Après avoir lu dans un article que le Kundah Hôtel était le resto favori de plusieurs chefs renommés de la capitale, j’avais des attentes élevées, forcément. L’établissement les a carrément pulvérisées avec ses plats originaux prodigues en saveurs qui mettent les papilles en fête, son service sympathique et son ambiance agréablement détendue.
Les gens qui cherchent un restaurant indien «authentique» seront sans doute surpris de trouver au menu des bourgots, de la rhubarbe et des crevettes «de Matane». Mais qu’ils ne laissent pas ce détail les arrêter : si le chef-copropriétaire Raphaël G. Théberge met en valeur des ingrédients québécois, le résultat est collé aux saveurs intenses de la cuisine indienne, grâce aux nombreuses épices qu’il marie avec brio. Et c’est tellement finement exécuté! Pas étonnant : il a travaillé au Saint-Amour et au Laurie Raphaël, entre autres tables prestigieuses.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/IU4TYHZN2NBBXKJVUAQZYOMTXM.jpg)
La carte se prête au partage avec ses diverses entrées, ses currys et ses grillades. Avec David et notre amie Karine, nous avons commandé sept assiettes et deux desserts, et nous en avons eu amplement. Récit d’une soirée bien relevée.
Régal aromatisé
Karine est déjà là quand nous arrivons, assise à une table haute près du bar. La salle à manger, qui abritait jadis Laurentien Buvette gourmande, me semble avoir gagné en couleur et en chaleur. Profusion de plantes, musique rock classique loin du quétaine, discussions animées : l’ambiance est parfaite.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/XZBOSSB6ZZF6XCLPS26ZTG4FVM.png)
Après avoir apporté les apéros (dont mon excellent chai glacé), la serveuse nous décrit les différents mets… et nous fait saliver. Le temps d’une toune peu connue des Doors, et voilà le premier service qui arrive. Les pani puri m’intriguaient, et titillent encore plus ma curiosité une fois devant moi. Surmontées d’un quartier de fraise, ces coquettes coquilles de farine de blé sont farcies de riz sauvage soufflé, de sauce à la rhubarbe (en remplacement du tamarin habituel) et de yogourt sucré au vinaigre de cidre. Ça croustille, ça «onctue», le mélange de goûts est à la fois riche et frais. On adore.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/HU2ADW5OAVDFDCDEM3IVFULQMI.png)
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/JVP6FBOTYZGCNFPEYJJNHWGCYU.png)
Autre belle union indo-québécoise, le bourgot kooloo allie des bourgots et des mactres de Stimpson émincés et marinés à une salade de concombre et radis au gingembre, moutarde et aneth, l’herbe venant vivifier l’ensemble, très rafraîchissant. Les épices s’en donnent à cœur joie dans le vada pav, qui rappelle un burger : dans un pain moelleux comme un nuage, une galette de pomme de terre moutardée et frite délivre ses saveurs avec ardeur, agrémentée de sauce à la rhubarbe, de ghati masala et de sauce aux herbes. Sur le dessus, un pickle de rabiole plutôt que de mangue.
Le deuxième service apportera lui aussi de splendides surprises… et quelques suées. Le dal tadka semble traditionnel (un bouillon épais aux lentilles corail), mais il se distingue par son enivrant beurre composé à la cameline, oignon, ail, piment, gingembre, curcuma et cumin. Nous restons béats d’admiration devant le poulet tikka, impeccable, tendre comme pas un, sa peau ayant conservé les arômes de son passage sur le gril. Et la sauce! Beurre noisette, yogourt et piment habanero créent une composition parfaite, aux saveurs un peu torréfiées.
Le palak paillasson génère un enthousiasme similaire. Au lieu d’être garni de fromage paneer, ce curry offre en pâture à nos bouches avides deux généreuses tranches de Paillasson de l’Isle d’Orléans dorées dans la poêle. Leur côté salé se fond dans la tombée d’épinards crémeuse aux pommes de terre assaisonnée au carvi, qui exhale des notes de menthe tout à fait opportunes.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/LIN4RY4RKVDU3OT3WNF5YTKVLQ.png)
J’ignore si les champignons moilee (dans une sauce au lait de coco, chou-fleur et fenugrec) sont toujours aussi piquants, mais je soupçonne une personne en cuisine d’y être allée inhabituellement fort sur la pâte de piment oiseau maison. Après deux bouchées, Karine et moi transpirons d’endroits inusités : paupières pour moi, derrière de genoux pour elle. C’est trop pour nous. Vite, un peu de pain chapati pour apaiser le feu!
À mon grand bonheur, les épices s’invitent aussi au dessert. Je m’attendais à fondre pour le gâteau des anges à la cardamome, crème anglaise au rhum et coulis de fraise au clou de girofle, mais, même s’il était excellent, c’est la tarte au chocolat pimenté sur étagé de biscuits aux épices qui a volé mon cœur. Avec sa voluptueuse crème fouettée au chai, c’était écrit dans le ciel.
AU MENU
Kundah Hotel
325, rue de la Couronne, à Québec
581 300-3930
kundahhotel.com
• Ouvert le soir du mercredi au dimanche
• Bouteilles de vin de 39 $ à 102 $
Entrées de 6 $ à 14 $, plats de 12 $ à 18 $
Coût de l’addition pour un repas pour deux avant taxes, pourboire et alcool : 73 $ (pour quatre entrées, trois plats et deux desserts)
Bravo : pour le pari réussi d’offrir des recettes traditionnelles indiennes adroitement renouvelées avec des ingrédients d’ici, les harmonies d’épices maîtrisées, l’ambiance cool, le service très sympathique.
Bof : le curry de champignons était vraiment trop piquant.