Le don sous toutes ses coutures au Musée de la civilisation [PHOTOS + VIDÉO]

Plusieurs artistes ont participé à l’élaboration de l’exposition «afin de créer une atmosphère particulière et propice à la réflexion».

Et si la philanthropie était plus qu’une affaire d’argent, de fondations et d’organismes? Avec sa nouvelle exposition, Générosité. Droit au cœur, le Musée de la civilisation souhaite mettre en lumière les petits gestes de l’ombre, ces «remparts d’humanité», qui sont à la portée de tous et dont on ne mesure souvent la valeur que lorsqu’ils disparaissent. Du bénévolat au don d’organes.


Si Générosité. Droit au cœur germait déjà dans les cartons du Musée de la civilisation (MCQ) bien avant la pandémie, l’entraide collective qu’a nécessité la crise sanitaire a toutefois conforté l’équipe dans sa lancée, nous explique Joanne Lacoste, chargée de projet des expositions pour le MCQ.

Loin de faire l’apologie d’une foule d’organismes de bienfaisance ou de grands donateurs millionnaires, l’établissement propose ainsi au public de découvrir la «culture philanthropique» sous toutes ses formes grâce à plus de 200 objets issus de ses collections et dont la plupart proviennent d’ailleurs eux-mêmes de dons faits au musée.



(Le Soleil, Frédéric Matte)

«On parle de culture parce que ces gestes s’inscrivent dans une société, dans une façon d’être, mais également dans l’histoire. C’est ça qu’on a voulu démontrer avec cette exposition-ci. [La culture philanthropique], c’est aussi la relation qu’on a avec l’autre», explique Joanne Lacoste.

Afin de bien comprendre où s’ancrent les racines de la générosité québécoise, l’équipe du MCQ propose donc tout d’abord au public un saut dans le passé. Si la courtepointe de Francine Voyer nous accueille, plusieurs artefacts se retrouvent également dans cette zone ainsi que quelques «bancs de quêteux», ces sièges, situés dans l’entrée des chaumières, où l’on recevait et laissait dormir les mendiants des villages à l’époque.

Plutôt que de déposer des éléments chirurgicaux rappelant le don d’organes ou de sang, le Musée de la civilisation a choisi de symboliser cette catégorie par une multitude de gants provenant de différents horizons.

«En accueillant les quêteux, on accueillait le Christ donc on avait plus de chances d’accéder au paradis. [Les bancs] illustrent la base de la charité chrétienne», note à ce propos Luc Saint-Amand, conservateur de l’exposition.

Les bancs de quêteux, bien présents dans les maisons à l’époque, permettaient d’offrir une paillasse aux mendiants qui voyageaient de village en village.

Cinq grands gestes seront par la suite présentés au centre de la salle : les dons (monétaires et de biens), l’entraide, le bénévolat, l’engagement social et le don corporel. Amenés à se déplacer autour de longues tables, les visiteurs pourront ainsi découvrir bon nombre d’objets symboliques illustrant les thèmes de l’exposition d’un «regard social et anthropologique». Qu’on parle d’une scie à débiter – qui ne peut être utilisée sans que deux personnes coordonnent leurs mouvements –, d’une veste du Club Lions de Lévis ou encore d’un carré rouge rappelant les manifestations du printemps érable.



L’exposition est ponctuée par cinq grands gestes : le don monétaire, l’entraide, le bénévolat, l’engagement social et le don corporel.

Au bout de chaque grand comptoir sont finalement proposées de courtes capsules présentant les témoignages d’individus qui prennent le temps de faire don de soi. De tous âges et de tous horizons, ils expliquent donc leur vision de la générosité et racontent leur histoire.

Pour le Musée de la civilisation, Générosité. Droit au cœur permet ainsi de toucher «l’intelligence sensible» du public tout en lui donnant l’opportunité de réfléchir quant à sa propre générosité.

Plusieurs artéfacts religieux composent l’exposition afin d’illustrer l’évolution de la générosité québécoise.

Les différents visages de la générosité

Plusieurs artefacts présentés au début de la visite sont liés de près ou de loin à la religion catholique : «On ne peut pas renier l’effet du message [religieux] et de certaines de ses valeurs qui sont demeurées, comme la charité et la générosité», estime à ce propos Luc Saint-Amand.

Si elle présente donc ce pan de l’histoire, l’équipe du Musée de la civilisation souhaitait toutefois se détacher de ces carcans auxquels on revient souvent lorsqu’on aborde le monde de la philanthropie. En pigeant dans ses collections, l’organisation culturelle a donc porté une attention particulière à la diversité de ses choix qui proviennent de communautés autochtones, anglophones, protestantes, etc. 

La philanthropie peut dont être partout : qu’elle se retrouve au sein d’une famille, d’une équipe de sports, d’inconnus sur les réseaux sociaux ou dans les hôpitaux : «Au Québec maintenant, la générosité prend plusieurs visages. […] Les gens sont proactifs dans tout ça. Ils veulent participer, donner un sens à ce qu’ils font. Et c’est agissant», affirme-t-elle, tout en notant l’effet d’entraînement de ces petits gestes.

Générosité. Droit au cœur est présenté au Musée de la civilisation du 6 octobre 2021 au 2 octobre 2022. 

Une dizaine de rencontres entre le public et des personnes «pour qui la générosité est une valeur active au quotidien» seront ajoutées à la programmation d’hiver du MCQ. Les détails de cette série seront annoncés ultérieurement.