Les pédiatres du Québec réclament une rentrée «normale» pour les écoliers

À la veille du dévoilement du plan de la rentrée par le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, l’Association des pédiatres du Québec espère que le scénario initial dévoilé en juin sera maintenu. Un retour en classe à temps plein sans masque ni bulle-classe et une reprise des activités parascolaires, demandent les spécialistes.


Dans une lettre adressée lundi au premier ministre François Legault ainsi qu’au Dr Horacio Arruda et au ministre de l’Éducation Jean-François Roberge dont Le Soleil a obtenu copie, l’Association des pédiatres du Québec espère que les enfants retrouveront l’école «normale» dès la rentrée 2021.

En attendant de connaître les orientations du gouvernement du Québec, les spécialistes réclament que le scénario d’abord mis sur table avant les vacances soit privilégié. On y faisait entre autres mention d’une organisation scolaire sans restriction de groupe-classe, sans masque ni couvre-visage pour le personnel et les élèves.

«Considérant les conséquences mineures du virus sur la santé des enfants et le taux de vaccination très important chez les plus de 12 ans, taux appelé à progresser rapidement au cours des prochaines semaines, nous avons la possibilité de leur offrir la vie scolaire dont ils ont fondamentalement besoin à l’heure actuelle», écrivent les Drs Marc Lebel, président, et Marie-Claude Roy, membre du conseil d’administration de l’association.

Les experts en pédiatrie estiment que les mesures sanitaires adoptées dans les écoles ont certes un impact sur la pandémie, mais aussi «et surtout» sur la santé développementale, psychologique et académique des enfants.

L’heure n’est plus à réfléchir aux conséquences à court terme, mais aux conséquences à moyen et long terme sur l’avenir des enfants et des adolescents québécois

«Cette nouvelle réalité entraînera inexorablement des dommages collatéraux qui forgeront l’avenir de toute une génération», prévoient-ils.

Éthique et transmission communautaire 

Pour appuyer ses propos, l’Association des pédiatres du Québec plaide que la majorité des cas déclarés en milieu scolaire l’an dernier étaient acquis dans le domicile familial et non en classe, confirmant ainsi, selon ses membres, que «la circulation du virus dans les écoles constituait un reflet de la transmission communautaire et non sa source».

Même avant l’imposition du masque au primaire, les éclosions qui y étaient recensées ne comptaient que moins de cinq cas, ajoute l’organisation en se basant sur des données de santé publique.

À quelques semaines de la rentrée scolaire au primaire et au secondaire, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge doit faire connaître sa mise à jour des modalités du retour en classe mercredi. La ministre de l’Enseignement supérieur Danielle McCann avait fait savoir plus tôt que les campus universitaires et collégiaux accueilleraient les étudiants en présentiel cet automne, sans masque ni distanciation physique de deux mètres dans les classes.

«Considérant l’allègement important annoncé pour la rentrée au collégial et dans les universités, il serait éthiquement discutable que des mesures sanitaires plus strictes soient imposées aux enfants qui ont le fardeau d’être non vaccinés», défendent les pédiatres.

Seuls les Québécois âgés de 12 ans et plus sont à ce jour autorisés à être vaccinés contre la COVID-19. Le ratio «coût-bénéfice» pourrait même faire en sorte dans le futur que les enfants — une population qui est «peu malade» de la COVID-19 — ne soient pas vaccinés, soulèvent-ils.

«Nous devons tout faire pour laisser les jeunes retrouver leurs repères et se reconstruire, avec confiance, au cours des prochains mois», peut-on finalement lire dans la lettre invitant à une discussion avec les autorités concernées.