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Nom : Steve Lou
Âge : 41 ans
Profession : Informaticien
Ville d’origine : Yiwu, dans la province du Zhejiang en Chine
Ville d’adoption : Québec
Ici depuis : 2017

Ma trajectoire…
«Quand j’étais adolescent, j’ai commencé à être très curieux par rapport à la culture occidentale : lire des romans classiques, observer les comportements des spectateurs à des matchs de soccer, écouter la musique du palmarès de la BBC. J’avais une envie de vivre dans un pays d’Europe ou d’Amérique du Nord. Après avoir commencé à travailler, j’ai souvent rencontré des clients étrangers de mon père; ils venaient de partout dans le monde et j’ai découvert des cultures très différentes. J’étudiais le français à l’Alliance française pour aider l’entreprise de mon père, puis j’ai su comment immigrer au Québec. J’ai fait le test de français et l’application d’immigration en 2011.»

La raison de mon départ…
«“Le monde est si grand, je dois aller le découvrir.” C’était une phrase très populaire pour les gens qui quittaient leur travail dans les années 2010. En dehors de ça, un environnement et une nourriture sécuritaires sont aussi des raisons. Le plus important, c’était pour l’éducation de nos enfants : je ne voulais pas les laisser aller à l’école en Chine, c’est trop compétitif et il y a trop de règles strictes.»

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Pourquoi le Québec?
«Les enseignants à l’Alliance française m’ont donné de très bonnes impressions sur la culture francophone. J’avais aussi le choix d’aller en Australie, mais j’aime davantage les températures froides que chaudes.»

Ma plus grande surprise…
«Les Québécois. J’ai commencé à apprendre le français au Cégep de Sainte-Foy, et j’ai été très impressionné par les enseignants, super gentils : ils sont passionnés par leur travail et la façon dont ils nous enseignent n’est pas stressante. Ils nous parlent de divers sujets comme la météo, la musique québécoise, les faits divers, la politique… dans une atmosphère harmonieuse, c’est incroyable pour moi. Ils nous ont dirigés dans notre intégration au Québec.»

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Vous avez envie de nous raconter votre nouvelle vie au Québec?
Écrivez-nous à lemag@lesoleil.com, nous pourrons vous fournir notre questionnaire.

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Le plus dur à apprivoiser...
«Certaines expressions. Mon collègue disait qu’il va “gosser” pour réparer une fonctionnalité, et un autre disait qu’une des ses “vaches à lait” lui a demandé de l’aide.»

Je vis comme un Québécois…
«Ce sont plutôt mes deux enfants qui vivent comme des Québécois. Nous faisons des sports d’hiver comme le ski et le patin, prenons part à des activités et des festivals, mais ma femme et moi ne sommes pas toujours à l’aise de communiquer en français, sauf si nécessaire. Je n’aime pas que des Québécois passent du français à l’anglais quand ils trouvent que je ne parle pas bien le français, ça me donne moins d’opportunités pour pratiquer et moins de confiance. Je m’amuse donc à parler avec les aînés, car ils ont plus de patience. Je n’ai pas de bon ami québécois, mon cercle d’amis est très asiatique.»

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Je travaille…
«Je travaille pour une entreprise québécoise comme programmeur web depuis l’année suivant mon arrivée. J’ai eu du soutien du gouvernement (un programme qui s’appelle PRIIME) pour m’aider à trouver un travail. Aussi, l’organisme Le Mieux-Être des Immigrants m’a beaucoup aidé en français et pour me transmettre plein de connaissances utiles au mieux-être d’un immigrant. J’ai trouvé que travailler au Québec est beaucoup plus spécialisé. Les collègues me respectent, et l’ambiance est agréable. J’ai aussi suivi des cours de français en milieu de travail (deux heures par semaine pendant quelques mois), le professeur était envoyé par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec (MIFI).»

Je mange...
«Manger au restaurant est pas mal cher par rapport à mon pays d’origine, donc on cuisine surtout chez nous. On aime bien la cuisine occidentale, alors on a beaucoup de livres de recettes à la maison. Mais il est aussi facile de trouver de bons mets cuisinés asiatiques; il y a plusieurs commerçants à Québec où on peut commander.»

