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Depuis toujours, Hubert Desgagnés est sensible au passage du temps. « Mon père Roger était capitaine et armateur. À 95 ans, c’est le dernier de sa génération. Je suis l’ainé de sa tribu », résume Hubert, ex-garde-côte de la marine canadienne, longtemps responsable du centre de sauvetage pour tout le Saint-Laurent.

« Vers la fin des années 70, j’ai réalisé qu’il ne restait plus qu’une quinzaine de goélettes sur tout le Saint-Laurent. À l’été 78, plusieurs d’entres elles ont été vendues et ont migré vers le sud. Tout était en train de disparaitre. Il fallait agir. »

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Protégeons nos goélettes

Aujourd’hui retraité, Hubert Desgagnés agit comme conseiller scientifique auprès du Musée maritime. Son but ? Protéger les dernières goélettes du Saint-Laurent. « Pas facile de préserver des bateaux en bois. Le temps est notre ennemi, le climat aussi. »

Tout comme son petit cousin Hubert, l’historien Michel Desgagnés fait partie du comité des sages pour la pérennité des goélettes. « C’est un pan exceptionnel de notre histoire. Aujourd’hui, tout le savoir-faire des constructeurs et navigateurs de goélettes est
en train de disparaitre. Trop de souvenirs s’effaceraient avec lui », résume Hubert.

À l’exception de la St-André, de la Jean-Yvan, et de la petite Mont Saint-Louis de l’Isle-aux-Coudres, plusieurs goélettes sont aujourd’hui des épaves. Quant à la Marie Clarisse II, elle a une valeur inestimable. « C’est la dernière goélette à voile encore en état de naviguer », précise Hubert.

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Depuis sa création, la collection du Musée maritime de Charlevoix s’enrichit de dons et de legs tels la Marie Clarisse II, la Forêt marine, de nombreuses maquettes, des objets de navigation, des photos de familles, des amarres, des poulies et des -centaines de milliers de dollars offerts généreusement par l’industrie maritime.

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Respect !

La protection des goélettes doit aussi se faire par respect pour les équipages qui y ont parfois risqué leur vie. « À voile, les voyages duraient souvent plus d’un mois. À bord, on était tributaire de toutes les intempéries. Quand on fait des recherches sur l’époque, on tombe souvent sur des tragédies, des disparitions », avoue Hubert.

Côté tragédie, l’incendie de trois goélettes en 1998 est un évènement qui a marqué au fer rouge la mémoire de Michel. « Voir notre patrimoine partir en fumée… c’était une catastrophe », se rappelle celui dont les premiers souvenirs d’enfance liés au chantier maritime remontent à ses trois ans. « Je me rappelle avoir vu mon père partir dans le bois en snow mobile pour aller bucher les arbres nécessaires à la construction de la Mont Ste-Marie. C’était à l’hiver 1950. » Elle fut la seule goélette à être fabriquée au chantier.

Construite en 1958, la Jean-Yvan a trouvé refuge au Musée. « Une goélette, c’est fait pour vivre 30 ans. Elle en a plus de 60. Le projet d’abriter cette goélette d’origine, défendu auprès du ministère de la Culture, nous permettrait de faire école et de la refaire tranquillement, morceau par morceau, pendant qu’on possède encore le savoir-faire nécessaire », souhaite Michel Desgagnés.

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Énergie propre et défis de demain

Face aux défis de l’environnement, les goélettes peuvent-elles encore inspirer ? Certains groupes écolos espèrent ramener la navigation à voile au niveau commercial. D’autres rêves de gaz naturel ou d’électrification du transport maritime. Encore aujourd’hui, les goélettes de bois inspirent les architectes navals. Elles représentent une idée porteuse pour la marine du 21^e siècle. Le solaire et le vent, c’est de l’énergie propre à l’état pur.

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INFO

museemaritime.com

Gratuit le premier dimanche de chaque mois, de juin à octobre.

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