Enseignement en temps de pandémie: charge de travail accrue... mais du positif aussi

Sans surprise, les enseignants sont «fatigués émotionnellement» de leur année d’enseignement en temps de pandémie, pendant laquelle ils ont travaillé davantage qu’en temps normal.


Ces enseignants ont trouvé particulièrement difficile de motiver les élèves pour l’enseignement en ligne et difficile de faire le suivi des élèves à distance.

Mais tout n’est pas sombre, puisque la pandémie leur a permis de développer de nouvelles compétences, d’innover, de trouver de nouvelles façons d’enseigner.

Voilà quelques constatations qui ressortent d’une enquête réalisée par le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante. Plus de 2400 enseignants ont participé à l’enquête, au primaire, au secondaire et à la formation des adultes.

Ainsi, 91 % d’entre eux estiment avoir travaillé davantage pendant cette période que durant une année normale. Et les tâches administratives ont aussi été plus importantes pour 88 % d’entre eux.

De même, 77 % ont estimé que les directives du ministère de l’Éducation n’étaient pas suffisamment claires. À ce chapitre, le principal défi a été le respect des consignes sanitaires sur place.

Malgré le contexte difficile et inédit dans lequel ils ont dû évoluer, le taux d’insatisfaction n’est pas si élevé qu’on aurait pu le croire. Les enseignants se divisent en trois camps presque égaux: 32 % se disent toujours satisfaits de leur travail, 36 % moyennement satisfaits et 33 % insatisfaits.

De la résilience

Le chercheur principal, Maurice Tardif, fait remarquer la résilience des enseignants qui ont tout de même su bien s’adapter, même si tous n’avaient pas la même habileté avec les technologies.

«Il y a du positif aussi. Il y a un phénomène de résilience, de maîtrise progressive de la nouveauté. Les enseignants ont dû improviser et inventer de nouveaux moyens» pour transmettre le savoir à leurs élèves, a-t-il souligné en entrevue.

Reste que la pandémie a eu «un impact sur les tâches» des enseignants. Elle a démontré qu’«il faut soutenir davantage les enseignants sur le plan technique. Il faut que les Centres de services scolaires mettent en place une structure de soutien plus efficace et portent attention à l’augmentation de la tâche», plaide le professeur Tardif.

Soutenir les profs

Invitée à commenter, la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement de la CSQ, Josée Scalabrini, a dit espérer que le ministère de l’Éducation tirera des leçons de cette enquête.

Même si les gouvernements qui se sont succédé ont prétendu que l’éducation était une priorité, ce n’était pas vrai et la pandémie l’a démontré, soutient Mme Scalabrini.

Dès le début de la pandémie, les tablettes et les ordinateurs ont manqué, le soutien technique pour les enseignants aussi. De même, les bâtiments scolaires sont vétustes, dans bien des cas, ce qui a des conséquences sur la qualité de l’air.

Mais les choses peuvent changer, si tous les acteurs donnent vraiment la priorité à l’éducation, plaide Mme Scalabrini, qui se dit tout de même optimiste.

«Ce qu’on a détruit sur une quinzaine d’années, parfois une vingtaine d’années, on ne va pas le reconstruire en un an, deux ans. Mais il faut qu’il y ait un plan clair, une consultation sur le terrain des gens qui font l’école au quotidien. Il faut qu’on regarde quelles doivent être les priorités, qu’on regarde comment on peut aider, pas juste l’élève qui a un retard, mais aussi l’enseignant et les autres membres du réseau de l’éducation qui doivent soutenir cet élève-là», a-t-elle résumé.