Christine Labrie nouvelle leader parlementaire de Québec solidaire

Christine Labrie sera la nouvelle leader parlementaire de Québec solidaire, en vue de la prochaine session à l’Assemblée nationale du Québec, cet automne.

«J’ai trois enfants. Des chicanes de p’tits gars, j’en ai géré souvent. Ça ne me fait pas peur!»


Christine Labrie sera la nouvelle leader parlementaire de Québec solidaire (QS), en vue de la prochaine session à l’Assemblée nationale du Québec, cet automne. La députée de Sherbrooke succède à Gabriel Nadeau-Dubois, promu chef parlementaire de QS à la place de sa co-porte-parole du parti, Manon Massé, qui revient à son rôle de terrain.

Âgée de 33 ans, historienne et mère de deux garçons et une fille, Mme Labrie devient la principale stratège solidaire en matière de procédures parlementaires. À ce titre, qu’elle portera officiellement à compter du 1er août, Mme Labrie négociera entre autres les modalités de rentrée d’après pandémie au Salon bleu, prévue le 14 septembre.

Sans s’attendre à la présence immédiate des 125 députés en chambre, elle tient au retour de tous les ministres du gouvernement Legault lors de chaque période de questions quotidienne, ce qui n’est plus le cas depuis 15 mois.

Sujet qu’elle abordera avec ses homologues des trois autres partis représentés au parlement de Québec, soit Simon Jolin-Barrette pour le gouvernement de la Coalition avenir Québec, au premier chef, mais aussi le libéral André Fortin et le péquiste Martin Ouellet. Trois gars.

«Gabriel m’a donné ses petits trucs pour interagir avec Simon et les autres collègues. J’en ai pris bonne note», a-t-elle laissé tomber, sourire en coin, en entrevue avec Le Soleil.

«J’ai travaillé avec Simon Jolin-Barrette sur le projet de loi 84 [Loi visant à aider les personnes victimes d’infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement, sanctionnée le 13 mai dernier]. Ça s’est très bien passé. On travaillait de manière intelligente ensemble. J’ai appris à mieux le connaître et je n’ai pas de doute que ça va bien se passer», prédit Mme Labrie.

Les citoyens «dégoûtés»

La joute parlementaire que président les leaders s’avère une cause du désintérêt de plusieurs citoyens par rapport à la politique.

«Les citoyens qui assistent à la période des questions, en général, sortent de là désabusés, plus cyniques que jamais. Ça leur coupe l’intérêt de la politique. Et moi, je veux justement leur ramener cet intérêt de la politique», explique la nouvelle leader parlementaire solidaire, parlant de «combats de coqs».

«Souvent, il y a des débats stériles. Il y a des interactions ici qui renforcent le cynisme et moi, ça me dérange beaucoup. Moi-même, quand je les entends, quand je les vois, ça me dérange comme citoyenne. Je sais que quand les gens voient ça, ils sont dégoûtés de voir que leurs élus évitent de répondre à des questions de cette manière, détournent des faits, cherchent un coupable au lieu de prendre le blâme. Ça dérange les gens et ça me dérange personnellement, alors c’est sûr que je vais y porter une attention particulière et vraiment travailler de façon constructive.»

La part théâtrale, très peu pour elle. «Gabriel le faisait quand c’était nécessaire, je le ferai quand ce sera nécessaire. Mais moi, je ne suis pas venue ici pour faire un show. Jamais», tranche Mme Labrie, insistant sur l’importance de «chercher ce sur quoi on peut s’entendre pour qu’on puisse continuer d’avancer».

Pouvoir faire les deux

Christine Labrie sera la nouvelle leader parlementaire de Québec solidaire, en vue de la prochaine session à l’Assemblée nationale du Québec, cet automne.

En plus de son ardeur au travail et de sa «rigueur exceptionnelle», M. Nadeau-Dubois reconnaît à sa coéquipière Labrie «un excellent jugement».

«Christine est capable de reconnaître où il faut faire des compromis. Elle est aussi capable de reconnaître les situations où il faut tenir son bout et comme leader parlementaire, c’est le travail qu’il faut faire chaque jour. Avoir cette capacité de travailler avec les autres, mais aussi de tracer la ligne à certains moments, de se lever et de dire : ça, ça ne marche pas!» fait valoir de son côté le nouveau chef parlementaire et toujours co-porte-parole de QS.

M. Nadeau-Dubois estime que Mme Labrie et lui se ressemblent beaucoup.

«Elle est capable de faire accoucher des consensus, mais il y a aussi d’autres moments où elle a été beaucoup plus cassante quand c’était nécessaire [comme dans ses critiques à l’endroit du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge]. La capacité de reconnaître les situations est super importante dans le travail de leader.

«Au quotidien, c’est surtout un travail de conciliation avec les autres partis. Mais il arrive une fois de temps en temps que comme leader, il faut mettre son pied à terre, il faut refuser certaines choses et il faut le faire avec beaucoup de fermeté et d’assurance. Et ça, Christine est aussi capable de le faire. Faire les deux dans les bons moments. Elle est capable d’être bagarreuse quand c’est important et consensuelle quand c’est important», résume-t-il.

«En 2021, à l’Assemblée nationale, on n’a pas besoin d’être fendant, on n’a pas besoin d’être arrogant pour se faire respecter», ajoute M. Nadeau-Dubois, convaincu de voir sa collègue «jouer son rôle avec rigueur et fermeté, mais sans flafla».

Pas de «petites gamiques»

Quant à la manière de parlementer avec M. Jolin-Barrette, parfois bouillant en chambre, M. Nadeau-Dubois conseille d’aller droit au but. «Ne pas tenter des subterfuges dans les négociations, pas essayer de faire des petites gamiques. Juste de dire les choses comme elles sont. [...] Quand on est honnête et sincère, quand on respecte notre parole, c’est quelqu’un avec qui c’est possible de bien travailler.»

Déjà porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation, de condition féminine, de famille et de sports et de loisirs, Christine Labrie ne s’attend pas à perdre ses autres dossiers.

Cette promotion lui vaut une augmentation de salaire de 25 % selon la rémunération établie par l’Assemblée nationale, soit de 95 704 $ à 119 630 $ par année. En plus de disposer d’une masse salariale annuelle de 365 000 $ pour son cabinet, somme assortie de 10 400 $ en frais de fonctionnement.