Il y a aussi les subventions à la Société de développement commercial de Saint-Roch de 60 000$ par année, l'investissement de 500 000$ dans le réaménagement de l’ancien Lépine Cloutier. Et plus récemment, 20 millions$ pour la construction du YMCA-Ville de Québec et 32,5 millions$ pour le déménagement catastrophique de Lauberivière consacré à l’hébergement des itinérants.
Dernière subvention en date, la Ville de Québec vient d’accorder 330 000$ à l’organisme le Pignon Bleu pour acheter un immeuble rue X’ian au groupe Marcon-Campeau, qui a aussi reçu des subventions au fil des années pour financer un immeuble accueillant un bar à champagne (180 000$) ou pour District 3, un immeuble du même groupe ayant reçu 350 000$ de subvention.
Le déménagement raté de Lauberivière au coût de 32,5 millions$ a accéléré la dégradation du quartier qui avait repris vie grâce à la présence notamment de jeunes familles et d’entreprises de pointe. En effet, ce nouvel immeuble subventionné défraie la manchette depuis son ouverture.
Depuis bientôt six mois, cet éléphant blanc confronte quotidiennement les résidents et les commerçants aux pires spectacles: urine sur les murs des propriétés, excréments humains sur les trottoirs ou les parvis, trafiquants de drogues bon marché profitant des plus vulnérables, beuveries sur les plates-bandes et dans les lieux publics, consommation publique de marijuana, seringues souillées dans les entrées des propriétés, hurlements et crises psychotiques, déchets abandonnés, vomissements, camping sauvage dans les parcs, souteneur et sa prostituée, bris de fenêtres des résidences et des bureaux, méfaits aux véhicules en stationnement, vol de pneu, motocyclettes sur les trottoirs publics, agressions verbales, crachats au visage, pompiers éteignant des feux de broussaille, toilettes chimiques calcinées, clôtures métalliques autour de lieux publics, immeubles couverts de contreplaqués, dépanneur terrorisé, ambulances et voitures de polices en urgence, etc., sans compter le record de locaux commerciaux à louer. Un cirque étourdissant jamais vu depuis 35 ans.
Le tout sous le regard d’enfants et de parents stupéfaits fréquentant le YMCA de la rue du Pont, lui aussi grassement subventionné. Le coût de la construction de vingt millions, dont les bureaux du service des loisirs et de la culture de la Ville de sept millions$ et pour lesquels la Ville de Québec débourse 760 000$ annuellement pour gérer ces installations.
D’ailleurs, le Y vient de givrer toutes ses baies vitrées au rez-de-chaussée pour éviter d’être exposé à ce délire. Autre incongruité, le citoyen de Québec doit débourser pour avoir accès à la piscine publique du Y, contrairement aux autres piscines de la Ville.
La sécurité physique et psychologique des citoyens est en danger, pas seulement leurs propriétés, même si celles-ci se déprécient dans un tel contexte alors que sur 35 ans, plus de 350 000$ de taxes ont été payées par de nombreux propriétaires individuels pour soutenir le Nouvo Saint-Roch.
Si nous ne voulons pas nécessairement d’un«troisième lien», nous ne sommes pas davantage favorables à un «troisième joint», pour paraphraser Catherine Dorion, ni pour le retour des bars de danseuses et des coups de feu comme il y a 25 ans.
Or, force est de constater aujourd’hui que ces dépenses publiques ont pour effet pervers et paradoxal d’entraîner à la hausse le compte de taxes des résidents et des propriétaires privés qui financent ces mêmes investissements, tout en diminuant la valeur de leur propriété. Le YMCA et Lauberivière sont-ils, en plus, exemptés de taxes municipales?
Toutefois, il faut aussi reconnaître que Lauberivière a été confrontée au délestage à la Barrette : beaucoup de béton pour les entrepreneurs et peu de ressources pour les intervenants en première ligne qui se plaignent d’ailleurs que l’immeuble est très tape-à-l’oeil et qu’à défaut de budget de fonctionnement, une dizaine de chambres sur les 149 construites sont toujours inoccupées. De petites propriétés à échelle humaine ou une coopérative d’habitation auraient davantage créé les conditions d’une autonomie véritable des personnes itinérantes.
Il faut mettre fin à cette mentalité pompeuse du «Think Big» et investir dans des projets à échelle humaine. D’ailleurs, la Fondation de Lauberivière et ses administrateurs, dont Patrice Drouin, le directeur de campagne de l’équipe Savard, auraient pu davantage contribuer à une réflexion sur l’intégration de l’itinérance plutôt que d’imposer cette greffe contre nature à un quartier qui s’était refait une beauté de peine et de misère.
Oui au «Vivre ensemble», mais non au «Ivre ensemble». Il faut éviter que Saint-Roch devienne un East-Hastings vancouvérois de triste réputation. La dignité des itinérants mérite mieux que le défilé gênant de leur souffrance devant cette Maison de l’indifférence.
Il ne faut pas attendre une tragédie pour exiger que les itinérants connaissent un meilleur sort que les aînés que nous avons parqués dans les CHSLD.
Les reçus fiscaux de charité et la bonne conscience des autorités masquent beaucoup d’hypocrisie comme au temps des villages Potemkine.
La Ville de Québec doit mettre cartes sur table : veut-elle faire du secteur de Lauberivière le quartier général des œuvres de charité? Si oui, qu’elle ait la décence et la franchise de dédommager les résidents et d’exproprier les propriétaires. Les élections municipales sont toutes indiquées pour débattre des intentions réelles des partis.
François Leduc
Napoleon Woo
Denis Duchesne
Jaime Kate Woo
Aurèle Tragin
Simon Gauthier
Timothée Martin