Pendant quinze ans, James Bond a eu les yeux de Daniel Craig. L’acteur de 53 ans, qui a endossé le costume pour la première fois en 2006 avec Casino Royale et avait accepté de rempiler pour un ultime épisode, devrait cette fois laisser sa place.
Pas évident de le remplacer: en cinq films, dont Skyfall et Spectre, Daniel Craig aura su apporter sa patte au personnage de l’agent au permis de tuer, sans bouleverser les fondamentaux mis en place par l’écrivain Ian Fleming il y a 70 ans.
Daniel Craig «a sublimé le côté humain du personnage», exploitant l’idée d’un James Bond «crédible, qui doute, qui a peur, qui est un tueur, mais a des sentiments», résume pour l’AFP le spécialiste de la saga Laurent Perriot, coauteur notamment des Répliques cultes de la saga Bond, qui sort cet automne.
Un an après le décès de Sean Connery, qui avait inauguré le personnage dans les années 1960 en héros viril jusqu’à la caricature, la distribution la plus courue de la planète est à nouveau ouverte.
Envoyer un message?
La production en profitera-t-elle pour faire un pas vers la diversité, voire confier le rôle à une femme, prenant définitivement des libertés avec l’œuvre d’Ian Fleming?
Sur le papier, l’acteur doit être «jeune, vigoureux et séduisant, c’est le triptyque fondateur. À l’époque, le morphotype était celui d’un homme blanc, mais rien n’interdit d’imaginer un Bond noir, asiatique...» explique Guillaume Evin, auteur de nombreux ouvrages sur James Bond, dont Bond, la Légende en 25 films, publié cet automne.
Un choix qui enverrait un message, dans une industrie du cinéma qui ne cesse de s’interroger sur sa propension à perpétuer des stéréotypes: l’hypothèse de confier le rôle à l’acteur britannique noir Idris Elba (The Wire, Luther), soutenue par un ex-007, Pierce Brosnan, a déjà suscité de nombreux commentaires racistes.
Quant à l’idée d’un James Bond féminin, elle ne semble pas tenir la corde: dans Mourir peut attendre, James Bond tente de goûter à la retraite et c’est une jeune recrue, Nomi, qui récolte le matricule «007».
À l’écran, c’est donc une actrice britannique noire de 33 ans, Lashana Lynch, qui devrait endosser le costume de l’espion, mais sans en prendre le nom, une façon de «muscler les personnages féminins» sans remplacer James Bond lui-même, souligne Guillaume Evin. Une petite révolution qui a déjà valu à l’actrice une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux.
Interrogé sur le sujet par le magazine Radio Times, Daniel Craig a souligné qu’il fallait «de meilleurs rôles pour les femmes et les acteurs de couleur». «Pourquoi une femme devrait-elle jouer James Bond, quand il devrait plutôt y avoir des rôles aussi bons que celui de James Bond, mais créés pour une femme?»
Tom Hardy, Luke Evans...
Toutes les combinaisons restent envisageables: visage connu de tous comme l’était à l’époque Roger Moore avec les séries Le Saint et Amicalement Vôtre ou talent moins identifié ? Sujet de Sa Majesté ou vedette américaine ?
L’un des noms les plus cités est celui de Tom Hardy, qui a largement fait ses preuves, par exemple dans Mad Max: La Route du chaos ou chez Christopher Nolan endossant le rôle de méchant face à Batman (L’ascension du chevalier noir).
Mais son âge (44 ans) pourrait jouer contre lui: s’il faut un peu de bouteille pour incarner un héros comme James Bond, le prochain sera probablement choisi pour pouvoir durer jusqu’à l’horizon 2030-2035.
D’autres noms sont régulièrement avancés, dont ceux cités par les bookmakers: Rege-Jean Page, le héros de La chronique des Bridgerton, James Norton, adulé sur le petit écran britannique, ou encore Luke Evans, vu dans de grosses productions comme Rapides et dangereux...