De la moule zébrée ailleurs?

La moule zébrée a été découverte à la mi-octobre au lac Massawippi.

Si la moule zébrée se trouve maintenant dans le lac Massawippi, il y a de fortes chances qu’elle se retrouve ailleurs, estime Ariane Orjikh, directrice générale de Memphrémagog Conservation Inc (MIC). Une réflexion partagée par d’autres intervenants du domaine.


« Si le lac Massawippi en a, ça se peut très bien qu’il y ait d’autres plans d’eau de l’Estrie qui en aient aussi, mais il n’y pas de suivi comme Bleu Massawippi (le fait), donc les gens ne le savent pas. »

Au Québec, selon le site du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), on retrouve la moule zébrée dans le fleuve Saint-Laurent, dans le lac Champlain, le lac des Deux-Montagnes et dans la rivière des Outaouais (du côté ontarien). Par courriel, il cite également les lacs Magog, Memphrémagog, Massawippi et la rivière Richelieu. 

On sait aussi qu’elle se trouve dans le lac des Nations à Sherbrooke, en plus des rivières Saint-François et Magog.

Une fois installée, la moule zébrée est pratiquement indélogeable. La littérature scientifique fait état du lac George, dans l’État de New York, où on aurait réussi à l’éradiquer, selon Mme Orjikh.

Selon le MFFP, la moule zébrée est présente dans le fleuve Saint-Laurent depuis 1989, l’année de sa première détection. 

« Depuis, toute la zone d’eau douce du Saint-Laurent (du lac Saint-François jusqu’à Québec) est envahie par l’espèce », note le Ministère dans un courriel. La situation est similaire pour la moule quagga, détectée en 1992 et présente dans le Saint-Laurent.   

Une étude menée dans les années 1990 par le Ministère avait identifié les lacs Massawippi, Memphrémagog et Magog comme étant susceptibles à l’implantation de la moule zébrée. Le Ministère avait alors fait le suivi de la composition chimique de l’eau de centaines de lacs et de rivières afin de déterminer lesquels possédaient des conditions optimales pour cette espèce. 

Michèle Gérin, directrice générale de Bleu Massawippi

Puisque d’autres lacs sont susceptibles d’être touchés, le Ministère plaide pour la vigilance, soit l’application de bonnes pratiques en matière de nettoyage, afin d’éviter l’introduction dans de nouveaux plans d’eau.

Le MFFP dit maintenir des efforts de détection hâtive dans d’autres lacs de la région de l’Estrie, notamment par la mise en place d’un projet-pilote par la science citoyenne. 

Dans le cadre de cette initiative coordonnée par le Ministère, les citoyens sont appelés à installer des dispositifs de collecte de moules qui sont ensuite inspectés, afin de confirmer la présence potentielle des moules zébrées.  

En plus de s’accrocher aux différentes embarcations et installations, dont les prises d’eau potable des Municipalités, la moule zébrée contribue aux éclosions de cyanobactéries.

« Étant donné que chaque moule zébrée peut filtrer jusqu’à un litre d’eau par jour pour se nourrir, cette espèce réduit ainsi la quantité de phytoplancton et de zooplancton disponible pour certains jeunes poissons, les moules indigènes et les autres invertébrés aquatiques. L’action filtrante d’une grande colonie de moules zébrées augmente la transparence de l’eau et favorise le développement de plantes aquatiques à de plus grandes profondeurs », indique le MFFP.