Démission d’Arruda: «Plus d’avantages que de désavantages», résume Legault

«Il a donné tout ce qu’il pouvait depuis 22 mois. [...] On s’est parlé au téléphone et on s’est rappelé les premiers mois qui étaient très stressants. [...] Ça me touche, parce que le Dr Arruda est quelqu’un de très attachant», a commenté François Legault, à propos du coloré scientifique qu’il n’avait même jamais rencontré il y a deux ans.

Pour François Legault, la démission d’Horacio Arruda comporte «plus d’avantages que de désavantages».


Reléguée au second rang par l’annonce d’une future taxe imposée aux non-vaccinés, la présence du nouveau directeur national de santé publique du Québec, Dr Luc Boileau, n’est quand même pas passée inaperçue mardi, au point de presse gouvernementale.

Officiellement, sa nomination est un intérim, mais il sera en poste au moins pour «quelques mois», confirme le premier ministre Legault.

Lui qui a souvent dit peser la fameuse balance des inconvénients avant de prendre une décision, M. Legault a ici indiqué voir «plus d’avantages que de désavantages» au remplacement du principal porte-parole en santé publique en pleine pandémie de COVID-19.

Parmi ces «avantages», il voit surtout un nouveau souffle, un regain d’énergie pour une cause qui en a besoin. Énergie que le DArruda n’avait plus autant, selon le premier ministre.

«Il a donné tout ce qu’il pouvait depuis 22 mois. [...] On s’est parlé au téléphone et on s’est rappelé les premiers mois qui étaient très stressants. [...] Ça me touche, parce que le DArruda est quelqu’un de très attachant», a commenté M. Legault, à propos du coloré scientifique qu’il n’avait même jamais rencontré il y a deux ans.

Arruda dans un autre rôle

Si Dr Arruda perd ses fonctions de directeur national de santé publique et de sous-ministre adjoint à la Santé et aux Services sociaux, il ne sera pas au chômage pour autant. Après quelques semaines de pause, il reviendra aider le gouvernement dans sa lutte à la COVID dans un rôle qui reste encore à définir.

Président-directeur général de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux jusqu’à lundi, Dr Boileau parle de son prédécesseur comme d’«un ami», «un grand leader», une personne ayant fait preuve d’un dévouement sans égal depuis 22 mois et doté d’une grande sensibilité.

Le chef du gouvernement ne tourne pas le dos aux recommandations ou décisions prises par le directeur national de santé publique Arruda depuis le début de la crise, début mars 2020.

Mais «vous l’avez constaté, ça n’a pas toujours été facile [pour lui] de justifier toujours ses décisions et de se justifier. Ce n’est pas facile pour personne. Je trouve ça presque normal que quelqu’un se dise : “J’ai peut-être assez donné”», a ajouté M. Legault.

Bientôt le retour en classe

Avec 62 nouveaux décès liés à la COVID-19 annoncés mardi et 188 hospitalisations de plus, le boulot n’attendra pas pour le Dr Boileau.

Surtout que le retour en classe est toujours prévu pour lundi, le 17 janvier, dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec.

«Je n’ai pas encore eu l’opportunité de faire le point complet sur l’ensemble de la situation actuelle. Une annonce du retour à l’école pour la semaine prochaine a été faite et je prendrai les prochaines heures pour soutenir une orientation à donner dans les prochaines heures et au plus tard d’ici jeudi», a dit Dr Boileau.

M. Legault a aussi parlé du couvre-feu, de nouveau en vigueur depuis le 31 décembre entre 22h à 5h, qui «sera la première mesure enlevée. Le nouveau directeur national de santé publique sera bien sûr consulté», a assuré le premier ministre.

Plus d’indépendance, mais...

Les deux hommes se montrent de plus d’accord sur le principe de fournir indépendance et autonomie à la fonction scientifique de directeur national de santé publique du Québec, poste souvent décrié au cours des derniers mois pour sa proximité avec le politique à titre de sous-ministre adjoint.

«J’assume que cette fonction doit être indépendante et dans l’exercice que j’entends faire, elle le sera», affirme Dr Boileau. Il prendra «le relais du mieux possible avec la structure déjà en place».

M. Legault adhère à l’idée de réviser la structure régissant la Direction nationale de santé publique (DNSP), l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Mais le directeur national de santé publique doit aussi rester imputable et continuer de fournir toutes les informations nécessaires aux politiques pour prendre les décisions, a souligné M. Legault.

Ils s’entendent par contre pour dire que la priorité s’avère de sortir de cette cinquième vague de contagion marquée par le variant Omicron en «limitant les dégâts le plus possible», a résumé le ministre de la Santé, Christian Dubé.

Dr Boileau se dit d’ailleurs incapable de confirmer que le sommet de la cinquième vague est atteint, mais espère un ralentissement de la croissance «sous peu». Le sommet de la vague pourrait être atteint d’ici quelques jours, selon lui.