L’industrie forestière innove pour lutter contre les changements climatiques

Deux économistes de l’Institut économique de Montréal (IEDM), Olivier Rancourt et Miguel Ouellette, ont publié mardi matin un écrit intitulé Foresterie : un secteur qui continue d’innover, afin de démontrer que l’industrie forestière contribue de plus en plus à la lutte contre les changements climatiques. Ils citent en exemple l’entente conclue entre les Serres Toundra et l’usine Résolu à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean.


« Au cours des dernières années, l’industrie forestière est devenue un acteur de l’industrie circulaire. [...] Certaines entreprises transforment maintenant plus de 90 % de certains types de résidus en fertilisant organique à des fins agricoles », a mentionné Olivier Rancourt, par voie de communiqué.

L’entente entre les Serres Toundra et l’usine Résolu à Saint-Félicien illustre bien cette volonté pour l’industrie forestière de s’impliquer et d’innover pour lutter contre les changements climatiques.

Depuis 2016, le complexe de serres est chauffé au gaz naturel et en partie (25 %) par la chaleur résiduelle provenant de l’usine de pâte à papier, afin de réduire ses coûts énergétiques.

La réduction des gaz à effets de serre (GES) à la suite de ce processus équivaut au retrait de près de 2000 voitures du parc automobile québécois chaque année.

D’autres innovations ont vu le jour pour remplir le même contrat. Une des options consiste à transformer des copeaux de bois en charbon de bois spécial, utilisés pour restaurer les sols contaminés.

Un autre secteur de l’économie, en plus de l’agriculture, bénéficie des innovations de l’industrie forestière, celui de la construction. En effet, plusieurs entreprises travaillent à créer des matériaux de construction fabriqués à partir de résidus de bois.

« L’industrie forestière s’est adaptée aux réalités actuelles et peut manifestement agir comme partenaire dans la décarbonisation », de constater Olivier Rancourt.

L’usine de Produits forestiers Résolu de Saint-Félicien achemine sa chaleur résiduelle vers les Serres Toundra, réduisant ainsi son empreinte carbone. 

Augmenter la productivité 

L’une des meilleures méthodes pour capter le carbone consiste à identifier et à récolter les arbres plus âgés, grâce à une télédétection par laser, et à planter des arbres pour ainsi augmenter la productivité de la forêt.

Les coauteurs se mettent au diapason pour dire qu’écologiquement parlant, « il convient donc d’augmenter aussi bien la qualité que la quantité de la forêt récoltée, de manière à maximiser les bienfaits environnementaux provenant du captage du carbone ».

« En récoltant les arbres matures, nous les empêchons de se décomposer et de libérer dans l’atmosphère tout le carbone accumulé au cours de leur vie, et nous permettons aux jeunes pousses de capter le carbone nécessaire à leur croissance », a expliqué directeur des opérations et économiste à l’IEDM, Miguel Ouellette.

Dans leur publication, les deux auteurs expliquent que moins de 1 % de la forêt québécoise est récoltée chaque année.

En 2018, la coupe forestière a notamment été responsable de la perte d’environ 200 000 hectares (ha) de forêt. En comparaison, pour la même année, près de 5,5 millions d’hectares (5 551 793 ha) ont été défoliés par des insectes, tels que la tordeuse des bourgeons de l’épinette, et 86 000 ha ont été consumés par des feux de forêt.

L’industrie forestière a un poids économique important. En 2020, elle représentait 8 % des exportations du Québec et elle a généré, en 2019, près de 30 000 emplois.

Elle est aussi vitale pour de nombreuses régions du Québec, comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui représente la plus importante réserve de bois du Québec avec 500 entreprises actives, dont 9 importantes œuvrant en première transformation, et constitue 20 % de l’exploitation québécoise.

Olivier Rancourt et Miguel Ouellette concluent leur exposé en demandant au gouvernement de laisser les entrepreneurs entreprendre.

Près de 5,5 millions d’hectares (5 551 793 ha) ont été défoliés par des insectes tels que la tordeuse des bourgeons de l’épinette, rendant les arbres inutilisables pour la foresterie.

« Cependant, pour continuer à profiter de ces nombreux avantages, il est essentiel que les différents paliers de gouvernements laissent les entrepreneurs innover sans leur mettre des bâtons dans les roues », peut-on lire.