Que ce soit sérieusement ou avec humour et autodérision, sans peur du ridicule, l'important, c'est qu'elles s'amusent. Moi, ça me réjouit.
C'est entre autres pour ça que j'ai tant aimé la percutante série documentaire J't'aime gros, disponible sur la nouvelle plateforme Vrai, de Vidéotron. Voilà deux filles qui ont décidé d'être elles-mêmes, d'avoir confiance et d'être fières.
Les deux animatrices, qui ont manqué de modèles à leur image étant jeunes, ont choisi d'en devenir pour les autres. En photos, elles s'affirment dans toute leur splendeur pour que l'œil de la majorité s'habitue à voir autre chose que des silhouettes filiformes.
C'est ce que souhaite faire J't'aime gros: nous ouvrir les yeux, élargir nos horizons, identifier les comportements grossophobes que nous entretenons, parfois même sans le savoir.
Parce que les préjugés sont tenaces: les gros sont paresseux, n'ont pas de vie sociale, pas de vie amoureuse, passent leur vie à manger des cochonneries. Penser comme ça, même en cette ère d'ouverture et d'acceptation de l'autre?
Chacun des six épisodes s'intéresse à deux ou trois personnes ayant dû composer avec la grossophobie. Dans le premier, Lise Dion raconte ne jamais s'être dévêtue devant son conjoint, par pudeur. Elle crie aux jeunes filles de ne pas faire comme elle, de ne pas s'empêcher de faire des choses à cause de leur bedaine.
Pourquoi faudrait tout le temps s'excuser d'être gros?
À ce titre, Matthieu Pepper est aussi un modèle. Dans Entre deux draps, il n'hésite pas à se montrer dans son plus simple appareil. Parce que c'est lui, parce qu'il n'a pas à en avoir honte, parce qu'il faut voir toutes sortes de corps. Ce n'est même plus de la provocation, c'est plutôt une façon de dire: pourquoi je me cacherais?
Le témoignage de Mario Cadieux, qui pratique le métier de clown et de magicien, est important. À la diète de 10 à 17 ans, il déjeunait avec une orange et un morceau de fromage. Il a détruit toutes ses photos de lui avant 16 ans tellement il n'aimait pas ce qu'il projetait.
«Je me serais pendu si je n'avais pas trouvé ma voie», explique celui qui a pesé jusqu'à 550 livres et qui n'a pas eu le choix de perdre du poids. «J'allais mourir.»
À un garçon victime d'intimidation à l'école, Mélissa Bédard suggère avec bienveillance de se dire chaque matin dans le miroir: «Chu beau! Je m'aime!» Vous entendrez aussi un chercheur déconstruire les mythes sur le fameux poids santé.
Productrice de la série, Isabelle Maréchal souhaite qu'on change notre vocabulaire quand on parle des personnes corpulentes. «Va falloir qu'on soit plus fins avec nous autres», affirme-t-elle, confiante que la série nourrisse les conversations sur le sujet à la maison.
Pour porter la série, l'équipe de production ne pouvait choisir meilleures ambassadrices que Christine Morency et Mélissa Bédard, qui se livrent généreusement. Les deux femmes, qui n'avaient jamais travaillé ensemble, se sont liées d'amitié avec ce projet. Elles ne font pas qu'animer et mener les entrevues, elles incarnent cette série. On les aime d'emblée.
En conversation avec Mélissa, Christine se met à pleurer en repensant à une photo montage qu'avait faite d'elle un internaute d'une méchanceté sans nom, et qui la dépeint comme un monstre. La séquence surprend parce qu'on ne voit jamais Christine Morency pleurer. On a beau se faire une carapace, il y a des choses qui ne passent pas, qui ne devraient plus passer.
En table ronde en marge du visionnement de presse, j'ai demandé au patron de Québecor Contenu, Denis Dubois, si l'entreprise portait attention à la diversité corporelle à l'écran. «On est rendu là. C'est le reflet de la société. Les gens ont besoin de se voir. [...] Est-ce qu'il y a encore du millage à faire dans notre industrie? Certainement», répond-il.
Christine Morency a profité de l'occasion pour dire à quel point des émissions traduites comme La vie à 600 lb, ou auparavant Qui perd gagne, étaient néfastes et devraient être proscrites de la programmation. «C'est excessivement violent, tant physiquement que psychologiquement. [...] Eux, c'est des bons gros parce qu'ils ne veulent plus être gros», dit-elle à propos de ce type d'émissions, qui perpétuent les préjugés sous le couvert du dépassement de soi.
L'humoriste, parmi les plus drôles de sa génération, a un rêve: «J'aimerais faire une série ou un film avec une femme grosse, en couple avec un homme dans les standards de beauté, et que jamais on ne parle de leur différence de poids. Souvent dans les séries, quand un personnage est gros, il n'est question que de son poids.»
Avec de telles animatrices, vous vous doutez bien que J't'aime gros n'est pas une série triste, même si le sujet n'est pas toujours joyeux. D'autres personnalités ont prêté leur témoignage, dont Jean-Sébastien Girard, la chanteuse Renée Wilkin, une artiste du burlesque, Chantal Sigouin, et notre collègue de La Tribune, Mickaël Bergeron.
Un mot sur la plateforme Vrai, composée uniquement de contenus non-scriptés (compétitions culinaires, téléréalités, docu-réalités, humour, style de vie, documentaires d'enquête, etc.). Pour le moment, les abonnés d'Helix peuvent y avoir accès gratuitement, alors que les autres doivent payer 15$ par mois. Pour connaître les modalités, le plus simple est de se rendre sur vrai.ca.
À venir: des documentaires sur l'Ordre du Temple solaire et sur l'affaire Norbourg.
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Chanteurs masqués toujours premiers
À TVA, Chanteurs masqués ne décolle pas de la première position: dimanche soir, 1 556 000 curieux ont découvert qu'Annie Brocoli se cachait sous le costume de la Poutine. Suivie par 1 290 000 fidèles, Révolution ne cesse de m'impressionner: on y a vu les «moments Révolution» les plus spectaculaires depuis le début de cette émission. La première de JMP, avec un Jean-Marc Parent égal à lui-même, a retenu 843 000 fans, presque à égalité avec Tout le monde en parle, regardée par 847 000 irréductibles sur ICI Télé.
Samedi, En direct de l'univers de Sam Breton a dépassé le million avec 1 008 000 téléspectateurs sur ICI Télé. Le premier épisode de La traque en a quant à lui intrigué 479 000. Mention spéciale à La petite vie, encore le rendez-vous de 727 000 accros!
Il y avait aussi deux matchs du Canadien en fin de semaine. Celui de samedi contre les Red Wings a attiré 444 000 amateurs à TVA Sports, alors que celui de dimanche contre les Bruins en a retenu 425 000 amateurs à RDS.
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