Un sondage Le Soleil/FM93/Navigator réalisé en ligne entre le 29 septembre et le 6 octobre auprès de 505 électeurs de la Ville de Québec met en lumière à quel point les projets de transport cause une division au sein de la population.
Ainsi, 49% se disent «très ou plutôt favorables» au tramway. Cette même faveur grimpe à 51% pour le troisième lien (tunnel Québec-Lévis). Un pourcentage qui baisse à 31% pour le métro léger, dont l’appui semble assez fragile. En effet, seulement 8% affirment être «très favorables» et 28% «plutôt favorables».
«Ça explique pourquoi ces sujets ne sont pas aussi présents dans la campagne électorale. Tu as la moitié de la population qui est pour et la moitié qui est contre,» résume Philippe Dubois, chargé de cours et doctorant en sciences politiques à l’Université Laval et chercheur au Groupe de recherche en communication politique. «Peu importe la position des candidats, ils savent qu’il y a 50% des gens qui ne les aimeront pas.»
Le 3e lien sur la voie d’évitement
Il donne en exemple les propos de Marie-Josée Savard et de Bruno Marchand tenus sur le 3e lien lors d’un récent débat. «Ils avaient le même discours: “On n’a pas assez d’informations pour prendre une décision.” C’est difficile pour eux de dire s’ils embarquent ou pas. Les promoteurs comme les opposants sont très bruyants. Les candidats qui ont la volonté de gouverner sont très prudents parce qu’il faut être élu pour adhérer à un des deux narratifs.»
Selon M. Dubois, cette règle ne s’applique pas à Transition Québec qui lutte ouvertement contre le 3e lien. Le parti environnemental tente de faire le plein d’électeurs plus sensibles aux questions des changements climatiques. Une stratégie qui a ses limites comme il ne s’agit pas de la question de l’urne et que le projet est de compétence provinciale.
Métro léger pesant à porter
«Le parti Québec 21 n’a trouvé aucun appui externe pour vendre son projet. Malgré tout, M. Gosselin bâtit sa stratégie de campagne autour du métro léger, explique le politologue. Au mieux, on le questionne. Au pire, on en rigole un peu. Pourtant, 23% des sondés se disent “plutôt favorables” et 8%, “très favorables”. Stratégiquement, ça vaut quelque chose. Avec 31%, on est aux portes de la mairie. Si c’était vraiment la question de l’urne comm le souhaite le parti, il pourrait espérer attirer plus de votes. On n’en est pas là.»
Le tramway dans tous ses états
«Nous ne sommes pas dans les heures de gloire du projet», constate M. Dubois, prenant connaissance des 49% d’appui au tramway, alors que la faveur populaire a déjà frôlé les 65%. Il y a eu des soubresauts avec le gouvernement Legault. Le projet commence à se mettre en branle. On voit des rues fermées avec les travaux et on commence à voir les arbres qui seront coupés. En fait, on commence à voir juste les désavantages et les doutes et on ne voit pas de tramway rouler», analyse l’expert.
«Il faut un bon porteur de ballon pour bien expliquer le projet. Et s’il n’est pas bien expliqué, les gens n’embarqueront pas. Comme le maire Labeaume ne se représente pas, ça pose un problème pour la personne qui lui succèdera», résume M. Dubois.
«Chose certaine, celui ou celle qui sera maire le 8 novembre aura deux patates chaudes: le tramway et le 3e lien», conclut-il.
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MÉTHODOLOGIE
Ce sondage de la firme Navigator a été réalisé en ligne entre le 29 septembre et le 6 octobre auprès de 505 électeurs. L'échantillonnage non-probabiliste de ce sondage ne permet pas de calculer de marge d’erreur. Le vice-président et directeur de la recherche de la firme Navigator, André Pratte, estime toutefois qu’un tel exercice aurait comporté une marge d’erreur de +/- 4 % s’il s’était fait sous une forme probabiliste.