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Le parti accumule les discussions avec le comité citoyen SOS Saint-Sacrement depuis plusieurs semaines voire des mois. Le groupe n’a d’ailleurs jamais perdu espoir de rescaper l’église Très-Saint-Sacrement du quartier éponyme, il compte sur l’appui d’environ 10 000 signataires d’une pétition lancée sur le Web.

Même si la paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger, à laquelle appartient l’église du Très-Saint-Sacrement, semblait avoir fait son deuil et malgré les mauvaises nouvelles, le groupe de citoyens continue de rêver.

Québec Forte et Fière est d’avis que le dossier est victime «d’un manque de volonté politique». Le parti souhaite s’impliquer dans le dossier et donner un réel coup de main au comité de citoyens.

«C’est un bâtiment qui a beaucoup d’importance pour les gens du quartier, depuis très longtemps. D’abord, une église avec un stationnement fermé, ça ne sert à rien. Pour nous, le statuquo n’est pas une option. Aussi, le bâtiment a une valeur identitaire, une valeur symbolique, il faut la conserver», signale d’entrée de jeu Catherine Vallières-Rolland, candidate pour QFF dans Montcalm-Saint-Sacrement, en entrevue avec Le Soleil.

Elle juge que l’église du Très-Saint-Sacrement est l’enjeu important de son district, même un enjeu électoral significatif pour la course à la mairie.

«Dans les dernières années, ce dossier-là a stagné. Le candidat Yvon Bussières en 2018 a demandé à la Ville à ce que l’église soit protégée, et l’administration Labeaume a rejeté cette demande-là», soulève Mme Vallières-Rolland.

«Ça prend du leadership politique pour faire avancer le dossier. Ce qu’on entrevoit, c’est avant tout de s’assurer de la sécurité du bâtiment. Et on aimerait contribuer à une partie du financement de cette étude-là», explique la candidate.

Après que le portrait clair de l’état du bâtiment soit dressé, QFF veut bâtir «un lieu extraordinaire» avec les citoyens. Avec l’église ou pas, parce que la vocation de l’espace en tant que tel est tout aussi importante.

«Selon les analyses, il y a deux directions qu’on peut prendre, mais peu importe laquelle, on souhaite redonner cet espace-là aux citoyens», souffle Bruno Marchand, aux côtés de sa candidate.

«On veut aménager un espace public et permettre aux gens d’y contribuer dans la conception. On veut que les citoyens recommencent à fréquenter l’endroit. J’imagine un lieu qui leur permettra de socialiser, se reposer, échanger et amener des gens dans les commerces de proximité», explique Catherine Vallières-Rolland.

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Comment faire pour raviver le secteur? M. Marchand est d’avis que la réponse commence avec le terrain de l’église du Très-Saint-Sacrement.

«Il y a une volonté exprimée par beaucoup de citoyens. Ils ne demandent pas la lune. Ils veulent juste être écoutés On cherche à construire des quartiers vivants, présentement ici c’est un problème. On va exercer le leadership politique qu’il faut», ajoute-t-il.

Toujours pas classée

L’église du Très-Saint-Sacrement est toujours en attente d’une décision de classement du ministère de la Culture. La ministre Nathalie Roy a signifié son avis d’intention de classement en mai 2020. Un an plus tard, elle prolongeait de 12 mois son temps de décision. L’avenir de l’église sera donc décidé au plus tard en mai 2022.

Avant cet avis d’intention, l’église se dirigeait vers une démolition assurée, laissant la voie libre aux promoteurs immobiliers. Depuis, SOS Saint-Sacrement multiplie les actions et les démarches pour prouver que la conservation du bâtiment est possible, si on est prêts à lui donner un peu d’amour — et d’argent!

Québec Forte et Fière est prêt à lui donner l’amour — et même une enveloppe! — que l’église mérite.

«Le parvis, c’est un projet qui peut se réaliser avec ou sans classement, lance d’abord Mme Vallières-Roland. L’église est un cœur de quartier, c’est le cœur du quartier Saint-Sacrement.»

Même sans l’église, l’espace demeure inoccupé.

