Il est en effet à parier que la région paiera indirectement une grande partie des coûts du tunnel. Assurément, d’autres projets régionaux seront retardés, réduits ou carrément refusés par le gouvernement provincial ou fédéral sous prétexte que la région a déjà eu sa part. Lorsque vous recevez un gros morceau de gâteau, il est souvent plus difficile d’en obtenir une deuxième tranche.
Les résidents de la grande région de Québec doivent donc se demander s’ils sont prêts à subir le coût de renonciation qu’implique le tunnel. Pour aider à la réflexion, il est utile de présenter les coûts du projet sur une base plus individuelle en comparant différents mécanismes de financement hypothétiques. Il s’agit d’une analyse sommaire, mais qui vise à donner des ordres de grandeur. Si on imposait un péage pour financer le tunnel ou encore pour financer les projets évincés par celui-ci, le péage serait de 9,5 $ dans un scénario optimiste et 28 $ dans un scénario plus réaliste. Alternativement, il faudrait imposer une surtaxe sur l’essence dans la grande région de Québec de 14 à 28 cents le litre. Ou bien si on augmentait les taxes foncières, chaque logement verrait ses taxes annuelles augmenter de 373 $ à 761 $. Finalement, avec un paiement fixe annuel, toutes les personnes vivant dans la grande région devraient débourser annuellement entre 126. $ à 259 $. Et, dans tous les cas, ces mesures seraient, à toute fin pratique, permanentes.
Ces chiffres illustrent bien l’ampleur du coût du tunnel pour les résidents de la grande région de Québec. Dans plusieurs juridictions, ce projet serait nécessairement soumis à un processus rigoureux d’analyse coût-avantage. A-t-on vraiment le luxe de se passer d’un tel processus?