«Le problème de pénurie de main-d’œuvre en garde scolaire il ne date pas d’aujourd’hui, mais on peut dire que ça s’est vraiment accentué depuis la dernière année», affirme Diane Miron, directrice générale de l’AQGS en entrevue téléphonique.
L’AQGS a transmis en exclusivité au Soleil les résultats de leur plus récent sondage qui porte sur la pénurie d’éducatrices.
Le sondage a été mené en ligne et un total de 852 techniciennes de services de garde ont répondu. C’est une participation relativement élevée (47 %), puisque selon l’AQGS, on comptait 1813 services de garde au Québec, en 2019.
Les résultats révèlent que le réseau des services de garde souffre d’un manque d’éducatrices. Selon les services qui ont répondu, il manquerait actuellement 638 éducatrices dans le réseau.
Lorsque ce chiffre est extrapolé au nombre total de services de garde, l’estimation grimpe à 1357 postes vacants. De plus, 88,5 % des services affirment que leur banque de personnel remplaçant ne pourra suffire aux besoins de l’établissement.
Un aussi gros manque, ça force les services de garde à employer du personnel qui n’est pas qualifié pour remplacer les éducatrices
Les dires de la directrice sont appuyés par le sondage, puisque 33 % des répondants affirment engager au moins un employé sur deux qui ne dispose pas des qualifications nécessaires.
Un impact sur les enfants
Ce manque de personnel à un impact sur la valeur éducative du service de garde, selon les techniciennes sondées. En effet, 49 % pensent que la valeur éducative est quelque peu affectée, alors que 37 % pensent que l’impact est important sur le service.
Pour la majorité des établissements, la situation semble assez difficile. Selon les résultats du sondage, 37 % qualifient la situation de problématique, et 17 % la qualifient de catastrophique.
«Avec une situation pareille, on craint vraiment de perdre la reconnaissance du gouvernement […]. Il faut comprendre que les services de garde ce n’est pas une garderie, certains enfants y passent plus de temps qu’à l’école!» s’exclame la directrice de L’AQGS.
Selon Mme Miron, ce qui freine l’embauche d’éducatrice ainsi que leur rétention dans le réseau, ce sont les «horaires brisés», aussi appelés «chiffres coupés».
«On leur demande de travailler un peu le matin, un peu le midi et ensuite de revenir pour toute la soirée», explique Mme Miron. Selon elle, ces conditions de travail sont simplement décourageantes pour le personnel.
Pour régler ce problème, l’AQGS affirme avoir fait récemment une proposition au gouvernement du Québec qui est toutefois restée sans réponse.
«Il manque de professeurs et de personnel dans les écoles, pourquoi les éducatrices ne pourraient pas aider pendant les heures de classes?» demande la directrice.
Selon Mme Miron, cette mesure permettrait d’attirer plus d’éducatrices dans le réseau car elles auraient des horaires complets, ce qui serait à la fois plus motivant et plus payant pour elles.