Le service attendu depuis plus de dix ans dans la capitale ne vend pas des petits pains. Il fournit du matériel d’injection stérile et un lieu sécuritaire supervisé par des infirmières pour intervenir en cas de surdose ou encore éviter la transmission des maladies par le sang, comme l’hépatite, avec du matériel souillé. Le but n’est donc pas de battre des records d’achalandage.
Il reste que le premier défi du centre était de convaincre les utilisateurs de drogues par intraveineuse et par inhalation (UDI) de fréquenter le petit local du quartier Saint-Roch.
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Dans cette perspective, les premiers chiffres de fréquentation sont réjouissants. «La clientèle est au rendez-vous. C’est mission accomplie. C’est un service qui était attendu de longue date. Mais on ne savait pas comment ça se présenterait, lance Amélie Bédard, directrice de la Coopérative de solidarité de soins de santé de première ligne SABSA, pour les personnes vulnérables en marge du système de santé régulier, qui gère aussi L’Interzone.
«Si le but du centre est d’être en lien avec des gens plus à risque et vulnérables qui ont besoin d’un endroit sécuritaire pour s’injecter, c’est un objectif atteint. On a engagé des pairs qui étaient bien réseautés. Le bouche-à-oreille a porté fruit», explique-t-elle.
En avril, L’Interzone comptait huit visites par jour. En juillet, ce chiffre a grimpé à 20 visites quotidiennes. Quelque 200 personnes s’y sont rendues pour s’injecter ou inhaler une drogue ou pour se procurer du matériel d’injection ou encore une trousse de naloxone, qui permet de renverser rapidement et temporairement les effets, parfois mortels, d’une surdose d’opioïdes. Le centre fournit aussi des bandelettes de détection de fentanyl, présent dans plusieurs drogues dites «dures» et responsable du décès de milliers de personnes à travers le pays.
Pour Mme Bédard, il est encore trop tôt pour chiffrer l’effet de la réduction des méfaits et l’amélioration de la santé des usagers, deux principales raisons de l’ouverture du centre. Mais déjà, elle constate que les services remplissent leur rôle.
«Les personnes qui se présentent remplissent des fiches. On peut faire un suivi. Par exemple, il est arrivé que des usagers veuillent avoir une prise de sang parce qu’ils soupçonnent avoir une infection transmissible sexuellement ou par le sang. Si le résultat est positif, il va chez SABSA et on le soigne. Il est aussi arrivé une ou deux fois d’avoir recours à la naloxone.»
La directrice est tout aussi satisfaite de l’acceptabilité sociale du service dans le quartier. «Il y avait beaucoup d’appréhensions en amont de l’ouverture. On a mis en place un comité de bon voisinage. Et honnêtement, ça se passe bien. On se parle. On est en dialogue avec les voisins», conclut-elle.