des Prix du Québec, il est écrit que «sans lui, la télévision québécoise ne serait tout simplement pas ce qu’elle est aujourd’hui.»

«Son engagement social était au coeur de son travail. Il aimait déranger, émouvoir, provoquer et raconter des histoires à sa manière, lui a rendu hommage son fils Jean-Sébastien. Il se définissait lui-même, non pas comme un artiste, mais comme un communicateur qui aimait remettre en question les valeurs de société dans laquelle nous vivons.»

Jean-Sébastien Lord a indiqué que les cérémonies funèbres se dérouleront à une date ultérieure, «au moment où les conditions sanitaires pourront se prêter à un rassemblement plus significatif».