Marie Bégin vient d’une famille où du violon, on en mange! Ses parents jouent tous les deux au sein de la section de seconds violons de l’Orchestre symphonique de Québec et son frère Dominique étudie présentement cet instrument au niveau universitaire. 

Après s’être perfectionnée en Europe, notamment auprès du légendaire Zakhar Bron, la violoniste est devenue, à 26 ans, violon solo de l’Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean et premier violon du Quatuor Saguenay (ancien Quatuor Alcan).

Le pianiste Samuel Blanchette-Gagnon s’est quant à lui distingué en remportant le prestigieux Prix d’Europe en 2019. Il a récemment été choisi — comme sa partenaire musicale — par CBC/Radio-Canada pour leur liste de 30 jeunes musiciens à surveiller au Canada. Le jeune homme travaille depuis plusieurs années à Québec avec le pianiste Michel Franck,

Les deux musiciens, qui ont étudié en même temps au Conservatoire de musique de Québec, se connaissent depuis longtemps. 

«On a commencé à jouer ensemble quand Marie préparait un concours européen. On a monté le programme en quelques jours et on l’a présenté pour un petit concert pour les jeunes lors d’un camp d’été», se souvient le pianiste en entrevue par visioconférence.

La Sonate pour violon et piano de Debussy, incluse dans leur disque, faisait partie de ce premier concert. Puis est venue la Sonate pour violon et piano de Franck. Il ne restait qu’une vingtaine de minutes de musique à trouver pour avoir un programme complet.

Un CD «concept»

«On ne voulait pas juste faire un disque français, ce qui est un peu la mode ces temps-ci, raconte Samuel Blanchette-Gagnon. On voulait quelque chose qui est apparenté par le style et l’écriture, mais qui n’est pas français. On avait entendu parler des Mythes de Szymanowski, un genre de mélange entre l’impressionnisme et la musique de Scriabine.»

«On voulait une esthétique particulière pour notre projet, même avec la photo dans la forêt sur la couverture. Les Mythes s’intégraient vraiment dans cette esthétique du rêve, des légendes», renchérit sa collègue.

«On a essayé d’avoir quelque chose qui se fait peut-être moins maintenant, un CD avec lequel c’est le fun de partir à la première piste et que c’est une expérience de l’écouter au complet dans l’ordre. 

«Maintenant, on va sur Apple Musique et on clique sur le morceau qu’on veut… Là, on voulait que ce soit un tout, que ce soit une progression, un chemin» précise le pianiste.

Un prix remporté par Marie Bégin il y a quelques années au Festival-concours de musique classique Pierre-De Saurel a permis au duo d’enregistrer son album à l’automne 2019 à la salle de concert du Domaine Forget, réputée mondialement pour son acoustique.

Il est évidemment intimidant pour de jeunes musiciens de graver ces fleurons du répertoire pour violon et piano. Ils ont eu la chance d’approfondir la Sonate de Debussy en Europe avec le violoniste Pierre Amoyal, qui l’a lui-même travaillée avec Gérard Poulet, dont le père a été créateur de l’œuvre aux côtés de… Debussy!

«Debussy, c’est tellement émotionnel, à fleur de peau, mais il est écrit tellement de choses sur la partition! On a essayé d’avoir une conception basée sur le texte, mais en même temps très personnel et libre», résume la violoniste.

Le défi est un peu différent pour la Sonate de Franck. «Il y a tellement de monde qui l’ont faite avant. Tout le monde la joue!» dit Marie Bégin en riant. «C’est facile de trouver un extrême et son contraire, ajoute son partenaire. On s’est dit : laissons ça de côté, travaillons-la comme on veut. On assumera ce que ça donne.»

Pour se rapprocher de l’expérience du concert, les deux musiciens ont en outre ajouté deux courtes transcriptions de mélodies françaises en fin de programme, «deux bonbons», selon Samuel Blanchette-Gagnon : Après un rêve de Fauré et Beau soir de Debussy.

Au menu des prochains mois pour les jeunes artistes : des concerts à Montréal et au Saguenay, l’organisation d’une série de concerts à Québec, dénicher un agent, et un éventuel second disque. Bref, ils ne chômeront pas!