L’air de Limoilou quatre fois plus pollué que celui de Montréal

La concentration quotidienne moyenne de nickel dans Limoilou dépasserait fréquemment la limite actuelle de 14 ng/m³. Par exemple, peu avant 2020, la concentration quotidienne a dépassé les 150 ng/m³ à une reprise.  

Selon les données rendues publiques par la Table citoyenne littoral Est, les résidents de Limoilou respirent quatre fois plus de nickel que les Montréalais. En se basant sur ces chiffres, la Table citoyenne demande au gouvernement de prioriser la qualité de l’air avant les intérêts de l’industrie.  


La Table citoyenne littoral Est a publié, vendredi, de nouvelles données sur le taux de nickel présent dans l’air du secteur de Limoilou. Ces chiffres ont été rendus publics en marge de l’annonce récente du gouvernement du Québec, qui désire augmenter de cinq fois la limite actuelle du taux de nickel.  

Selon les chiffres de la Table, la concentration moyenne de nickel dans l’air ambiant de Limoilou s’élèverait à près de 12 nanogrammes par mètres cubes (ng/m³). Un chiffre relativement élevé lorsqu’il est comparé aux autres endroits les plus pollués au Canada, comme Victoria (3 ng/m³) ou Montréal (2,6 ng/m³).  

De plus, la concentration quotidienne moyenne de nickel dépasserait fréquemment la limite actuelle de 14 ng/m³. Par exemple, peu avant 2020, la concentration quotidienne a dépassé les 150 ng/m³ à une reprise.   

Selon la Table, les résidents de Limoilou respirent un air sept fois plus pollué que la moyenne des autres villes canadiennes, qui se situe à 1.65 ng/m³. À la lumière de ces données, plusieurs militants et acteurs du quartier de Limoilou ont exprimé leur vive inquiétude. 

«La Direction régionale de la santé publique de la Capitale-Nationale affirmait en 2013 que la cible à atteindre afin de garantir la santé de la population était de 2 ng/m³ de nickel», souligne Véronique Lalande, porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec

Qu’est-ce qui pourrait justifier, en 2022, de passer à une moyenne annuelle limite de 20 ng/m³ et une limite journalière de 70 ng/m³? Rien. C’est simplement impossible à soutenir, sauf pour les représentants de l’industrie.

«On voit bien que, malheureusement, notre air se distingue à l’échelle canadienne par sa mauvaise qualité, ne serait-ce qu’en matière de nickel», a pour sa part commenté Marie-Hélène Deshaies, porte-parole de la Table citoyenne Littoral Est et présidente du conseil de quartier de Maizerets. 

La conseillère municipale de Limoilou et cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, a tenu à interpeller le maire Marchand face à ces données qu’elle juge très inquiétantes.  

«J’encourage les citoyens et les citoyennes à se mobiliser et je demande à Bruno Marchand de se positionner clairement contre cette hausse de la norme sur le nickel qui touche particulièrement la population de la ville de Québec», a-t-elle déclaré. 

Le chef de l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville et conseiller du district de Maizerets-Lairet, Claude Villeneuve, a lui aussi exprimé son désaccord envers la modification des normes. 

«Les citoyens ne sont pas fous. Avec le temps, les gens du milieu ont développé une expertise sur le sujet de la qualité de l'air et sont très attentifs à leur environnement. Nous avons de bonnes raisons d'être préoccupés dans Limoilou et nous allons faire nos devoirs pour que cette modification réglementaire ne passe pas», a dit M. Villeneuve. 

Rappelons que le gouvernement du Québec désire faire passer la limite de concentration quotidienne moyenne de nickel de 14 ng/m³ à 70 ng/m³. Un maximum de 20 ng/m³ pour la concentration moyenne annuelle sera aussi imposé.