Merci

MOT DE LA DIRECTION / Le 23 octobre marquait une date importante dans l’histoire récente du Soleil et dans la création de son projet coopératif.


Il y a deux ans, le soir du 23 octobre, dans une salle bondée du quartier Saint-Roch (c’était avant la COVID…), tous les employés du Soleil, journalistes comme conseillers publicitaires, cadres comme syndiqués, se sont dit : «Oui, on y croit». Oui, nous avons confiance à l’idée de reprendre les destinées du Soleil et de lui créer ensemble un avenir viable.

En août 2019, nous avions eu la frousse. Tout aurait pu s’arrêter. Deux mois plus tard, nous sommes repartis de cette soirée d’octobre unis, gonflés à bloc. Nous, employés, futurs propriétaires du Soleil? Et comment! L’aventure devait continuer.

Ce soir-là, quelques-uns sont allés vider une pinte après la rencontre pour mesurer l’ampleur du chantier. Tous étaient conscients qu’il y avait encore loin de la coupe aux lèvres. Il fallait peaufiner encore notre projet de relance, qui prévoyait l’abonnement numérique. Il fallait bien sûr que le tribunal accueille et choisisse notre projet de reprise du Soleil parmi les propositions d’acheteurs potentiels. Enfin, le modèle devait être assez solide pour que des bailleurs de fonds y croient autant que nous.

À partir de ce vote d’octobre, unanime, nous avons travaillé d’un seul front pour que ce projet ambitieux, inédit, imparfait, mais audacieux devienne réalité. Et nous avons réussi.

***

Début décembre, le conseil d’administration de la coop naissante me confiait le mandat de devenir le premier directeur général. Une immense responsabilité, certes, mais le devoir m’appelait. J’avais représenté les directions des six médias de notre groupe sur le comité de relance. J’avais travaillé avec les collègues du Lab numérique sur le modèle d’abonnement. Je croyais profondément que nous avions ce qu’il fallait pour réussir si on travaillait intelligemment.

Les directions successives du Soleil m’ont toujours confié des mandats stimulants depuis mon arrivée en 1995. J’ai accepté au fil des ans les responsabilités de chef de pupitre, de chef de nouvelles, de directeur de l’information, de rédacteur en chef. N’empêche, j’ai abordé la mission de diriger la nouvelle coop avec beaucoup d’humilité, sachant l’ampleur du défi.

J’ai accepté en me souvenant des mots prononcés par Alban D’Amours lors d’une conférence que nous avions organisée pour  démystifier le modèle coopératif : la force de la coop serait proportionnelle au degré d’adhésion de ses membres. En d’autres mots, la réussite de notre relance serait collective ou ne serait pas.

Deux ans plus tard, il m’arrive encore de me pincer quand je regarde tout ce que nous avons accompli si rapidement, collectivement, afin de créer un modèle de média numérique pérenne.

Bien entendu, il a fallu prendre des décisions difficiles. Certaines, très difficiles. La transformation d’un modèle d’affaires ne se fait pas sans heurts, encore plus quand un coronavirus bouscule l’agenda. Mais nous n’avons jamais abdiqué. Nous sommes sortis du bourbier. Et nous avons progressé.

  • Nous avons recommencé à investir en information : neuf journalistes ont été embauchés depuis le début de 2020;
  • Nous avons affecté des journalistes pour produire plus de dossiers et d’enquêtes;
  • Nous avons relancé notre programme de stages pour faire de la place à la relève grâce à un partenaire de la toute première heure, Coop Zone;
  • Nous avons lancé l’abonnement numérique;
  • Nous avons repensé notre offre imprimée du samedi pour en faire un magazine unique, dont on me vante la richesse chaque semaine;
  • Nous avons jeté de nouveaux ponts avec la communauté et lancé des événements pour aller à la rencontre de nos abonnés;
  • Nous avons conclu des ententes avec de nouveaux partenaires d’affaires, désireux de s’associer à un projet d’information local important pour Québec et son développement.

À l’interne, nous avons rebâti une équipe solide à la direction. Depuis deux ans, ils ont été d’une aide de tous les instants pour créer les conditions économiques pour mieux répondre à notre mission d’information.

Le Soleil est aujourd’hui bien placé pour faire face aux prochains défis de sa transformation numérique et pour continuer d’assurer son leadership dans la région.

***

Pour ma part, après ces années d’une intensité rare, mais combien nourrissantes et stimulantes, le temps est venu de passer le flambeau à la direction générale du Soleil. Je céderai ma place à la fin de 2021, habité d’une gratitude immense pour la confiance qu’on m’a accordée, avec la certitude que l’équipe saura se servir de l’élan actuel pour amener Le Soleil encore plus loin.

J’ignore encore les prochains défis professionnels qui se présenteront sur ma route. Mais je laisse le siège avec la satisfaction du devoir accompli. Un proche me demandait cette semaine quelle était ma plus grande satisfaction. J’ai réfléchi quelques instants, avant de résumer : la réponse de la communauté à notre projet.

Il a été satisfaisant, en effet, de constater que la communauté nous a suivis activement dans l’aventure dès le début, nous redisant l’immense valeur que nous avions dans leur quotidien. Mais surtout, il est satisfaisant de savoir que nous avons aujourd’hui plus d’abonnés au Soleil que l’an dernier à pareille date! À nos fidèles de l’imprimé se sont ajoutés de nouveaux abonnés numériques, plus nombreux, chaque jour.

Oui, la communauté du Soleil grandit, alors merci à vous, lecteurs, de supporter notre mission et de nous aider à construire un futur solide à ce média dont nous avons besoin plus que jamais. Ce fut, chaque jour, un honneur de vous servir.