Michèle Piuze, qui pratique comme esthéticienne depuis 35 ans et qui fondé trois entreprises au fil des années, fait face à un total de cinq accusations. Les deux premières concernent une cliente, traitée en mai 2019 : avoir agi de manière à donner lieu de croire qu’elle était autorisée à exercer des actes réservés aux membres du Collège des médecins lors d’une consultation et avoir exercé illégalement une activité professionnelle réservée aux membres de l'Ordre, à savoir celle d’utiliser les techniques ou appliquer les traitements, invasifs ou présentant des risques de préjudice, incluant les interventions esthétiques. Les trois autres concernent une enquêtrice du Collège, embauchée pour se rendre à la clinique MP Medic en décembre 2019 afin d'amasser de l'information. Dans le cas de l'enquêtrice, Mme Piuze est accusée d'avoir laissé croire qu'elle était autorisée à exercer des actes réservés aux médecins, d'avoir diagnostiqué une maladie et d'avoir proposé un traitement médical.
La cliente s'était rendue voir Michèle Piuze à la clinique de la rue Maguire le 27 mai 2019 pour faire enlever au laser un tatouage sur son bras.
Elle avait déjà eu un premier traitement qui avait donné des résultats mitigés. Devant l'insatisfaction de la cliente, Michèle Piuze avait proposé d'arrêter les traitements. C'est devant l'insistance de la cliente qu'elle avait fixé un autre rendez-vous.
La jeune femme a expliqué à la juge Sylvie Marcotte de la Cour du Québec s'être sentie mal tout de suite après le traitement au laser. «Mon bras était rouge et enflé et il y avait des cloques d'eau et des cloques de sang», a-t-elle décrit.
Le soir même, elle s'est présentée à l'urgence de l'hôpital Chauveau. Un médecin a diagnostiqué une brûlure au deuxième degré. Les cloques ont été coupées avec un ciseau stérile et la jeune femme est repartie avec un bandage qu'elle devait faire changer au CLSC deux fois par jour. «J'aurais pu avoir une grave infection, a-t-elle dit. J'ai encore des sensations de douleur et une hypersensibilité.»
La cliente dit avoir porté plainte pour éviter à d'autres personnes de souffrir.
Le Collège des médecins a envoyé une enquêtrice en décembre 2019. La dame a enregistré toute la consultation chez MP Medic. Après les formalités d'usage et des détails sur les coûts des traitements, Michèle Piuze explique à la fausse cliente que le traitement de détatouage «fait quand même assez mal».
L'enquêtrice pose ensuite des questions sur des taches pigmentaires ou des grains de beauté sur son visage. Michèle Piuze lui donne certaines indications, comme aller voir un dermatologue et élabore sur les traitements possibles.
L'enquêtrice est repartie avec un rendez-vous, qu'elle a annulé par la suite.
Le procès se poursuit toute la semaine.
En cas de condamnation, l'esthéticienne s'expose à des amendes variant entre 2500 $ et 62 500 $.