La Ville de Québec n’a presque pas d’infrastructure cycliste, alors pourquoi inciter les gens à se mettre au vélo avant d’offrir une infrastructure sécuritaire et pratique? Faire les choses dans cet ordre risque fortement de faire échouer la campagne et de gaspiller l’argent des contribuables, c’est-à-dire nous. Il y a zéro organismes à Québec offrant des formations de vélo utilitaire. Quand on a demandé à la Ville de les offrir, on nous a répondu : «C’est pas notre job»! La possibilité de suivre une telle formation est un des éléments incitant le citoyen à rouler en ville. L’autre chose? La sécurité. Pourquoi est-ce que les gens roulent sur le trottoir? On ne se sent pas en sécurité sur la chaussée. Qu’est-ce qui crée cette sécurité? La principale chose est la séparation des autos et des vélos.
Un grand nombre des pistes cyclables à Québec sont récréatives, se trouvent dans des parcs, elles ne nous amènent pas à des destinations d’études, de travail, de garderies, etc. Bref, elles ne sont pas utilitaires. On dirait que la Ville ne voit que les cyclistes du «dimanche». La Ville dit que le cyclisme a augmenté beaucoup ces dernières années; oui, ce cyclisme récréatif où on arrive aux parcs en auto. La Ville de Québec voit le petit gars nanti sur son vélo de 3000$, tout habillé en lycra, qui sort de la ville en auto pour aller faire son tour du dimanche sur un des «Top six des circuits vélos» de la région. Lorsqu’on obtient la «carte vélo officielle», on voit l’accent sur ces «top six» avec même des gains d’élévation! Pas la même chance pour les pistes cyclables en ville, pas beaucoup de détails, pas de gain d’élévation!
Une chose qui s’est beaucoup améliorée en mai et juin, c’est le stationnement. Des supports à vélo ont poussé partout au centre-ville comme des champignons, mais les banlieues? Ça, c’était nécessaire, en espérant qu’on ne les enlève pas pour l’hiver. Pourtant, les deux grands supports à vélo que la Ville avait installés en grande pompe il y a quelques années sur la rue St-Jean et à côté de Cartier sont disparus au profit des nouveaux vélos électriques! C’est comme déshabiller Paul pour habiller Pierre.
Le réseau cyclable
Quelques rues aménagées correctement ne font pas un réseau cycliste. Tout comme pour un réseau de transports en commun, on doit connecter une ville du nord au sud et de l’ouest à l’est. Mais des bandes et pistes cyclables pas connectées, toutes à niveaux de sécurité différents, ne sont pas utiles pour le vélo utilitaire. On ne peut pas juste peinturer des lignes à côté du trottoir et les appeler des pistes cyclables. Il faut suivre des recommandations d’ingénieurs du transport, mettre en oeuvre des normes de sécurité et consulter des cyclistes.
Voici quelques observations:
- Rue Beaucage, Vanier : belles bandes cyclables unidirectionnelles, mais des autos y stationnent impunément;
- Père-Lelièvre : très étroite, des grilles de puisard avec ouvertures parallèles à la voie, ce qui est extrêmement dangereux! Aussi une bande cyclable non séparée sur un boulevard à quatre voies à haute vitesse, extrêmement dangereux;
- 8e Avenue : bande à double sens sur une rue à double sens, aussi très dangereuse, très étroite et encore plus étroite dans le sens inverse! Si un/e cycliste a le droit de rouler à un mètre du trottoir, pourquoi utiliserait-on une bande cyclable avec une largeur entière de moins d’un mètre? C’est un défi de logique.
- Pente douce : Iulia, une cycliste dans la quarantaine qui fait 18 km par jour, la trouve «une vraie catastrophe. On est certain de se casser la figure et briser son bicycle».
Iulia ajoute que «les grands boulevards sont hostiles à la pratique du vélo», il n’y a aucune amélioration qui relie «les quartiers plus éloignés avec le centre-ville». De plus, il n’y a pas de «formations à des prix abordables pour la réparation de vélo accessibles à vélo».
Ces conditions ne font que démontrer que l’aménagement cycliste à Québec et cette nouvelle campagne sont organisés par des gens qui ne font pas de vélo utilitaire, ne considèrent pas le vélo comme un vrai moyen de transport, ne lui accordant que le minimum d’espace sur la route sans trop déranger le «vrai trafic» et, le plus bouleversant, n’accordent pas beaucoup d’importance à la sécurité de tout cycliste. La mobilité restera un privilège dans cette ville seulement pour ceux en auto ou qui peuvent se permettre un laissez-passer de bus, tandis qu’en respectant le vélo comme transport viable, on donnerait plus de choix aux citoyens à faible revenu par exemple, lesquels aussitôt propriétaires d’un vélo auraient la mobilité à portée de main.
Suggestions
1. RTC Vélobus: pourquoi délimiter arbitrairement l’usage du vélo juste à l’été et juste aux Métrobus? Surtout qu’avec les changements climatiques, les saisons ici changent et se réchauffent. C’est paternaliste;
2. Surmonter la falaise: au fur et à mesure qu’il faudra réparer ou remplacer les nombreux escaliers, on peut réduire la pente en changeant les volées en zigzag ou en spirale. Aussi inclure partout des dalots pour vélos comme à l’escalier de la Chapelle, le seul à en avoir un. Vélo Québec a aussi suggéré du stationnement au pied et à la tête des escaliers;
3. Un comité cycliste à la Ville: avec des représentants de Vélo Québec et représentatif des cyclistes utilitaires de la ville, cela veut dire femmes, étudiant-e-s, aîné-e-s. Aînés comme J.-Y., dans la soixantaine, qui circule à vélo 12 mois par année;
4. Un métro au lieu d’un tramway: un métro peut transporter des vélos;
5. Des vélos en libre-service: pourquoi juste des vélos électriques?
Finalement
Le problème est l’aménagement urbain et le lamentable manque d’intérêt de la part de la Ville pour les besoins et surtout pour la sécurité des cyclistes utilitaires. Aussi, remarquez que je ne dis rien de nouveau. À mon étonnement, les défaillances que j’ai remarquées, je les ai toutes trouvées (et plus) dans des rapports de Vélo Québec livrés à la Ville en 2015 et en 2019.