«En attendant [le classement], on veut travailler avec le gouvernement pour voir les options. Les Espaces Bleus pourraient être un bon programme dans lequel s’inscrire.»

SOS Saint-Sacrement prévoyait justement combiner un financement privé populaire avec d’autres sources de fonds gouvernementaux pour commander une nouvelle étude, afin de s’assure de l’état de structure de l’église. Québec Forte et Fière entend donc contribuer au financement de cette étude.

Classé ou pas, démolition ou pas, le parti souhaite aller de l’avant avec son projet de place publique. Il souhaite encourager la discussion entre les différents organismes, commerçants et partenaires financiers du secteur.

«Ça démontre le sérieux qu’on a, qui sera exprimé quotidiennement, avec le fait que cette ville-là, on ne peut pas la construire sans les citoyens. Des fois on ne pourra pas préserver, mais on a cette profonde conviction qu’on est gagnant si on travaille avec les citoyens», ajoute Bruno Marchand.

Un allié

Le comité SOS Saint-Sacrement voit QFF comme un allié. «Mais on parle avec tous les autres partis aussi. On sent un consensus pour conserver l’église», note Annie Métivier Hudon, membre du comité.

Tous les candidats aux élections municipales ont offert leur support au regroupement, le support de QFF s’est toutefois transformé en projet «précis et concret», avec des étapes déjà établies. Cet engagement le place un peu en avant des autres partis, dans le dossier de la conservation de l’église.

«On est super heureux qu’ils s’engagent dans cette voie-là, on a hâte de travailler avec eux sur les différents détails. Ils ont devancé nos demandes et ont été extrêmement imaginatifs et impliqués. Leurs idées ont été très appréciées par le comité», souligne aussi Annie Métivier Hudon.

L’administration Labeaume ne souhaitait pas nécessairement conserver l’église et la requalifier, rappelle-t-elle, puisqu’elle ne figurait pas sur la liste Porter.

Rappelons qu'un groupe de travail sur la conservation du patrimoine religieux de la Ville de Québec avait listé huit églises dont la conservation devait être privilégiée.

«[Le maire Labeaume] s’était positionné très clairement. Il n’allait pas se mouiller à nous appuyer. Il restait dans le statuquo. Là, on pense qu’il y aura un gros changement de direction à la ville.»

L’idée d’en faire un lieu culturel, un lieu d’échange et un lieu communautaire mijote dans la tête du regroupement citoyen depuis le début. Le groupe demeure «frileux» à l’idée d’en parler, puisque des études sur la qualité du bâtiment restent à être réalisées.

SOS Saint-Sacrement salue surtout la volonté de QFF de conserver le lieu ou des morceaux, advenant une démolition totale ou partielle inévitable.

«Ça démontre d’un respect de l’esprit du lieu, d’un respect de la vocation du lieu. Depuis 100 ans, c’est une vocation communautaire, sociale et ouverte au public. [QFF] souhaite avant tout conserver la vocation, pas juste balayer la culture de la main et en faire un projet immobilier comme d’autres partis politiques étaient prêt à le faire.»

Parmi ces autres partis politiques, il y a l’administration Labeaume. Mme Savard se dit le «parti de la continuité», est-ce qu’elle a rencontré le regroupement pour parler de l’avenir de l’église? «Non, pas encore. On a l’impression qu’il n’y a pas de plateforme ou de projet clair, mais on va insister. On va essayer de lui parler», assure Mme Hudon.

Pour SOS Saint-Sacrement, il est clair que QFF a devancé Mme Savard dans le dossier. «Politiquement parlant, je m’attendais à ce que Mme Savard développe une stratégie, un plan de match, plutôt que le silence radio qu’on a dû endurer. Étant donné que c’est un enjeu très cher à la population du quartier», ajoute Mme Hudon.

Il est évident que SOS Saint-Sacrement a «un petit peu peur» qu’une fois élue, Marie-Josée Savard prenne la même décision que son prédécesseur.

«Pour nous, avec les récents développements et notre volonté, avec les études, le statuquo est mal avisé. C’est une mauvaise façon de faire. L’église devient un enjeu électoral et tout plein de nouvelles possibilités s'offrent à nous», termine-t-elle.

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