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Je parle…
«Le français. Maintenant, j’ai un accent québécois et mes enfants sont plus Québécois. On parle le mandarin à la maison, on lit une histoire française et une chinoise tous les soirs à mon plus jeune qui a 4 ans. C’est intéressant, quand je ne connais pas un mot en français, mon petit peut souvent me traduire.»

J’habite...
«J’habite dans une belle maison. On est chanceux que le prix des maisons à Québec soit moins élevé que dans d’autres villes au Canada.»

Je passe le temps…
«La vie est beaucoup plus simple qu’en Chine. Les gens se concentrent sur leur famille, en particulier lorsqu’ils ont des enfants. J’aime bien faire du ski d’alpin avec mon fils. Ma passion est la moto depuis que je suis jeune; l’été dernier, j’ai pris mon permis et acheté une moto de 1000 cc que je m’amuse à conduire à la campagne. Je trouve qu’on dépense moins pour des sports comme le ski ou le golf au Canada; ils coûtent très cher en Chine.»

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L’hiver…
«Honnêtement, j’aime l’hiver au Québec. On n’a pas besoin de porter un manteau tout le temps, car il y a du chauffage partout. Je n’ai jamais eu d’engelure depuis que je suis arrivé ici, et les sports d’hiver sont amusants. En comparaison : dans ma région d’origine, il fait entre 0 et 10 degrés l’hiver, mais il y a très peu de chauffage.
J’ai fait une bêtise une fois : ma nouvelle voiture tremblait sur l’autoroute et je me suis plaint de sa qualité; mon collègue m’a demandé où j’avais stationné la voiture la veille et je lui ai répondu que c’était sur le côté de la rue. Il m’a dit “Bienvenue au Québec!” et que je devais simplement enlever la glace prise dans les roues.»

Quelque chose d’ici qui me rappelle mon pays d’origine…
«La poutine! Je pense souvent que ma mère aimerait la poutine si je changeais la sauce pour une sauce soja et le fromage par du tofu.»

Un bon coup du Québec que je rapporterais dans mon pays d’origine...
«Les gens sont plus tolérants que dans mon pays d’origine. Je me suis mal conduit parfois quand je venais d’arriver, mais personne ne m’a fait de reproche; j’ai exprimé mes idées aux collègues parfois de la mauvaise manière, mais ils me respectent quand même.»

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Un bon coup de mon pays d’origine que j’aimerais voir ici...
«Le prix des marchandises et de la main-d’œuvre : je crois qu’avoir recours à un électricien ou à un plombier coûte dix fois moins cher en Chine, et aller chez le coiffeur ou au restaurant coûte cinq fois moins cher. Il n’y a pas de pourboire.»

Mes enfants sont plus Québécois ou Chinois?
«J’ai deux enfants : le plus vieux (14 ans) lit des romans dans les deux langues, mais il ne peut plus écrire bien en mandarin. Il adore l’école et ses amis. Il est à la fois Québécois et Chinois dans sa façon d’être. Le plus jeune (4 ans) est très Québécois dans ses idées et ses comportements, mais il parle les deux langues.»

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Je retournerais vivre dans mon pays d’origine?
«On trouve que ce serait difficile de retourner vivre dans notre pays d’origine. Nous y sommes retournés deux fois : à l’été 2018 pour visiter les grands-parents des enfants et voir nos amis, puis à l’automne 2019 pour vendre notre appartement. La voiture arrière a klaxonné quand j’attendais devant le passage piéton, nos amis aiment parler de l’importance de l’éducation des enfants et de leurs ambitions… Je me suis senti inquiet de la vie que j’aurais si j’y retournais.»

Une anecdote de ma nouvelle vie…
«C’était à l’heure du lunch, en décembre. J’ai croisé deux collègues qui m’ont demandé : “Steve, vas-tu au party de Noël?” J’ai répondu : “Oui, j’y vais, mais pas très souvent. En Chine, il ne fait pas très froid, donc on va en souliers avec des roues [patins à roues alignées] au lieu d’une lame. Je vais essayer avec la lame si j’en ai l’occasion. Salut!” Les deux étaient encore là à se demander ce que j’avais dit alors que j’étais déjà loin. Ils ne savaient pas que ce que j’avais compris avec leur accent, c’est le mot patin. Désolé!»

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