Chéri coco: enivrant dépaysement

Chaleureuse et pimpante, la déco du Chéri coco déborde de couleur.

CRITIQUE / Une salle aux couleurs vibrantes, une ambiance à la fois fébrile et décontractée, des mets ouest-africains dont les saveurs nous sortent de nos pantoufles : le Chéri coco pourrait bien devenir l’un de vos nouveaux restos favoris. 


Dès qu’on franchit le seuil du Chéri coco, dans Saint-Roch, on sait que c’est un endroit où il se passe quelque chose. Dans le sens qu’il y a de l’électricité dans l’air, une bonne vibe. On s’y sent bien et l’envie de faire la fête se pointe sans effort.

Ouvert en octobre dernier dans les conditions que vous savez, l’établissement se spécialise dans la cuisine de l’Afrique de l’Ouest — «Chéri coco» est d’ailleurs une formule de salutation là-bas, de même qu’un surnom affectueux. Aux commandes des fourneaux : Lydia Quenum, une Béninoise qui a aussi habité au Togo. Elle est copropriétaire avec sa fille Emmanuelle Sena et les deux sœurs qui possèdent le resto Le Voisin, Coralie et Mélina Paradis.

Qu’y mange-t-on? Plein de choses que la plupart d’entre nous ne connait pas, moi y compris. Des mijotés (mafé, yassa), du thiep (riz aux tomates), de l’attiéké (couscous de manioc), ainsi que des grillades sur charbon de bois, plus communes (sauf la chèvre). En lisant le menu, j’ai une pensée pour l’ancien critique resto Alix Renaud, qui connaissait bien cette cuisine et qui nous a quittés récemment.

Les samosas au bœuf

Je lève mon verre à sa mémoire, en l’occurrence un mojito bissap, original avec son jus d’hibiscus, fruits tropicaux et épices fait maison (c’est ça, le bissap, et c’est diablement bon). David sirote lui aussi un cocktail qui s’éloigne des saveurs habituelles, le coronado (mezcal, eau de coco, Campari, sirop de fruit de la passion). Colorées, nos boissons s’harmonisent à la déco qui tient le drabe à distance, entre autres grâce aux magnifiques murales de l’artiste ivoirien Jean-Marc Ouattara. La musique un brin hypnotique, choisie par l’équipe du Pantoum, achève de provoquer une impression d’enivrement qui n’a rien à voir avec le rhum de mon apéro. Oui, décidément, il se passe quelque chose ici.

En exploration

Je vous avertis : quand vous aurez goûté la sauce tomate maison qui accompagne plusieurs mets, vous voudrez sûrement en acheter quatre litres pour la rapporter chez vous. La faute aux épices secrètes qui entrent dans sa composition, lui apportant un goût légèrement fumé totalement addictif. J’y trempe avec joie les samosas au bœuf que j’ai commandés en entrée. Pâte craquante et feuilletée, farce bonifiée de champignons, chou et cumin : ils sont délicieux. Les pastels au maquereau et persil? Assez réussis, mais je rééquilibrerais leur ratio pâte-farce.

Excités de pouvoir goûter des plats inconnus de nos papilles, nous attaquons l’ayi végétarien et le dibi de chèvre. Le premier est un mijoté composé de cubes de fromage frits (du paneer, un fromage indien qui se rapproche de ce qui est employé en Afrique de l’Ouest) qui sont restés bien croustillants même s’ils baignent dans une sauce aux tomates, niébés (haricots à œil noir), oignons et épices. Est-ce piquant? Zéro. Plutôt tout en subtilité et en profondeur.



Une fort belle découverte que l’ayi végétarien, un mijoté de cubes de fromage frits dans une sauce tomatée subtilement épicée.

Se défaisant aisément à la fourchette, la chèvre révèle son goût avec assurance malgré son séjour sur charbon de bois — goût qui rappelle celui de l’agneau, en plus doux. Mais les oignons qui la recouvrent, qui devaient être caramélisés, n’ont pas eu le temps de dorer, on dirait. Les bananes plantains frites, elles, sont renversantes : leur cœur a presque la texture de la crème glacée, et le contraste avec leur extérieur croustillant est un pur bonheur. Plutôt que du riz, nous avons pris des ablos en accompagnement. Nous découvrons avec le sourire ces petits pains vapeur faits de farine de maïs et de farine de riz, délicats comme tout, qui rebondissent sous le doigt avant de presque fondre sur la langue.

Intriguée par les nombreux verres en faux bois sculpté commandés par d’autres clients, j’en demande un à mon tour… et m’en félicite. Ce dark & stormy est lui aussi «pimpé» d’une préparation maison : du jus de gingembre. Avec du rhum brun, de la lime et du soda, la fête continue! On la termine en mode sucré, avec des beignets africains au sucre et à la cannelle (un peu plus élastiques et denses que ce à quoi nous sommes habitués), ainsi qu’une portion de dégué qui me ravit, moi qui adore l’eau de fleur d’oranger. Elle est bien présente dans ce mélange de yogourt, lait condensé sucré, raisins secs, couscous de mil et muscade.

«On va revenir, hein?» me demande David en sortant. Plus tôt que tard.

Les ablos sont de petits pains de farine de maïs et de farine de riz cuits à la vapeur.

AU MENU

Restaurant Chéri coco
135, rue Saint-Joseph Est
418 914-0954
chericocoresto.com

Ouvert le soir du mercredi au samedi

Bouteille de vin de 32$ à 78$
Entrées de 6$ à 8$, plats de 15$ à 28$
Coût de l’addition pour deux avant taxes, pourboire et alcool : 78$ (pour deux entrées, deux plats et deux desserts)

Bravo : pour tout! La déco, l’ambiance, la bouffe, la musique, les cocktails, le service… L’expérience dans son ensemble, en somme.
Bof : quelques fautes se sont égarées dans le menu (vous voyez comme je dois me creuser la tête pour trouver un point négatif).