«On estimait qu’avant la pandémie, il y avait seulement 15 000 [entreprises] qui, dans l’immédiat, souhaitaient transférer les rênes de leurs organisations. Par contre, ce qui est vraiment stupéfiant, c’est que déjà, à ce moment, il n’y avait que 30 % qui réussissaient leur transfert et il y en avait encore moins au final qui avait déjà une relève identifiée», explique en entrevue téléphonique Pierre Graff, pdg du RJCCQ.
«Entre temps, ce nombre-là a explosé, ce qui représente un problème majeur qui risque de vraiment menacer l’économie du Québec, et notamment la relance et tout ce qui se passe en région. Parce que c’est un phénomène qui ne touche pas seulement que les grands centres.»
Selon une donnée du Centre de transfert d’entreprise du Québec, relayée par le RJCCQ, ce nombre de 15 000 entreprises serait passé à 37 000 depuis le début de la pandémie.
Une autre façon d’entreprendre
On ne doit pas seulement mettre le manque d’intérêt pour le repreneuriat sur le dos de la dénatalité et le transfert de la courbe démographique, selon M. Graff. «Je crois qu’il y a un enjeu qu’on n’a pas vraiment valorisé. On devrait collectivement considérer le repreneuriat comme une voie entrepreneuriale comme une autre. On voit surtout qu’on a rendu l’entrepreneuriat comme une idée qui venait d’une personne qui crée quelque chose. Sans nécessairement rappeler aux gens qu’ils pouvaient reprendre une compagnie existante et que ça ne les empêchait pas nécessairement d’avoir une vision qui leur permettait d’amener cette compagnie à un autre niveau.»
Il cite comme exemple Chocolats Favoris. «C’est une entreprise qui existait déjà, qui fonctionnait bien depuis plusieurs années. Puis, quelques visionnaires ont pris la compagnie et l’ont complètement métamorphosée. Et aujourd’hui, c’est une autre compagnie qui emploie énormément de personnes et qui est extrêmement forte», ajoute-t-il.
Trois phases
Pour livrer son message, le Mouvement Repreneuriat propose un projet en trois phases. La première sera un rendez-vous sur le repreneuriat qui se tiendra le 24 février 2022. «On a décidé de créer une série d’événements, qui est à la fois fédératrice, structurante et continue», avance le pdg du RJCCQ.
«Fédératrice, parce qu’on a énormément d’acteurs du milieu des affaires qui se joignent à nous. […] Structurante, parce qu’on a essayé de travailler à l’envers. Au lieu de travailler uniquement avec les cédants, nous, ce qu’on va faire dès le départ [phase un], c’est de tenter de sensibiliser les plus jeunes, de 16 à 39 ans, pour les intéresser au repreneuriat. Ensuite, dans la deuxième phase, on va les outiller avec des choses qui vont leur permettre de savoir où commencer. À quoi il faut faire attention...»
Enfin, la troisième phase se déroulera du printemps à l’automne 2022. Elle servira à lier les acteurs entre eux avec une tournée provinciale. «Vingt entrepreneurs connus de partout au Québec seront là pour parler des différentes manières de reprendre des entreprises. Il n’y a pas qu’une seule manière de reprendre [une entreprise]. Et la tournée provinciale nous permettra de commencer à réunir tous les acteurs qui soient plus jeunes ou plus vieux, puis éventuellement de créer des maillages qui feront la différence pour ne pas perdre des entreprises au Québec», conclut M. Graff.